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Les stratégies des supporters pour boire de la bière malgré tout au Qatar

Temps de lecture: 3 min — Repéré sur Wall Street Journal

Le 18 novembre 2022, peu avant l'ouverture de cette Coupe du monde tant décriée, les autorités qataries annonçaient que contrairement à ce qui avait été promis jusqu'alors, la vente et la consommation de bière seraient finalement interdites aux alentours des stades, hormis dans une poignée de fanzones. Une catastrophe pour Budweiser, qui comptait écouler en un mois l'équivalent d'une année de bières.

Les hectolitres de boisson maltée ne seront pas perdus, ont annoncé les porte-parole de la marque, puisque le pays qui remportera le tournoi bénéficiera de ce gros lot inattendu. Ce qui ne change pas grand-chose à la détresse des supporters présents sur place, qui pensaient pouvoir aligner quelques pintes comme ils l'auraient fait dans n'importe quel autre pays.

Mais lorsqu'il s'agit de boire de l'alcool, on peut faire confiance aux fans de foot, capables d'une obstination incroyable. Parce qu'une Coupe du monde sans bière n'est apparemment pas une vraie Coupe du monde, le Wall Street Journal raconte comment certains supporters rivalisent d'imagination pour parvenir à en consommer malgré tout.

La méthode la plus simple consiste à se rapprocher de la population locale afin de savoir où trouver de l'alcool. Car contrairement à ce qui se passe en Arabie saoudite et en Iran, celui-ci n'est pas totalement interdit par la loi qatarie –en revanche, l'ivresse sur la voie publique est passible de six mois d'emprisonnement. Il existe même deux magasins vendant légalement de l'alcool, détenus par l'État: ils ne s'adressent qu'à une clientèle étrangère, laquelle doit s'acquitter d'un abonnement avant de pouvoir acheter quoi que ce soit.

Lionceaux et voitures de luxe

Alex Sullivan et son père, tous deux fans de l'équipe d'Angleterre, pensaient avoir abordé la bonne personne: leur recherche de bière leur a permis de se lier d'amitié avec un riche Qatari, qui les a invités à disputer quelques parties de jeux vidéo dans son immense palais, avant de leur faire visiter sa ménagerie personnelle. Mais le fait de câliner un lionceau et de rouler en Lamborghini n'a pas étanché la soif des deux Britanniques, qui ont finalement dû se contenter de café parfumé à la cardamome, une spécialité locale.

Un professeur d'université iranien raconte quant à lui avoir dû débourser l'équivalent de 40 euros afin de pouvoir entrer dans un club installé sur une plage, à l'intérieur duquel il a pu commander et consommer de l'alcool. Des supporters croates, eux, sont parvenus à récupérer le numéro de téléphone d'un chauffeur de taxi qui leur a revendu une part de son stock personnel –ce qui est formellement interdit au Qatar.

D'autres ont apparemment eu la chance de tomber dans des hôtels moins regardants que la moyenne sur la consommation d'alcool, ou situés dans les bonnes zones, et ont donc avalé quelques centilitres –euphémisme– avant de se rendre au stade. Avec le risque que leur état d'ébriété soit repéré par les autorités et leur vaille d'être emmenés au poste.

Au Qatar, l'happy hour n'existe pas: l'alcool se vend à prix d'or, et la moindre bière coûte 12 euros minimum. Ces prix ont poussé certains gros buveurs à lever partiellement le pied, leur budget ayant déjà été sérieusement entamé par les frais de transport, d'hébergement et de billetterie.

Déplacer le problème

En fait, note le Wall Street Journal, si l'interdiction de la bière aux alentours des stades a bien enrayé la consommation, elle a surtout déplacé ce que le Qatar voit comme un problème –et qui peut effectivement en être un lorsque les supporters ne savent pas se tenir.

Pas d'attroupements de supporters bruyants à proximité des enceintes sportives; en revanche, du côté des bars d'hôtels situés dans certaines banlieues plus ou moins éloignées, l'ambiance de vestiaire est bel et bien là. Imaginez un millier de fans gallois se donnant rendez-vous sur Facebook et investissant les trois bars d'un hôtel de luxe: il n'est pas certain que le reste de la clientèle apprécie, ni que le Qatar soit ravi.

Quant aux tentatives déployées pour vendre de la bière sans alcool (de la Budweiser Zero, en l'occurrence), elles n'ont rencontré que peu de succès: «Même l'eau a meilleur goût», commente un fan de foot venu d'Irlande du Nord, avant d'ajouter «Quand je ne bois pas d'alcool j'apprécie mieux le football.» Enfin un peu de clairvoyance.