Des centaines de personnes sont descendues dans les rues ce dimanche à Pékin, Shanghai et d’autres villes de Chine pour protester contre les confinements à outrance. Une rare démonstration d’hostilité envers le régime du président Xi Jinping et sa politique de « zéro Covid » draconienne pratiquée depuis près de trois ans.
Entre 200 et 300 étudiants de la prestigieuse Université Tsinghua, à Pékin, ont manifesté ce dimanche sur leur campus, selon un témoin interrogé et des images publiées sur les réseaux sociaux.
Il a rapporté que vers 11 h 30 (4 h 30 heure française), une étudiante a commencé par brandir une feuille de papier blanc et a été rejointe par d’autres femmes.?
« On a chanté l’hymne national et l’Internationale, et scandé : “La liberté triomphera”, “Pas de tests PCR, on veut de la nourriture”, “Non aux confinements, nous voulons la liberté” », a encore dit ce témoin.
Breaking News? Tsinghua University has begun to shout slogans collectively against Chinese communist party tyranny : “We need democracy,we need rule of law, we need freedom of expression”!
— Inty (@__Inty__) November 27, 2022
pic.twitter.com/I8uD5u96t0
Des centaines de manifestants à Shangai
Ce dimanche après-midi, des centaines de personnes ont manifesté en silence dans le centre de Shanghai, métropole de 25 millions d’habitants soumise au début de l’année à un épuisant confinement de deux mois.
Brandissant fleurs blanches et feuilles de papier blanc - devenues un symbole de protestation contre la censure - les contestataires se sont postés en silence à plusieurs intersections avant d’être dispersés par la police, selon des témoins.
Un autre rassemblement avec des manifestants scandant « À bas le Parti communiste chinois » et « Démissionnez Xi », s’était déroulé samedi, toujours à Shanghai.? Une très rare démonstration d’hostilité envers le président et le régime dans la capitale économique du pays.
Un drame à Urumqi
La première protestation s’est déroulée ce dimanche à l’aube à Urumqi, la capitale de la province du Xinjiang (ouest), où dix personnes ont péri dans un incendie jeudi.
De nombreux posts circulant sur les réseaux sociaux ont accusé les mesures anti-covid d’avoir aggravé ce drame, des voitures garées depuis des semaines pour cause de confinement dans l’étroite ruelle menant à l’immeuble en flammes ayant entravé l’arrivée des secours.
Plusieurs témoins ont rapporté qu’au moins deux personnes ont été emmenées par les forces de l’ordre lors des manifestations dans la ville ce dimanche. Sollicitée par l’AFP, la police locale n’a pas réagi.
NOUVEAU - Vague de protestation inédite en Chine. Manifestation à Shanghai ce soir. Les gens scandent « à bas le Parti communiste chinois » et « démissionnez de Xi ». La colère monte dans plusieurs villes du pays.pic.twitter.com/cdazi6tZ9w
— Alexandre Gagné (@alexandre_gagne) November 26, 2022
Manifestation de soutien à Urumqi à Shanghai, et contre la politique sanitaire. "Nous voulons la liberté, la démocratie la liberté d'expression de la presse" demandent les jeunes rassemblés (Je laisse les sinisants apprécier ce dernier slogan). Je n'ai jamais vu ça en Chine pic.twitter.com/nTSxRre1NP
— Simon Leplâtre (@SLeplatre) November 26, 2022
D’autres manifestations ont eu lieu plus tôt dans le week-end, un peu partout dans le reste de la Chine, comme à Wuhan (centre), Nankin (est), Canton (sud) ou encore Lanzhou (nord), sans que l’authenticité de ces images n’ait pas pu être vérifiée.
??Des habitants de Wuhan descendent dans les rues dans le district de Hankou. Les manifestations contre les restrictions Covid se multiplient un peu partout en Chine depuis 72 heures. pic.twitter.com/mQZyAJ5xR1
— ? ?A__SAMEDI? (@_samedi_) November 26, 2022
Ces étudiants d'une fac de Nankin ont organisé une veillée funéraire suite au dramatique incendie de Ouroumtchi dont le nombre de victimes aurait été minimisé dans la presse officielle. https://t.co/IqfuQmVdzR
— Philippe Kantor (@Kantor75) November 26, 2022
?? Les citoyens chinois se révoltent contre l'État et renversent les cabines de test Covid-19
Les manifestants de la ville de Lanzhou, en Chine, descendent dans la rue et démolissent les cabines de test COVID.
1/2 pic.twitter.com/BAxKX9tWtf— Brainless Frogz (@BrainlessFrogz) November 26, 2022
Censure sur les réseaux
Les hashtags relatifs aux protestations étaient censurés sur la plateforme Weibo, et les vidéos sensibles étaient effacées des sites de partage Duoyin et Kuaishou.
Des protestations sporadiques et parfois violentes ont déjà eu lieu à travers le pays ces derniers jours, notamment dans la plus grande usine d’iPhone du monde située à Zhengzhou (centre), ainsi qu’à Urumqi après l’incendie.