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Les Charentais s’enflamment pour les pronostics de la Coupe du monde

Les Charentais s’enflamment pour les pronostics de la Coupe du monde
Les pronostics rythment les journées de l’équipe de Publifix, à Saint-Yrieix.

Photo Julie Desbois

Par Fabien NOUVÈNE - f.nouvene@charentelibre.fr, publié le 2 décembre 2022 à 19h23.

L’appli Mon Petit Prono enregistre un pic de fréquentation inédit depuis le début de la Coupe du monde de football. Des milliers de Charentais se piquent à ce jeu gratuit, simple et sans pression de résultat.

Moment suspendu dans les salons et open space. Mercredi 30 novembre, le match de l’équipe de France vient de se terminer. Un cafouillage arbitral clôt d’abord la rencontre sur un nul, avant de donner la victoire à la Tunisie. Franck Vigne bondit de joie derrière son smartphone. « J’ai misé sur la Tunisie, bonus Coca-Cola, 240 points, je suis passé de 31e à troisième », jubile ce salarié de Naval Group. Depuis, il chambre ses collègues avec qui il parie sur Mon Petit Prono. Le jeu en ligne passionne les Charentais...

Moment suspendu dans les salons et open space. Mercredi 30 novembre, le match de l’équipe de France vient de se terminer. Un cafouillage arbitral clôt d’abord la rencontre sur un nul, avant de donner la victoire à la Tunisie. Franck Vigne bondit de joie derrière son smartphone. « J’ai misé sur la Tunisie, bonus Coca-Cola, 240 points, je suis passé de 31e à troisième », jubile ce salarié de Naval Group. Depuis, il chambre ses collègues avec qui il parie sur Mon Petit Prono. Le jeu en ligne passionne les Charentais avec son triptyque : gratuité, simplicité, amusement.

Mon Petit Prono -MPP pour les initiés- est un dérivé spécial Coupe du monde du jeu Mon Petit Gazon. Il fonctionne comme une plateforme de paris sportifs, avec des cotes, des bonus. Sauf qu’ici, on ne mise rien. Les internautes se contentent de prédire le vainqueur. Chaque bonne réponse délivre des points, qui font grimper les participants dans le classement national et surtout au sein de ligues privées entre collègues ou en famille. « On fait ça pour le jeu, c’est marrant, on se vanne entre nous », explique Clément Mathieu, consultant informatique à Angoulême. Comme la plupart des joueurs, il a monté une ligue avec des copains. « On aime tous jouer, on a envie d’être meilleur que ses amis, son père », résume Martin Jaglin, cofondateur et directeur de l’appli rachetée en octobre par la Ligue de football professionnelle.

On fait ça pour le jeu, on se vanne entre nous.

Le concept de paris sans enjeu séduit les foules. MPP enregistre 1,7 million d’inscrits. Deux fois plus que lors de son lancement, pour la Coupe du monde 2018. Difficile de dégager un chiffre à l’échelle du département. Mais le site revendique 3 400 pronostiqueurs rien qu’à Angoulême.

Le tournoi rythme le quotidien de Publifix, l’imprimerie industrielle de Saint-Yrieix. Douze membres de l’équipe administrative ont monté leur ligue. Le classement est scruté avec humour tant la hiérarchie s’y est inversée. Lucas Charrier, étudiant en alternance, domine les débats. Adrien Lasvacas, le patron, loin derrière. « Il est dernier, se bidonne Élodie Le Flohic, la directrice commerciale. Il nous a dit qu’il n’était pas là aujourd’hui car il est ‘au Qatar pour payer les arbitres’.» Elle apprécie l’ambiance autour de la compétition. « Niveau cohésion c’est top. On parle d’autre chose que de boulot. »

Cohésion d’équipe et de club

Le Chabanais FC a vite envisagé les bénéfices qu’il pouvait tirer d’un tel rendez-vous. Le club a lancé une ligue ouverte à tous. Elle compte 75 participants. Quinze licenciés et des supporters, des proches de joueurs. « Ça nous permet d’inclure les gens extérieurs à l’équipe, qu’ils se sentent concernés », se félicite Maxime Pascaud, le responsable réseaux sociaux du club. Une communauté qu’il appâte avec des lots de 80 €, offerts au premier homme et à la première femme du classement final. « Ça permet de faire travailler un peu nos sponsors aussi. »

Mais la plupart des ligues ne promettent aucun gain. « Celui qui perd paiera une bouteille », lance, détaché, Clément Mathieu. À Naval Group, le premier pourra juste se vanter d’avoir gagné. L’équipe de Publifix n’a même pas encore réfléchi à un trophée. « Au pire on pourra faire nous-même la médaille », propose Élodie Le Flohic.

L’absence de risque lève les barrières au pari. De nombreux joueurs, méfiants vis-à-vis des jeux d’argent, se rattrapent sur MPP. « Les paris sportifs, pas pour moi, je m’enflamme trop vite », reconnaît David Delhaume, 53 ans, entraîneur au club de Montignac. Mais en 2020, en arrêt maladie pour de longs mois, il a meublé ses journées sur Mon Petit Gazon. « J’avais jusqu’à 90 ligues ! Les championnats français, italien, allemand… »

Prime aux débutants

À côté de ces acharnés, le succès de l’appli repose sur sa capacité à attirer les novices. Pas besoin d’être un pro pour performer. « En tête du classement, il y a beaucoup de gens qui ne connaissent rien au foot, c’est rageant », se marre Maxime Pascaud, de Chabanais. C’est bien la carte jouée par MPP. « Avec les cotes, ceux qui parient sur des équipes qui partent perdantes font de gros scores », analyse Léa Keyser, commerciale et 2e du classement chez Publifix. Il suffit d’un ou deux gros coups pour titiller le podium. « Il y a une part de footixerie (supporter du dimanche Ndlr.) assumée chez nous », confirme Martin Jaglin. À l’image du logo de MPP : une chèvre « L’animal le plus antisportif », rigole le directeur. Le symbole est devenu synonyme de meilleur joueur du monde. Goat, la traduction anglaise de chèvre, est l’acronyme de « Greatest of all time » (le meilleur de l’histoire).

Dans l’open space de Publifix, les salariés se préparent au huitième de finale France-Pologne, ce dimanche. « J’ai mis 5-1 sur la France », engage Élodie Le Flohic. Un de ses collègues l’attaque de volée : « Mais non ! La Pologne ils en prendront pas autant. » Tacle glissé d’Élodie : « L’autre il est avant-dernier et il parle. » L’esprit de l’appli résumé en une vanne.