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« Libération. Nos années folles, 1980-1996 » : une autre époque, sacrément délurée

Dans un roman graphique des plus piquant, Gérard Lefort et Marie Colmant, à coups de souvenirs et d’anecdotes, retracent l’histoire du quotidien au tournant des années 1980.

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Il était une fois… deux journalistes encore ignorants de leur talent, qui débarquent dans un journal du genre expérimental. Le premier, Gérard Lefort, entre comme pigiste en 1979, d’abord au service Livres. La seconde, Marie Colmant, glisse ses premiers papiers deux ans plus tard. Ensemble, les deux reporters signent Libération. Nos années folles, 1980-1996, un ouvrage mélancolique et grisant, illustré avec tant d’acuité par le dessinateur Pochep qu’on croirait qu’il vivait tapi dans le nerf optique de ses coauteurs.

Saynète après saynète, les deux inséparables livrent une sorte de reportage fragmenté sur leurs parcours à Libé, promenant le lecteur dans la « vis » de la rue Béranger, siège du journal à partir de 1987, mais aussi au Festival de Cannes, qu’ils ont follement couvert. En chemin, ils croisent des géants de tous calibres, qu’ils s’appellent Marguerite Duras ou Jean Paul Gaultier, Line Renaud ou Clint Eastwood, ou encore Alain Pacadis, Maud Molyneux ou Serge Daney, collègues à la plume enviable et à l’identité parfois composite.

Ainsi Bill Chernaud, célèbre critique de cinéma né de l’imagination collective une année d’explosion atomique (Tchernobyl, Bill Chernaud, vous l’avez ?) pour dynamiter la critique cinéma : « La Palme dort », « Huppert a trente ans depuis trente ans », « Merci de mémé », etc. Des années aussi pimpantes que noires, où l’excitation des situations improbables le disputait à l’effroi provoqué par le sida, où les uns exsudaient la misogynie et l’homophobie quand les autres semblaient nés féministes et gay friendly. Des années où les nécrologies et les « unes » qui y étaient consacrées devenaient aussi instantanément mythiques que leurs sujets (Coluche, Gainsbourg, Orson Welles, etc.), où tous les rires étaient autorisés pourvu qu’ils soient cruellement drôles (« Vous savez que Max s’est cassé le pied ? C’est embêtant, comment va-t-il faire pour écrire ? »).

Touchante galerie de portraits

Bien sûr, Nos années folles est aussi un ouvrage de nostalgiques pour qui « c’était mieux avant », lorsqu’ils étaient jeunes et potes, spirituels sans y penser et brillants par inadvertance, adulés comme des stars de la plume qu’ils étaient pour les inconditionnels des pages Culture…

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Au moins Marie Colmant et Gérard Lefort ont-ils l’honnêteté d’examiner cette éventualité dans un dialogue qui les met en scène place de la République, lorsque la première annonce au second qu’elle quitte le journal. Elle promènera bientôt son diastème à Télérama, i-Télé, ou encore Canal+. Pour les deux compères, Libé, « leur » Libé, a changé, non seulement parce qu’une « nouvelle génération » y prend pied, mais aussi parce qu’une certaine époque est en train de les quitter – un constat comme en dresse chaque génération quand vient l’heure de dégriser. Reste de ces années délurées une touchante galerie de portraits, qui laisse affleurer un hommage ironique et vachard, mais un hommage quand même, à leur patron (un peu zinzin lui aussi), Serge July.

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