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« Les enfants pianistes chinois et leur rêve de carrière », sur Arte.tv : les virtuoses en herbe servent d’instrument au régime

Gary Lennon nous emmène chez les jeunes prodiges qui sacrifient leur jeunesse pour accomplir le rêve de leurs parents, sous l’œil attentif du gouvernement.

ARTE.TV – À LA DEMANDE – DOCUMENTAIRE

Technique, élégance et son, ce sont les trois mots-clés de l’apprentissage du piano en Chine. Là-bas, rien n’est laissé au hasard, et absolument tout sera déterminant le jour du concours, jusqu’à la force avec laquelle ils tapent sur les touches.

Dans Les enfants pianistes chinois et leur rêve de carrière, Gary Lennon, scénariste, réalisateur et producteur irlandais (notamment de la série Euphoria sur HBO), nous explique que ce rêve en particulier est l’un des plus inaccessibles du pays, puisqu’il représente la réussite absolue en Chine, créant cette compétition sans pitié dans tous les conservatoires chinois, où 40 millions d’enfants apprennent à jouer du piano.

Ici, trois enfants prodiges sont mis en avant, dans leur environnement personnel, tantôt gratifiant, tantôt angoissant. Zidi, 9 ans, travaille le piano tous les jours. Son maître, Chen Panpan, va jusqu’à lui restreindre son envie d’uriner : « Tu es ici pour faire du piano, pas pour aller aux toilettes ! » – un rappel à l’ordre qui paraît normal à celui qu’on surnomme « le petit prince du piano » à Wenzhou, ayant déjà perdu son insouciance.

Yingying, elle, a 12 ans. Pour lui permettre de vivre de sa passion, ses parents ont mis leur vie sur pause : son père Xi Weida s’est tourné vers une autre carrière, mieux rémunérée, mais loin du cocon familial, bien qu’il ait des problèmes de santé. Quant à Yu’ang, 19 ans, ses parents se sont séparés à force de se disputer au sujet de la formation de piano de leur fils. Silencieux, il sait qu’il est arrivé à ce niveau grâce à sa mère.

« Répéter, manger et dormir »

Ces enfants sont vite confrontés à la dureté de ce monde, seuls, devant ce piano qui grandit au fur et à mesure qu’ils s’en approchent. « Je ne fais rien d’autre que répéter, manger et dormir », soupire Yingying. Son père résume la mentalité des parents du pays : « Aujourd’hui, en Chine, on attend de chaque enfant qu’il excelle en quelque chose dès la primaire. Cela doit être difficile à entendre pour des Occidentaux. On veut que nos garçons soient des dragons et nos filles des phœnix. »

Le public ne parle pas, n’encourage pas, et n’est parfois tout simplement pas là. Les yeux des jurés, toujours affûtés, sont rivés sur les petits « dragons » et « phénix », détenant le pouvoir de leur offrir tout ce dont ils rêvent – ou dont rêvent leurs parents.

Le résultat des concours se fait lourdement attendre : « Je n’aurai pas de deuxième chance », explique Yingying. Chez la jeune fille et sa mère, il en devient impossible de manger pendant plusieurs jours, l’attente est insoutenable. Lorsque son fils est admis à un conservatoire américain, la mère de Yu’ang essuie quelques larmes : « Notre dur labeur, le sien comme le mien, a porté ses fruits. Ma famille m’a demandé à plusieurs reprises pourquoi je m’infligeais tout cela, mais ça en valait la peine. Il m’arrive de me remercier moi-même d’avoir consenti tous ces sacrifices. » Le chemin a été difficile, son fils lui sourit avec les yeux.

Pékin poursuit pas à pas sa volonté de faire de sa jeunesse un instrument du soft power du pays : on remarque une surreprésentation des pianistes russes et chinois lors des concours internationaux. La Chine travaille aussi à la représentation du pays dans d’autres domaines occidentaux majeurs. Elle a programmé la création de 10 000 écoles maternelles consacrées au football dans tout le pays. Après avoir intimé la mission aux enseignants de « planter dans les cœurs de la jeunesse les graines de l’amour du Parti, du pays et du socialisme », Xi Jinping entend former des champions dans tous les domaines.

Les enfants pianistes chinois et leur rêve de carrière, documentaire de Gary Lennon (Irl., 2022, 53 min). Sur Arte.tv jusqu’au 16 juin.

Clara Rosello

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