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Ligue 1 : le PSG champion de France pour la 11e fois, un titre historique… mais au goût amer

RÉCIT – L'obtention d'un 11e titre de champion de France, samedi à Strasbourg, au soir de la 37e levée, ne rend pas moins douloureuse la saison du PSG.

La fin du bling-bling, terminé les compromis… Avec le PSG cuvée 2022-23, on allait voir ce qu'on allait voir. Sauf qu'il ne reste pas grand-chose des déclarations tapageuses de Nasser Al-Khelaïfi, Luis Campos et Christophe Galtier à la fin d'une campagne délicate sur et en dehors du terrain. Heureusement, Kylian Mbappé et compagnie ont assuré l'essentiel et décroché le titre de champion de France, samedi, au terme d'un nul à Strasbourg (1-1) lors de la 37e journée, grâce à un but signé Leo Messi sur un amour de passe de Kylian Mbappé. Pas n'importe quel titre : le 11e de l'histoire du club, le neuvième de l'ère QSI et le deuxième de suite. Historique, mais pas assez pour faire oublier tout le reste, tout ce qui fait que la plupart des amoureux du Paris-SG attendaient avec impatience l'obtention de ce sacre pour, enfin, tourner la page d'une année douloureuse. Année qui a mis leur patience à rude épreuve et qui a même provoqué une cassure avec certains, l'indifférence des autres.

Qu'il semble loin ce mois d'août au presque parfait, avec 21 buts et quatre victoires au compteur… Et encore, on a déjà eu droit aux premiers remous dès l'entame de la saison, avec le «penaltygate» et cet accrochage entre Neymar et Mbappé lors de PSG-Montpellier (5-2, 2e journée). Dans le jeu, le soufflet retombait rapidement. Et il y a eu le «char à voile», les états d'âme de Monsieur Mbappé sur son positionnement et ses (prétendues ?) envies d'ailleurs, la perte de la première place de la poule en C1 à la différence de buts… Avant la Coupe du monde, Galtier parvenait toutefois à mener sa barque : porté par les stars, Neymar Jr en tête, et mué par une insatiable soif de vaincre, un caractère gros comme ça, «son» Paris-SG a bouclé la première partie de saison sans la moindre défaite (18 victoires, 3 nuls, 0 défaite). Pas brillant mais efficace et solide. Ça n'allait pas durer… Après un Mondial où ils ont globalement brillé, notamment Leo Messi et Mbappé, Achraf Hakimi aussi, les Rouge et Bleu ont fait le coup de la panne. Et ça n'a pas concerné que les Mondialistes, à l'image de Marco Verratti, revenu de la trêve avec des kilos en trop.

J'avais dit qu'on ferait le maximum. Notre maximum, c'est ça...

Kylian Mbappé après l'élimination en C1

Le succès miraculeusement arraché face à Lille (4-3) et la démonstration collective à Marseille (0-3), fin février, ont permis de rêver un peu après la sortie de piste face à l'OM en Coupe de France (2-1) et les défaites à Monaco (3-1) et contre le Bayern (0-1) à l'aller. Un peu seulement... Il est vrai pas épargnés par les blessures, les Parisiens étaient boutés hors de la C1 par le Bayern dès les 8es (2-0). Nouvelle désillusion. Tout sauf une surprise pour Mbappé, qui avait déjà émis de sérieux doutes au début de la campagne en C1. «Notre maximum, c'est ça», soufflait-il à Munich. «Au moment de faire le bilan, il faudra bien analyser ce qui s'est passé sur la première partie de saison et dans quel état on a récupéré l'effectif après le Mondial, plaide Galtier. On a eu un passage à vide à un moment très important de la saison, mais l'effectif était très diminué pour diverses raisons et on n'a pas su être performant.» Le genre d'explication qui ne lui permettra sans doute pas de se sauver.

Après la coupure liée au Mondial, cette élimination en C1 aura en tout cas représenté un deuxième tournant dans la saison d'un PSG qui, dès lors, s'est laissé vivre. Assez pour permettre à Lens et, un temps, à l'OM, de se voir calife à la place du calife en championnat. Surtout que les polémiques se mêlaient de nouveau aux performances douteuses sur le pré et aux défaites (9 en 2023, dont 6 en L1) : mise en examen pour viol d'Hakimi, le club repris de volée publiquement par Mbappé sur la campagne de réabonnement, Galtier accusé de racisme et la suspension de Messi ont tour à tour fait les gros titres et pollué l'actualité du club. «Il y a ce que vous écrivez et ce que je vis au quotidien», tempère Galiter, jurant qu'il n'a jamais été frappé par «l'usure». Son visage marqué dit l'inverse. Excédés, les Ultras sont venus crier leur colère sous les fenêtres de la Factory et… devant le domicile de Neymar. Out depuis mars, le Brésilien a été érigé au rang de symbole du fiasco par les fans au même titre que Messi et Verratti.

