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[Les voix de la métha] « Nous avons joué la transparence avec les riverains » [podcast]

« Nous avons communiqué dès le départ sur ce que nous voulions faire », se souvient Aloïs Klein. Avec onze autres exploitants agricoles, l’agriculteur a initié en 2012 un projet d’unité de méthanisation sur la communauté de communes des monts du Lyonnais, dans le département de la Loire. « Il est préférable d’entamer très tôt les démarches de communication, poursuit le président de la société Méthamoly dédiée à l’unité. D’autres risquent de le faire à votre place, et à leur façon, si vous vous abstenez. Il ne faut pas avoir peur de mettre son projet sur la place publique dès la phase des études préliminaires, même quand il est encore flou. Les objectifs sont alors mieux compris, estime-t-il. Et cela instaure d’emblée un climat de confiance avec les acteurs locaux. »

« Amener les acteurs locaux à s’approprier le projet »

L’agriculteur tient à rappeler qu’il n’existe toutefois aucune recette miracle sur la façon de communiquer sur son projet de méthanisation. « Les territoires sont, en effet, tous différents et leur environnement aussi » Cependant, quelques règles ont déjà fait leurs preuves et permis aux agriculteurs méthaniseurs de gagner plusieurs mois, voire années, dans la phase de développement de leur projet. « Je vois que certains hésitent par exemple à dialoguer, par peur de voir leur projet capoter. En réalité, quel qu’il soit, il est préférable de communiquer, souligne-t-il. Les riverains pourraient avoir le sentiment que tout leur est imposé si vous les mettez au pied du mur, c’est-à-dire face à votre unité achevée. » L’objectif n’est pas de les convaincre mais bien de « les amener à s’approprier le projet à travers les intérêts environnementaux qu’il porte ».

« Ne pas se braquer face aux peurs »

Pour Aloïs Klein, la transparence doit motiver chacune des actions de communication. « Auprès des riverains, des associations et des élus, nous avons joué cette carte de la transparence, pour leur faire comprendre ce que nous projetions de faire et pourquoi. Ça n’est pas un projet mené au profit des agriculteurs uniquement mais de tout un territoire. » Les agriculteurs ont ainsi organisé des visites sur le site, animé des groupes d’échange et des réunions de présentation de la filière. « Nous avons aussi beaucoup écouté les habitants, car il est fondamental dans cette phase de développement, d’entendre les interrogations et les peurs de tous, de ne surtout pas se braquer. C’est souvent par méconnaissance que la peur survient. Il faut aussi montrer que l’on ne craint pas nous-mêmes de parler de notre projet. Ce qui réclame de le maîtriser sur le bout des doigts. »

Impliquer les élus

Trois des douze agriculteurs du collectif, dont Aloïs Klein, ont pris en charge ce volet du dialogue. « Nous sommes très complémentaires. Nous avons réparti les rôles dès le départ. Certains ont choisi la logistique, d’autres la technique, et d’autres encore la communication. Il ne faut pas craindre de se spécialiser sur un aspect quand on monte ce type de projet. Il est important ensuite de se tenir au courant les uns et les autres. »

Ils ont choisi de ne pas se faire accompagner par un cabinet spécialisé en communication, du fait, selon Aloïs Klein, d’« élus très moteurs » sur leur territoire. « Nous les avons beaucoup impliqués, et ils nous ont beaucoup soutenus, même lors des moments houleux. Ça n’est pas le cas partout. »

Associer davantage encore les riverains

Pour associer davantage encore les riverains, les exploitants agricoles ont mis en place un fonds d’investissement citoyen (appelé aussi participatif). « Il a permis à des personnes étrangères au projet d’y participer, en déposant de l’épargne et en devenant, d’une certaine façon, actionnaires. Ils étaient de fait tenus au courant de ce qui se passait. Ça les a rassurés. » Ils figurent aujourd’hui parmi les ambassadeurs du projet.

Depuis la mise en service de l’unité, la communication ne s’est pas arrêtée. Le collectif organise des visites sur site, seul ou avec GRDF, les collectivités et d’autres professionnels de la méthanisation. Une cinquantaine de personnes viennent découvrir l’unité chaque semaine, parfois des écoles, et même des villages entiers.