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Les autorités chinoises sur le qui-vive

Les autorités chinoises sur le qui-vive
Lundi, une présence policière était visible à Pékin et à Shanghai, près des lieux de rassemblements de la veille.

Photo AFP

publié le 28 novembre 2022 à 21h44.

Les rues de Shanghai ou Pékin étaient placées sous haute surveillance policière lundi. Objectif, enrayer le mouvement de colère contre les restrictions sanitaires et en faveur de plus de libertés.

Par son étendue, la mobilisation en Chine évoque les rassemblements pro-démocratie de 1989, durement réprimés. Elle est le point d’orgue d’une grogne populaire qui couve depuis des mois en Chine, l’un des derniers pays au monde à appliquer une stricte politique « zéro covid ».

Dimanche, une foule de manifestants, répondant à des appels sur les réseaux sociaux, était descendue dans la rue notamment à Pékin, Shanghai et Wuhan, prenant les forces de l’ordre au dépourvu. Parmi les slogans scandés à l’unisson : « Pas de tests covid, on a faim ! », « Xi Jinping, démissionne ! PCC (Parti communiste chinois, ndlr), retire-toi ! » ou « Non aux confinements, nous voulons la liberté ».

Voitures de police, patrouilles ostensibles, couplées au réseau de caméras de surveillance, lundi matin, une présence policière était visible à Pékin et à Shanghai, près des lieux de rassemblements de la veille. À Shanghai, une des rues occupées était désormais entourée de palissades pour empêcher tout nouveau rassemblement. Dans la journée, trois personnes ont été arrêtées près de la rue Urumqi où avait eu lieu une manifestation dimanche.

A Pékin, une manifestation prévue lundi en fin de journée a été découragée par la forte présence policière. Des véhicules de police étaient alignés le long de la route menant au pont Sitong.

Sur les réseaux sociaux chinois, toute information concernant ces manifestations semblait avoir été effacée lundi. Sur la plateforme Weibo, sorte de Twitter chinois, les recherches « Rivière Liangma » et « rue Urumqi » ne donnaient aucun résultat lié à la mobilisation.

Un journaliste de la BBC « frappé par la police »

Des heurts avaient opposé dimanche forces de l’ordre et manifestants. Un journaliste de la BBC en Chine, a été arrêté et « frappé par la police » à Shanghaï, selon ce média. La plus grande alliance de médias de service public dans le monde, l'Union européenne de Radio-Télévision (UER), a condamné lundi « avec la plus grande fermeté, les intimidations et les agressions intolérables dont sont victimes les journalistes et les équipes de production des membres de l’UER en Chine ».

Marques de soutien de l’étranger

À l’étranger, ces manifestations ont reçu des marques de soutien. « Nous appelons les autorités à répondre aux manifestations conformément aux lois et normes internationales relatives aux droits humains », a déclaré un porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, Jeremy Laurence.

À Washington, un porte-parole du département d’État, a fait valoir que « cela fait longtemps que nous disons que tout le monde a le droit de manifester pacifiquement, ici aux États-Unis et partout dans le monde ». « Cela inclut la Chine », a-t-il précisé dans un communiqué.

Même tonalité en Allemagne où le président a dit « espérer que les autorités en Chine respecteront le droit à la liberté d’expression et de manifestation ». « Je comprends que les gens expriment leur impatience et leurs griefs dans les rues », estime dans un entretien au média Deutsche Welle Frank-Walter Steinmeier, une autorité morale dans son pays.

Quand la police téléphone aux manifestants

Des manifestants qui avaient protesté dimanche à Pékin contre les restrictions sanitaires et en faveur de plus de libertés, ont été contactés par téléphone par la police qui les a interrogés sur leur présence au rassemblement.
Le policier « a dit mon nom et m’a demandé si j’avais été à la rivière Liangma la nuit dernière… Il m’a demandé précisément combien de personnes s’y trouvaient, à quelle heure j’y étais, comment j’en avais entendu parler », a raconté une manifestante. « La police a souligné le fait que la manifestation d’hier soir était illégale et nous a demandé si nous avions des exigences que nous souhaiterions leur communiquer via les canaux légaux ». Elle a précisé que l’officier de police lui avait enjoint de ne pas assister à de futurs rassemblements. Dans un cas, la police s’est déplacée au domicile de ses camarades car ils refusaient de répondre au téléphone.
À Shanghai, un journaliste témoin de plusieurs arrestations, a constaté que la police avait vérifié de force si le téléphone d’un manifestant possédait des applications de réseaux sociaux étrangers, bloquées en Chine et que certains utilisent pour diffuser des informations sur les manifestations. Sur les réseaux sociaux chinois et applications cryptées, inaccessibles en Chine sans logiciel spécialisé, les manifestants partagent des conseils, notamment juridiques, sur ce qu’il convient de faire en cas d’arrestation ou d’interrogatoire par la police.