France
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Les jeunes et Macron, un contact perdu

Emmanuel Macron, ou son rendez-vous raté avec les jeunes… Peu présents dans les premiers cortèges organisés par l’intersyndicale pour combattre la réforme des retraites, étudiants et lycéens étaient hier, comme jeudi dernier, plus nombreux à défiler. Les premiers à s’être mobilisés disaient souvent être là en solidarité avec leurs parents, qu’ils ne voyaient pas travailler deux ans de plus. Mais depuis une semaine, deux autres arguments reviennent sans cesse dans la bouche des jeunes manifestants. L’utilisation par le gouvernement du 49.3 a réveillé chez eux ce sentiment d’injustice démocratique, sujet toujours, et c’est heureux, très sensible pour cette génération. Second facteur qui contribue à mobiliser les jeunes : les violences policières. Ce qui s’est passé ce week-end à Sainte-Soline n’a pu que crisper davantage les choses et créer de l’amertume parmi les jeunes manifestants : à cet âge, la participation à un tel mouvement social relève parfois du rituel, en tout cas d’un apprentissage civique et démocratique. Sans qu’ils partagent les actions violentes des militants les plus radicaux, sans qu’ils se retrouvent derrière le slogan bas du casque qui voit derrière chaque uniforme un «salaud», cette jeunesse-là préférera toujours le parti du désordre à celui de l’ordre, celui que cherchent à incarner, à l’excès, Emmanuel Macron et son ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Rien ne permet de dire à l’issue de cette dixième journée de mobilisation que l’irruption de la jeunesse va prendre une telle ampleur qu’elle changera la nature du mouvement. Mais la séquence en cours permet en revanche de mesurer à quel point Emmanuel Macron a perdu le fil avec les jeunes. Le chef de l’Etat aurait pu s’appuyer sur le regain d’engagement qui pointe depuis maintenant quelques années parmi cette génération, évidemment sur la question écologique, mais pas seulement. Il aurait aussi pu, après des années Covid particulièrement douloureuses pour nombre d’entre eux, ériger les jeunes en priorité de son second quinquennat. Il a préféré faire l’inverse et tout miser sur sa réforme des retraites. Il n’y a, au fond, aucune raison de s’en réjouir.