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Les journalistes bénéficient-ils d’une « niche fiscale » qu’a voulu supprimer le Rassemblement national ? Oui

Petit péché mignon des députés : lancer l’alerte sur les réseaux sociaux lorsqu’une loi ou un amendement ne leur convient pas. L’examen du projet de loi de finances 2023 qui se tient en ce moment n’y a pas échappé. Le Rassemblement national a proposé un amendement visant à « supprimer la niche fiscale des journalistes ». Demande rejetée par les différents partis.

Jean-Philippe Tanguy, député de la quatrième circonscription de la Somme, membre du RN s’est empressé de saisir son clavier, et de publier sur Twitter. « La macronie, la NUPES et LR parlent de justice fiscale toute la journée mais en fait… pas touche aux privilèges ! » Et d’ajouter : « Ils ont refusé de supprimer la niche fiscale des journalistes qui leur donne un avantage de 7500€/an sans aucune justification par rapport aux autres salariés. »

La macronie, la NUPES et LR parlent de justice fiscale toute la journée mais en fait… pas touche aux privilèges !

Ils ont refusé de supprimer la niche fiscale des journalistes qui leur donne un avantage de 7500€/an sans aucune justification par rapport aux autres salariés. pic.twitter.com/SuGLysdpaC

— Jean Philippe Tanguy Ⓜ️ (@JphTanguy) October 5, 2022

De nombreux internautes trouvent cet avantage injuste. Certains vont même jusqu’à affirmer que les journalistes pourraient obtenir des frigidaires gratuitement, et autres matériaux. D’autres affirment : « La presse pensera à l’avenir à brosser les partis politiques qui accordent cet avantage à leurs salariés. » Qu’est-ce qu’est vraiment cette « niche fiscale » que le Rassemblement national a voulu supprimer ? 20 Minutes fait le point.

FAKE OFF

Le RN a souhaité supprimer cet avantage au motif : « Au regard de la situation que vivent beaucoup de Français, notamment avec l’augmentation du coût de la vie quotidienne, l’explosion des prix de l’énergie, cet avantage fiscal apparaît comme injuste et injustifié. La « niche fiscale des journalistes » n’a aujourd’hui plus lieu d’être. »

Effectivement, ces derniers bénéficient d’un abattement d’impôt, défini par le code des impôts. L’alinéa 1 précise que les « journalistes, rédacteurs, photographes, directeurs de journaux et critiques dramatiques et musicaux » peuvent déduire 7.650 euros de leurs revenus. Un abattement qui permet souvent de descendre d’une tranche d’imposition. Ces journalistes ne touchent évidemment pas cette somme directement, comme ont pu le comprendre certaines personnes à la suite du tweet du député RN.

Le code des impôts stipule également : « Ces dispositions ne s’appliquent qu’aux journalistes, rédacteurs, photographes, directeurs de journaux et critiques dramatiques et musicaux dont le revenu brut annuel n’excède pas 93.510 euros. »

Cette disposition date de 1999 et a remplacé l’ancien abattement de 30 % sur les revenus journalistiques qui existait depuis les années 1920. « Menacée par les gouvernements, cette disposition fiscale a été modifiée au terme d’une lutte intersyndicale de trois ans, sur la base d’une proposition de la CFDT visant à ce que ce soit d’abord les journalistes aux revenus les plus faibles qui en soient le plus bénéficiaires », note le site de la CFDT.

Pourquoi les journalistes auraient-ils le droit à cet avantage plus que d’autres salariés ? Et bien à l’origine il s’agissait d’une somme correspondant à une « allocation pour frais d’emploi ». Les impôts le justifient car : « Les conditions particulières dans lesquelles ils exercent leur profession ne permettent pas aux journalistes de bénéficier aisément de l’option pour le régime des frais professionnels réels et justifiés ». Pour bénéficier de cet abattement d’impôts il n’est pas nécessaire de justifier de certaines dépenses.

En 2013, le sénateur du Parti radical de gauche, Yvon Collin, avait déjà proposé un amendement visant à réduire cet avantage. Il suggérait de le limiter aux personnes gagnant moins de 4.000 euros net par mois.