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Les Tunisiens boudent les législatives, nouveau camouflet pour le président Saïed

Ce fut un second tour “aussi terne que le premier”, soupire Kapitalis. Après le scrutin du 22 décembre 2022, marqué par une abstention record de 89 %, 131 sièges sur 161 restaient à pourvoir lors de ce deuxième tour. Mais la participation a été aussi maigre qu’au premier, atteignant péniblement les 11,3 %, selon l’instance supérieure indépendante pour les élections (Isie).

Ces élections étaient observées “dans tout le monde arabe”, observe Africanews : elles étaient en effet “considérées comme une étape décisive dans la tentative du président Kaïs Saïed de consolider son pouvoir, de dompter ses rivaux islamistes et de regagner [la confiance] des créanciers et des investisseurs nécessaires pour sauver l’économie chancelante” du pays.

“Le chômage dépasse les 18 %, le déficit budgétaire galopant a entraîné des pénuries de produits de première nécessité, et le Fonds monétaire international (FMI) a gelé les discussions sur un nouveau prêt très attendu pour le gouvernement tunisien”, souligne le site d’information panafricain.

“Lassitude et résignation”

Mais “les Tunisiens ont pour la plupart vaqué à d’autres occupations dominicales au détriment du jour du scrutin, un sentiment de lassitude et de résignation s’est emparé d’eux”, constate La Presse. “On est bien loin de l’engouement de 2014 ou 2019 mais les raisons sont justifiées. Les Tunisiens, de façon générale, en ont par-dessus la tête de la politique”, estime le quotidien.

“Nous ne voulons pas d’élections. Nous voulons du lait, du sucre et de l’huile”, semblait confirmer Hasna, une Tunisienne interrogée dimanche par Middle East Eye alors qu’elle faisait ses courses dans le quartier d’Ettadamon à Tunis.

“Face au déclin économique en Tunisie, où certains biens de première nécessité ont disparu des étals et où le gouvernement a réduit les subventions, tout en réclamant une aide internationale pour éviter la faillite, beaucoup de Tunisiens s’avèrent déçus par la politique et en colère contre leurs dirigeants”, explique le site.

De fait, pour les critiques du président Saïed, ces élections massivement boudées par les Tunisiens sont “la preuve du mépris de la population pour son programme et sa conquête du pouvoir”, poursuit Middle East Eye.

Boycottage

Al-Jazeera rappelle que M. Saïed “avait limogé le gouvernement en juillet 2021, avant de suspendre puis de dissoudre le Parlement et de modifier la Constitution, abolissant le système parlementaire hybride en place depuis 2014” et retirant au Parlement tout pouvoir de contrôle véritable sur l’exécutif.

Le second tour de dimanche était ainsi considéré comme “le dernier acte de la transformation du paysage politique, dans le berceau du Printemps arabe”, ajoute la chaîne qatarie.

Les partis d’opposition, parmi lesquels la formation islamiste Ennahda – qui contrôlait le Parlement jusqu’à sa dissolution –, ont été prompts à claironner que le scrutin législatif, qu’ils avaient boycotté, représentait “la fin de la légitimité du président Kaïs Saïed”, rapporte Kapitalis dans un autre article.

Ils ont appelé à une vaste alliance entre tous les partis d’opposition, la société civile et les syndicats, afin de “travailler main dans la main pour créer le changement, par le départ de Kaïs Saïed, et d’aller à une élection présidentielle anticipée”.