France
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Les Français très largement favorables à l’inscription de l’IVG dans la Constitution

C’est un oui massif. Selon un sondage publié ce mardi par l’Ifop, près de neuf Français sur dix (86 %) sont favorables à l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution française. L’opinion publique semble ainsi massivement soutenir la proposition de loi de La France insoumise, adoptée jeudi à l’Assemblée nationale, et qui prévoit de graver dans le marbre la phrase suivante : «La loi garantit l’effectivité et l’égal accès au droit à l’interruption volontaire de grossesse.» Selon l’Ifop, la proportion de Français favorables à cette initiative est en hausse de cinq points depuis juin, quand la Cour suprême américaine a abrogé l’arrêt Roe v. Wade, qui protégeait le droit à l’avortement au niveau fédéral.

Après le séisme provoqué par cette décision, l’institut de sondage a aussi pris le pouls des Français et des Américains quant au droit à l’avortement : ainsi, si 81 % des Français soutiennent le droit d’avorter librement, ils ne sont que 50 % aux Etats-Unis. Même si cela semble peu, l’Ifop souligne toutefois que «la vision libérale de l’avortement a gagné des partisans dans l’opinion publique américaine» : il y a deux ans à peine, en 2020, seuls 40 % d’entre eux s’y disaient favorables. Le nombre d’Américains estimant qu’une femme ne doit «en aucun cas avoir le droit d’avorter» a aussi diminué de trois points ces deux dernières années, passant de 9 à 6 % des sondés. En France, quarante-huit ans jour pour jour après le vote de la loi Veil autorisant l’IVG à l’Assemblée nationale, il se trouve tout de même encore 1 % des sondés qui s’opposent au droit des femmes à avorter, quel que soit le contexte. Et 4 % ne s’y disent favorables que si la grossesse met la vie de la femme en danger.

Ces différences s’expliquent en grande partie par une «société américaine plus conservatrice sur les enjeux liés au genre et à la sexualité que les Français», à en croire l’Ifop. Les sondés américains sont presque trois fois plus nombreux à se déclarer conservateurs (30 %) que les Français (13 %). En témoignent encore des opinions très éloignées sur des sujets de société de part et d’autre de l’Atlantique : les Américains interrogés se montrent par exemple plus prompts à condamner moralement les aventures adultères hors mariage (84 % contre 63 % des Français), le divorce (plus d’un quart des Américains contre 8 % de Français) ou encore l’homosexualité (39 contre 19 %). Et même si ça n’est que du déclaratif, les Français semblent également plus prompts à se déclarer féministes : 67 % des sondés en moyenne (76 % chez les femmes), contre 52 % côté américain (63 % de femmes).

Tandis qu’un premier pas a été franchi jeudi avec l’adoption de la proposition de loi insoumise prévoyant de constitutionnaliser l’IVG, le chemin parlementaire à parcourir demeure long et tortueux : le Sénat, majoritairement à droite et qui y est a priori opposé, doit encore adopter le texte dans les mêmes termes, et un référendum doit être organisé sur cette question. Seule possibilité de s’épargner cette dernière étape, qui pourrait réveiller les anti-avortement ou les discours anti-choix : que le gouvernement présente un projet de loi constitutionnelle. Questionné vendredi sur ce point lors d’un déplacement à Dijon (Côte-d’Or), Emmanuel Macron a botté en touche, en appelant à «respecter le chemin parlementaire».

(1) Etude Ifop pour Partir à New York réalisée en ligne du 25 octobre au 21 novembre auprès d’un échantillon de 1 550 Américains, représentatif de la population américaine âgée de 18 ans et plus, et d’un échantillon de 1 506 Français, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.