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Les passionnante histoire des prêtres ouvriers charentais racontée dans un ouvrage

Les passionnante histoire des prêtres ouvriers charentais racontée dans un ouvrage
Jacques Thibault, ancien secrétaire départemental de la CGT, ici avec Pierre Letocart, ancien prêtre-ouvrier de Charente.

Repro CL

Par Lénaëlle SIMON, publié le 7 décembre 2022 à 20h43, modifié à20h47.

Un film suivi d’un débat, au Megarama, ce vendredi, met en lumière l’action des prêtres ouvriers en Charente à partir des années 50. Un pan souvent oublié de l’histoire.

Jacques Thibault, ancien secrétaire départemental de la CGT entre 1985 et 1997 mais aussi infatigable militant chrétien, a écrit un ouvrage passionnant sur l’histoire des prêtres-ouvriers en Charente, avec l’institut de l’histoire sociale de la Charente qui avait déjà produit le livre « Leroy Somer, l’autre histoire ». Ce travail sera présenté ce vendredi...

Jacques Thibault, ancien secrétaire départemental de la CGT entre 1985 et 1997 mais aussi infatigable militant chrétien, a écrit un ouvrage passionnant sur l’histoire des prêtres-ouvriers en Charente, avec l’institut de l’histoire sociale de la Charente qui avait déjà produit le livre « Leroy Somer, l’autre histoire ». Ce travail sera présenté ce vendredi au Megarama de Garat, à l’occasion d’une projection de film sur ce thème, avec l’association Débadézar. L’occasion de mettre en lumière un pan souvent oublié de l’histoire diocésaine et la vingtaine de ces curés qui ont travaillé comme métallier, électricien, soudeur ou même livreur de livreur de légumes, contribuant à rapprocher l’Église du monde ouvrier. Une réponse à la déchristianisation de la France consécutive à l’industrialisation du 19e.

Pierre Letocart, l’un des trois prêtres ouvriers charentais encore vivants, explique qu’en se mettant « au travail en 1968, il veut signifier que le prêtre veut partager les joies, les tristesses, les espoirs, les angoisses des hommes, des pauvres, de ceux qui connaissent la pénibilité d’un travail qu’ils n’ont pas choisi… peu payé. » Veilleur de nuit dans une station, il sera ensuite maraîcher à Soyaux durant 25 ans. Ces prêtres-ouvriers n’ont pas seulement travaillé, ils ont aussi milité, à la CGT ou à la CFDT! Récit avec Jacques Thibault.

Pourquoi ces prêtres ont-ils choisi d’intégrer le monde de l’entreprise ?

La première génération de prêtres ouvriers remonte aux années 40-45. La seconde aux années 60. C’était une démarche de l’Eglise car elle s’était aperçue du décalage qu’elle avait avec le monde ouvrier. Un des prêtres ouvriers dont il est question dans le livre explique qu’il a toujours entendu ses grands-parents dire que l’Église était du côté des riches, que les prêtres et les ouvriers n’étaient pas du même monde. La parole de l’Eglise apparaît alors inaudible. Il y avait une volonté chez ses prêtres de montrer qu’ils n’étaient pas du côté des puissants. Certains avaient la charge d’une paroisse et continuaient à célébrer des offices.

Ces prêtres se sont-ils accomplis dans leurs missions religieuse et ouvirère ?

Certains oui. René Olivier (curé à Saint-Ausone, la Grande-Garenne à partir de 1693 et chauffeur à la Citram) a expliqué qu’il avait expérimenté une vie sans la foi. Pour d’autres, ça a été plus compliqué, ils ont quitté leur ministère ou se sont mariés. On raconte dans l’ouvrage une anecdote. Bernard Rineau (vicaire de Ruelle) travaillait comme facteur. Un jour, il officiait pour un enterrement. Quelqu’un a dit ‘ils sont fainéants les curés, maintenant c’est le facteur qui fait les enterrements’!

Comment ces prêtres étaient-ils considérés dans le diocèse ?

Il y a eu des incompréhensions. Dans les années 80, un petit livret est sorti sur l’histoire du diocèse. Il n’y avait pas un mot sur les prêtres-ouvriers.

Reste-t-il des prêtres ouvriers en Charente ?

Non. Ils sont tous retraités. Déjà, il y a beaucoup moins de prêtres aujourd’hui et pratiquement plus de d’action catholique ouvrière. Enfin, on a tendance à être davantage sur le culte, la vie spirituelle et moins dans l’action.

Pratique : ce vendredi 9 au Megarama de Garat, diffusion du film “Les prêtres-ouvriers témoins pour un autre sacerdoce”, (26 min) puis débat, en présence de Pierre Letocart, l’un des derniers prêtres-ouvriers charentais, et de Jacques Thibault, sur “En Charente, que s’est-il passé?”. L’ouvrage sera remis à cette occasion puis disponible à l’union départementale de la CGT, rue Chicoutimi.