Campos n'a pas eu le nez creux

Une saison en enfer pour un titre au goût amer. Entre les promesses de l'été et la réalité d'un effectif toujours aussi déséquilibré et mal ficelé, il y a un monde. Adoubé par Mbappé, Campos n'a pas eu le nez creux. Et il n'a rien fait pour corriger le tir en janvier, avec un nouveau feuilleton grand-guignolesque et la non-venue d'Hakim Ziyech. Au final, les recrues ont déçu, il manquait un attaquant et un défenseur, et le choix de raccourcir l'effectif en nombre s'est payé cash dans un calendrier surchargé avant Qatar 2022. «Il y avait cette volonté, mais aussi des obligations à respecter par rapport à un cahier des charges bien précis», note Galtier, évoquant le fair-play financier. N'empêche, le technicien de 56 ans était le premier à se plaindre du mercato raté. «Un coach doit s'adapter», ronchonnait-il, jetant tout ou partie de la faute sur… Antero Henrique, responsable des ventes à ce moment.

Il n'allait de toute façon pas tirer à boulets rouges sur Luis Campos, lequel lui a offert une opportunité inespérée. C'était d'ailleurs aussi inespéré pour Nice, qui s'apprêtait à limoger l'ancien coach des Verts avant de recevoir un chèque de plusieurs millions d'euros pour le libérer… Toujours est-il que les deux hommes se connaissaient depuis leur passage à Lille. Ils sont venus en tandem sur les bords de la Seine. Ticket perdant. Contrairement à Galtier, Campos devrait néanmoins avoir une deuxième chance. Sa proximité avec «KM» ne peut pas faire de mal, même si le crack de Bondy n'apprécie que moyennement qu'on fasse la publicité de son pouvoir. «Je reste un joueur de foot et je n'irai pas au-delà de ce rôle», promettait-il en 2022, écartant encore récemment l'idée d'un «Kylian Saint-Germain».

Mercatos ratés, blessures (Neymar, Kimpembe, Mukiele, Verratti, Mendes…), Coupe du monde… Des éléments de contexte qu'il faut citer, mais ce n'est pas suffisant pour excuser ce qui restera sans doute comme la pire saison de l'ère QSI. «Il y a des sceptiques, je le comprends», disait Galtier au sujet de sa nomination surprise, l'été dernier. Finalement, les sceptiques avaient raison : le costume était trop grand pour l'ex-coach de Saint-Etienne, Lille et Nice, qui n'a même pas eu le mérite de mourir avec ses idées. Dépassé, et rincé.

On a trop de joueurs en deçà de leur niveau sur la deuxième partie de saison

Christophe Galtier

Marquinhos et ses petits camarades ont tout de même trouvé les ressources pour gagner six de leurs sept derniers matches, dont le choc de la 31e journée face à Lens (3-1). Un match qui aurait très bien pu tourner autrement si les Sang et Or n'avaient pas été réduits à dix en première période… À l'image de tout le reste. Paris s'en est sorti en passant par la porte de derrière, sans convaincre ni briller dans cette deuxième partie de saison indigeste. Après la récente débâcle face à Lorient (1-3), Galtier n'a pas cherché d'excuse : «On a lâché mentalement». Paris n'a toutefois pas failli que dans ce domaine.

Tactiquement, la bouillie proposée par Galtier n'a impressionné personne. À faire regretter celle de Mauricio Pochettino ? Pas loin… Les points faibles de cette équipe sont tellement criants que les adversaires n'ont plus peur de venir au Parc des Princes. «On a trop de joueurs en deçà de leur niveau sur la deuxième partie de saison», reconnaissait récemment Galtier, bien impuissant pour réveiller ses troupes. Il n'y a plus de respect ni de crainte dans les yeux des adversaires en voyant débarquer Paris, même quand on parle d'équipes de bas de tableau de Ligue 1. Il n'y a plus grand-chose en fait, sinon une ligne de plus au palmarès avec ce sacre sans magie ni passion, sans saveur ni émotion. Reste à savoir si la direction du club parisien prendra la mesure du chantier qui se dresse devant elle.