France
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«Les Femmes du bout du monde», de Mélissa Da Costa : Flore fait du camping

Dans la catégorie des autrices poids lourds du feel-good book, à chacune son credo. Raphaëlle Giordano, pop-corn et papillons, c’est celle «qui vous inspire» (et «votre cœur fait pop», dit l’affiche dans le métro). Virginie Grimaldi, c’est celle qui fait des blagues et vous donne un petit coup de fouet (Il est grand temps de rallumer les étoiles). Aurélie Valognes, c’est celle qui croque la famille avec ses expressions désuètes (En voiture Simone !, Mémé dans les orties…). Quant à Mélissa Da Costa, 32 ans, communicante reconvertie dans le best-seller, cinq livres derrière elle, c’est la baroudeuse (on voyage) et la championne de la résilience (on avance, on pardonne). C’est aussi celle qui coiffait toutes les autres au poteau en 2022, se plaçant à la troisième marche des plus gros vendeurs France (derrière Guillaume Musso et Joël Dicker) avec 844 547 exemplaires écoulés selon l’institut GfK (ce qui fait actuellement d’elle l’autrice la plus achetée de l’Hexagone). Ça continue en 2023, avec deux titres dans le top des poches – les Douleurs fantômes (premier) et Tout le bleu du ciel (septième) – et une nouveauté dans celui des grands formats, les Femmes du bout du monde, lequel nous entraîne loin, très loin, une fois passée la couverture chargée (coucher de soleil + étoiles dans le ciel + typo dorée).

C’est où, le bout du monde ?

En partant de France, c’est à la pointe sud de la Nouvelle-Zélande, là où échoue Flore, Parisienne lessivée de 27 ans, auprès des otaries et des phoques. La jeune femme laisse derrière elle un mariage foireux et a grand besoin de se reconstruire. Elle est accueillie par Autumn et sa fille Millie, gérantes du camping Mutunga o te ao, «qui signifie en maori “bout du monde”». Une fois qu’on y est, on y reste, car tout est là : le boulot pour se vider la tête, la mer pour se baigner, les veillées sur la plage pour écouter des légendes (maories), et surtout de nouvelles personnes à aimer.

Qui a un grain de beauté ?

Il faudra trouver la force d’excuser cette phrase aux allures de cadavre exquis page 11 : «Sa mâchoire carrée lui donne un aspect robuste toutefois contrebalancé par ce grain de beauté sur la joue, à l’arrête de sa narine gauche, qui vient révéler une certaine féminité latente.» L’excuser d’autant plus qu’après on suit agréablement l’amitié naissante entre Flore la fugitive et Millie la locale, entre quotidien sur place (réussi) et flash-back parisiens (un peu moins réussis). Page 189, les deux copines s’entendent franchement de mieux en mieux : «Quand Flore glisse une pâquerette dans ses cheveux, Milly se sent comme le premier homme sur terre découvrant la première femme.» Page 217, Milly lâche une bombe (attention petit spoiler) : «Je pourrais t’aimer comme un homme.» Et la réponse de Flore (attention grosse punchline) : «Surtout pas. Je préfère que tu m’aimes comme une femme !» Eh oui, tout le monde se réchauffe. Même la taciturne Autumn vit un printemps tardif avec un voisin. On n’a plus peur de rien, pas même d’une scène de nage avec des dauphins.

Qu’est-ce qui «se passe de mots» ?

«L’essentiel.»

Mélissa Da Costa, Les Femmes du bout du monde. Albin Michel, 384 pp., 21,90 € (ebook : 14,99 €).