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Les perfluorés, ces polluants éternels qui polluent toute la planète

Les composés perfluorés (PFAS) sont peu connus du grand public mais on les retrouve à l’état de traces dans l’environnement terrestre, même ceux qui ont été interdits depuis plusieurs années, tant leur stabilité chimique est importante.

Où trouve-t-on les perfluorés relargués dans l’environnement ?

Les scientifiques ne s’attendaient pas à trouver des pollutions aux PFAS si loin au nord. En 2001, une étude constatait pour la première fois des traces d’acide perfluorooctanesulfonique (PFOS) dans des prélèvements biologiques effectués sur plusieurs animaux sauvages vivant dans des régions à proximité du pôle Nord. En Antarctique aussi, les scientifiques constatent la présence de ces polluants éternels dans les résultats d'analyse de leurs carottes de glace de 1958 à 2017 et chez la faune. Les Pôles, bien qu’à l’écart des activités humaines, sont sur les trajets de courants marins et des précipitations.

L’hydrosphère dans son ensemble, autrement dit l’ensemble des milieux comportant de l’eau sur notre planète, révèle la présence des quatre perfluorés les plus surveillés (PFOS, PFOA, PFHxS, and PFNA). Les valeurs enregistrées pour ces perfluorés que l’on qualifie d’"historiques" ou de première génération sont supérieures aux chiffres fixés par les règlementations nord-américaines ou européennes. C’est ce que tirait comme enseignement une étude de l’université de Stockholm publiée en août 2022.

Leur élimination progressive imposée à l’industrie manufacturière n’a pas eu d’impact sur l’environnement pour l’instant.

Les PFAS de substitution, ces perfluorés nouvelle génération à chaînes moléculaires plus courtes, ne se comportent pas différemment dans les écosystèmes. Ils sont présents dans les prélèvements et peuvent se décomposer en molécules toxiques. Ils sont tout autant préoccupants que les PFAS "historiques".

Quelles surveillance et régulation des PFAS ont été mises en place ?

Quatre PFAS "historiques" sont plus particulièrement surveillés sur le plan sanitaire, car "ils contribuent le plus à l’exposition et au risque potentiel pour la santé". La France suit dans ce domaine les recommandations de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). Ces quatre PFAS sont:

  • le PFOS ou acide perfluorooctanesulfonique dont la production et l'utilisation sont restreintes depuis 2009 ;
  • le PFOA ou acide perfluorooctanoïque, interdit à l’import, l’export et à la production, depuis 2020 ;
  • les PFHxS (acide perfluorohexane sulfonique) dont la production et l’utilisation sont en voie d’interdiction ;
  • le PFNA, ou acide perfluorononanoïque.

Un plan de biosurveillance a été mis en place en France en 2022, après les contaminations de l’eau et de l’air par les usines de l’industrie chimique au sud de Lyon révélées par des journalistes au printemps de la même année.

Il n’y a pas encore de réglementation française portant sur les teneurs limites dans l’alimentation. Sur les recommandations de la Commission européenne, un "plan de surveillance exploratoire" a été mis en place en France en 2022 pour différentes espèces de poissons. Les viandes et abats de bovins, d’ovins, de porcins, et de volailles devraient être concernés à partir de 2023.

L’eau potable aura droit à une nouvelle norme d’ici à 2026 qui inclura 20 composés perfluorés à surveiller. En ce qui concerne l’état chimique des eaux souterraines, plusieurs PFAS ont rejoint une liste de 73 nouvelles substances à surveiller.

L’Efsa établit en 2020 une dose hebdomadaire tolérable (DHT), fixée à 4,4 ng/kg de poids corporel, par semaine. Elle s’appuie sur la base d’effets sur le système immunitaire chez les nourrissons, Dans les faits, une bonne partie des populations européennes sont exposées à des valeurs supérieures à cette DHT. L’initiative de surveillance vient des pays du nord de l’Europe.

Dans le cadre du Green Deal Policy, l’Europe se propose d’interdire non pas quelques perfluorés mais de restreindre par grandes familles de produits chimiques, afin de les réduire aux seuls usages essentiels. Elle publie une feuille de route pour les produits qu’elle souhaite prohiber, afin de laisser aux industriels le temps d’anticiper. À noter que des reports de dossier concernant les perfluorés ont déjà eu lieu.

Au niveau mondial, c’est la convention de Stockholm de 2001, un accord international, qui réglemente quelques composés de la famille des PFAS dans une liste d’autres substances qualifiées de polluants organiques persistants ou POPs (Persistent Organic Pollutants).

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