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Les chômeurs de plus en plus stigmatisés dans l’opinion publique

Étude. Après les nombreux coups de boutoir gouvernementaux contre les privés d’emploi, une majorité de Français les estiment responsables de leur situation, selon l’Unédic.

C’est un bilan qui laisse perplexe. Pour une nouvelle année consécutive, les Français portent un regard critique sur les demandeurs d’emploi. Celui-ci « se durcit », révèle la quatrième édition du baromètre sur la perception du chômage et de l’emploi Elabe pour l’Unédic, parue ce mercredi 7 décembre.

Si le chômage est principalement vu comme un événement causé par les ­évolutions de la société (59 %, - 6 pts), un Français sur deux estime néanmoins que les privés d’emploi sont eux-mêmes responsables de leur situation. Dans le détail, de nombreux stéréotypes sont mis en exergue : « Les gens ne veulent pas travailler » (33 %) ; « le trop faible contrôle des chômeurs fraudeurs » (25 %) ; ou ­encore « le montant des allocations versées aux chômeurs » (24 %). La responsabilité des demandeurs d’emploi dépasse même celle des entreprises pour 45 % des sondés.

« Le fruit du discours répété par le patronat et le gouvernement »

Selon Denis Gravouil, responsable emploi-chômage à la CGT, « c’est le fruit du discours répété par le patronat et le gouvernement », qui après avoir augmenté le nombre de mois nécessaires pour bénéficier de droits au chômage en 2021, prévoit de réduire d’un quart les durées d’indemnisation pour tout nouvel inscrit à Pôle emploi, à compter du 1er février.

Et le syndicaliste d’ajouter : « À force de faire croire que les chômeurs ne veulent pas travailler, il y a un niveau d’acceptabilité des réformes du chômage qui augmente alors qu’on n’a jamais vécu une réforme aussi violente que celle annoncée en novembre. »

Un durcissement après la crise du Covid

Ce durcissement sur le regard des privés d’emploi a commencé à se former en 2021, après la crise du Covid, analyse de son côté Laurence Bedeau, associée au cabinet Elabe. « La peur sur l’emploi a commencé à s’atténuer après le Covid car la catastrophe de destruction de l’emploi à laquelle chacun s’attendait n’a pas eu lieu – dans les proportions redoutées – et que les chiffres du chômage ont commencé à baisser. C’est à ce moment que le regard sur les demandeurs d’emploi s’est durci. »

Bien que le chômage soit perçu comme quelque chose de moins stigmatisant (95 % des personnes sondées estiment que chacun peut se trouver dans une période de chômage au cours de sa carrière), la même étude montre également que les soupçons à l’égard des demandeurs d’emploi persistent : près d’un Français sur deux (49 %) pense que « la plupart des chômeurs ne cherchent pas vraiment à retrouver un emploi ». Un fossé existe pourtant entre la représentation que se font d’eux les demandeurs d’emploi et les non-­demandeurs. Ils sont 83 % à se voir comme des personnes persévérantes, ­dynamiques.