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"Les vibrations font bouger les meubles dans l'appartement" : l'impossible voisinage nocturne avec un bar musical nîmois

Depuis un an, une locataire et ses propriétaires multiplient les démarches contre les nuisances sonores de l'établissement.

Quand elle s'est installée à Nîmes en janvier 2022 avec ses trois enfants, Mina Williams n'imaginait pas l'enfer qui l'attendait ni les nuits blanches qui allaient miner ses jours dans ce logement situé au-dessus du bar La Réserve.

"Au début, il y avait une ou deux soirées musicales par semaine. Puis, à partir de mars 2022, c'est passé à quatre par semaine. Les basses résonnent, les vibrations font bouger les meubles dans l'appartement. On ne peut pas dormir avant deux heures du matin, cela impacte la scolarité de mon fils, je suis à bout de nerfs...", se désole la locataire.

Elle appelle la police municipale régulièrement, a déposé deux plaintes "restées sans suite" et, soutenue par les propriétaires de son appartement, demande que le gérant du bar "insonorise enfin vraiment son établissement".

Chacun brandit son étude acoustique

En novembre dernier, une conciliation entre Catherine Del Pino, propriétaire de l'appartement, et Mouloud Bouam, le gérant de La Réserve, avait permis d'arriver à un compromis. "Le gérant s'était alors engagé à baisser la musique à 22h et à débrancher une enceinte... mais il ne l'a pas fait !", se désole la propriétaire. En décembre, un rapport de mesurage du service hygiène de la ville conclut à des seuils dépassés et infraction.

Mouloud Bouam, lui, assure qu'il a fait faire une étude d'impact et avoir installé un limiteur de pression acoustique en décembre. "Si la musique dépasse 90 décibels, elle s'arrête automatiquement, cet appareil est scellé, je ne peux pas y toucher", explique-t-il.

"Tous les bars sont à 90 décibels. J'ai fait des travaux, changé la porte, tout cela m'a coûté 7 000 €. J'ai envoyé mon dossier à la police, à la préfecture, à la mairie, je suis en règle". Et il rappelle que ce bar musical - anciennement l'Industrie - existe depuis 1958 et qu'il a l'autorisation d'ouvrir jusqu'à une heure du matin.

"Que fait la mairie contre le tapage nocturne ?"

Mais en février dernier, après une deuxième vaine conciliation, Catherine Del Pino fait faire à son tour une étude acoustique au résultat sans appel : "Les émergences sont très nettement au-dessus des valeurs autorisées (...) elles ne devraient pas dépasser 3 décibels (...) ici, elles se situent entre 6 et 18 décibels".

"Mais que fait la mairie ?, s'agace Catherine Del Pino. Elle est garante de la tranquillité publique et laisse un tapage nocturne ruiner la vie des habitants. Pourquoi ne demande-t-elle pas une fermeture de cet établissement ?"

"On est en centre-ville, bien sûr, concède Mina Williamns. La feria, la coupe du monde de foot, on ne dit rien mais pas tous les soirs !"
Mouloud Bouam joue la bonne volonté avec une drôle d'idée :"J'ai proposé à la locataire mon appartement de 80 m2 en centre-ville et moi j'occuperai le sien au-dessus du bar".

Sans suite... Catherine Del Pino, elle, entend contraindre le bar à d'autres travaux. "On a assigné le gérant de la Réserve et le propriétaire des murs pour nuisances sonores. On demande que le bar soit fermé jusqu'à de nouveaux travaux d'insonorisation", explique Caroline Rigaud, l'avocate des plaignants.

"Il faudrait une fermeture administrative", dit l'adjoint à la Sécurité

Richard Schieven, l'adjoint à la Sécurité publique, s'agace un peu. "Que fait la mairie ? Mais sept procès-verbaux ont été dressés depuis 2022 et 25 mains courantes établies depuis janvier ! La police est intervenue pour fermeture tardive, nuisances sonores, et rixe, récemment, le soir de la Saint-Patrick. On est présent !" Le 23 février, le maire de Nîmes a écrit à la préfète pour l'alerter, "malgré de nombreux procès-verbaux, ces établissements ne sont pas inquiétés outre mesure par des poursuites administratives plus sévères et potentiellement plus dissuasives". Avec ce courrier, une dizaine de bars sont dans le collimateur. "Une fermeture administrative de quelques jours, une sanction symbolique permettrait de marquer le coup. La Ville, elle, est arrivée au bout de ce qu'elle peut faire", estime l'élu qui ajoute : "Dans tous les logements au-dessus des bars, il y a du bruit. Allez voir rue Fresque !"