Les Etats-Unis abattent le ballon « espion » chinois, la Chine « se réserve le droit de répondre »

Le ballon espion chinois qui survolait les Etats-Unis a été abattu, samedi 4 février, par un missile tiré par un avion de chasse au dessus de l’océan Atlantique. L’engin avait été repéré dans la matinée au-dessus de la Caroline du Nord. Des images télévisées ont montré une petite explosion puis la chute du ballon. L’armée américaine espère récupérer le maximum de débris avant qu’ils ne sombrent dans l’océan. « Ils ont réussi à l’abattre et je tiens à féliciter nos aviateurs », a déclaré Joe Biden.

Quelques instants auparavant, alors qu’il venait d’atterrir à bord d’Air Force One à Syracuse, dans l’Etat de New York, où il doit passer quelques heures, le président américian avait assuré : « Nous allons nous en occuper », sans plus de précision. Après ces quelques mots, il est immédiatement monté dans une voiture.

Depuis mardi, le président Biden était prêt à faire abattre l’engin, mais les responsables du Pentagone l’ont déconseillé, estimant que le risque représenté par la chute des débris sur des Américains l’emportait sur l’exploitation potentielle des renseignements recueillis par les Chinois. Mercredi, le président a donné l’ordre de l’abattre une fois que le ballon serait au-dessus de l’océan.

Dans un communiqué, Lloyd Austin, le secrétaire à la défense, a précisé que le ballon avait été abattu dans l’espace aérien américain. Il a souligné que l’opération avait été menée en réponse à une « violation inacceptable » de la « souveraineté » américaine. Le ballon « était utilisé par la République populaire de Chine dans une tentative de surveiller des sites stratégiques » aux Etats-Unis, a-t-il ajouté. Des officiels américains ont déclaré les Etats-Unis avaient recueilli des renseignements sur le ballon chinois alors qu’il survolait les Etats-Unis.

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Peu avant, le trafic aérien avait été suspendu brièvement dans trois aéroports américains. Les garde-côtes ont de leur côté conseillé aux navigateurs de quitter immédiatement la zone en raison des opérations militaires américaines « qui présentent un danger important ».

Décollage d’avions de chasse

Sur les réseaux sociaux, des internautes ont publié des photos et des vidéos des traînées de condensation laissées par des chasseurs F-22 de l’armée de l’air et suivi le parcours des avions de ravitaillement en vol.

Certains d’entre eux ont déclaré qu’ils allaient l’abattre eux-mêmes, obligeant le bureau du shérif du comté de York (Caroline du Sud), à publier cet avertissement sur Twitter : « Ce n’est pas la Lune. N’essayez pas de l’abattre ! Vos balles ne l’atteindront pas. Soyez responsables. Ce qui monte redescendra, y compris vos balles. »

De son côté, la marine américaine a dépêché un navire spécialisé au large de la Caroline du Nord, pour tenter de récupérer des débris de l’engin. Ceux-ci se trouvent dans des eaux peu profondes, « cela va rendre les choses assez faciles », a déclaré un haut responsable militaire.

USS Carter Hall a U.S Navy Dock Landing Ship appears to be moving into position of the Coast of the Carolinas most… https://t.co/F1ubU5HtWT

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Pékin a reconnu vendredi qu’il s’agissait bien d’un appareil venu de Chine, mais assuré que c’était un « aéronef civil, utilisé à des fins de recherches, principalement météorologiques ». L’engin aurait « dévié de sa trajectoire », a ajouté un porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, qui a d’abord exprimé les « regrets » de son pays pour cette violation « involontaire » de l’espace aérien américain.

Le ministère chinois a ensuite exprimé son « fort mécontentement », après la destruction de son ballon dimanche. Selon Pékin, des responsables à Washington auraient déclaré que le ballon ne représentait aucune menace militaire. « Dans ces circonstances, pour les Etats-Unis, insister sur l’utilisation de la force armée est une réaction excessive qui viole gravement les pratiques internationales », indiquait le ministère. « La Chine défendra résolument les droits et intérêts légitimes de l’entreprise impliquée, et elle se réserve le droit de répondre davantage », ajoutait-il.

Le ballon a notamment volé au-dessus de l’Etat du Montana, qui abrite des silos de missiles nucléaires, avant de se déplacer vers l’est. Il avait été jusqu’ici décidé de ne pas l’abattre, en raison des risques posés par d’éventuels débris pour les personnes au sol, avait expliqué un haut responsable du Pentagone.

Ballon au-dessus de l’Amérique latine

« Je salue le leadership du président Biden pour avoir abattu le ballon chinois au-dessus de l’eau afin d’assurer la sécurité de tous les Américains », a tweeté samedi le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer. « Maintenant nous pouvons collecter les équipements et analyser la technologie utilisée » par la Chine, a-t-il ajouté.

Des « ballons de surveillance chinois ont transité brièvement au-dessus des Etats-Unis au moins trois fois durant l’administration précédente, et une fois au début de cette administration de ce que nous savons, mais jamais aussi longtemps », a également précisé samedi un haut responsable américain.

Un deuxième ballon a été aperçu au-dessus de l’Amérique latine, vendredi, a annoncé le Pentagone. Les autorités américaines n’ont pas précisé la localisation exacte de ce nouvel objet. « Nous estimons à présent qu’il s’agit d’un autre ballon de surveillance chinois », a déclaré l’officier Patrick Ryder, attaché de presse du Pentagone, dans les colonnes du Washington Post, déclinant par ailleurs de communiquer davantage d’informations sur le sujet.

Les responsables américains affirment qu’il existe probablement un troisième ballon de ce type qui effectue une mission surveillance dans une autre partie du monde.

Le Monde avec AP et AFP