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Ligue 1 : tout comprendre sur la vente de l'OL à John Textor

Ce jeudi 8 décembre, Canal+ a annoncé que l'OL ne sera pas vendu à John Textor. Une information aussitôt démentie par l'homme d'affaires américain. On fait le point sur les tenants et aboutissants de cette opération qui traîne en longueur.

L'information tourne en boucle sur la chaîne Infosport+ depuis ce jeudi 8 novembre : «l'Olympique lyonnais ne sera pas vendu à John Textor». Visiblement bien renseigné, Canal+ l'avait d'abord affirmé sur son compte Twitter, dans l'après-midi. Moins d'une heure plus tard, démenti de John Textor, qui dénonce une «fake news». «Notre engagement de finaliser l'investissement dans l'OL n'a jamais vacillé», affirme l'homme d'affaires américain. Il invite à ne se fier qu'aux «déclarations publiques faites à travers des canaux officiels et des communiqués de presse». Justement, un communiqué de presse d'OL Groupe publié ce même jeudi dans la matinée annonçait «une probabilité suffisante qu'un closing ait lieu rapidement». Le closing, c'est la réalisation effective de l'opération de vente. Il traîne en longueur depuis l'annonce du début des négociations au mois de juin, et ses multiples reports n'invitent pas à l'optimisme.

L'opération

Si l'on parle souvent du rachat de l'Olympique lyonnais par les Américains, c'est en réalité la société holding OL Groupe, cotée en bourse, qui est acquise. En plus de l'équipe de football, l'OL Groupe détient également via ses filiales d'autres sociétés et équipes, dont le Groupama Stadium, stade dans lequel évoluent les hommes de Laurent Blanc, mais aussi l'ASVEL en basket. OL Groupeest elle-même détenue par des actionnaires, dont les trois principaux sont Jean-Michel Aulas via son fonds d'investissement Holnest (27,7% du capital), Jérôme Seydoux via la société Pathé (19,4%) et le fonds d'investissement basé en Chine IDG (19,9%).

La société acheteuse est le groupe Eagle Football Holdings LLC appartenant à John Textor. Ce dernier a fait fortune dans l'industrie du cinéma et de la technologie et est déjà propriétaire de trois autres clubs de football : Botafogo au Brésil , RWDM en Belgique et Crystal Palace en Angleterre. Le groupe Eagle Football doit racheter la totalité des parts et obligations de Pathé et d'IDG, ainsi que la totalité des parts et 50% des obligations d'Holnest. Ces acquisitions lui donneraient une position d'actionnaire majoritaire avec environ 67% des parts.

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Cette opération effective, Eagle Football s'est engagée à souscrire une augmentation de capital de 86 M€. Le groupe américain doit ensuite déposer une offre publique d'achat (OPA) pour acheter les titres restants dans les mains des actionnaires minoritaires. L'objectif est de détenir environ 80% du capital.

Le calendrier

Officiellement, tout commence le 20 juin 2022 lorsque les actionnaires d'OL Groupe annoncent dans un communiqué de presse être entrés en négociations exclusives avec Eagle Football Holdings LLC. Le 8 juillet, un contrat qui stipule les conditions est signé entre les parties, de même qu'un accord dans lequel Eagle Football s'engage à mettre en œuvre l'augmentation de capital de 86 millions d'euros. C'est une étape supplémentaire dans la réalisation du projet, même si elle ne permet pas d'affirmer à 100% que la vente aura lieu. Le 28 juillet, l'assemblée générale d'OL Groupe approuve cette augmentation de capital. Une première date de bouclage est avancée : ce sera le 30 septembre 2022.

Mais le 30 septembre, l'OL Groupe annonce un report de la vente au 21 octobre 2022. La raison ? Manque de temps pour finaliser «la documentation juridique, notamment les principaux financements d'Eagle Football, et les étapes mécaniques nécessaires à la bonne réalisation de l'Opération.» Eagle Football n'aurait que des «accords de principe» avec ses financeurs, mais rien d'officiel. Le 21 octobre, pas de nouvelles. Mais le 24, oui. Sont annoncés des «progrès substantiels» dans le dossier. Une nouvelle date est fixée au 17 novembre 2022.

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Le 17 novembre, toujours pas d'annonce de la vente. Il faut attendre le 2 décembre pour un nouveau communiqué de presse qui annonce que, ça y est, Eagle football a obtenu la totalité des financements nécessaires pour l'opération. Malheureusement, il manque encore un curieux «accord de la Premier League» relatif à la participation de M. Textor dans le club de Crystal Palace. Ce point d'achoppement est spécifié plus loin dans l'article. Quoi qu'il en soit, Eagle Football fait part des «progrès significatifs» effectués pour obtenir cet accord décrit comme la «dernière condition à satisfaire». OL Groupe accorde un délai supplémentaire.

Le 5 décembre, le communiqué de presse se nomme «accord pour une finalisation avec Eagle Footall dans les prochains jours.» Sur la base des avancées réalisées, OL Groupe accepte de donner une ultime deadline au 7 décembre, c'est-à-dire mercredi dernier. Mais prévient toutefois qu'il serait «improductif de donner un délai supplémentaire» passé cette date et annonce déjà «considérer des sources alternatives» pour avoir rapidement des «solutions disponibles pour le cas où les opérations avec Eagle Football ne seraient pas réalisées.»

On arrive donc au dernier communiqué de presse en date, celui du 8 décembre. Il est réalisé à la demande expresse de John Textor, qui annonce que lui et ses équipes sont «confiants» d'obtenir tous les accords nécessaires relatifs pour pouvoir apporter les fonds. Les acheteurs se disent «plus que jamais enthousiastes à la perspective de nous investir pleinement pour le développement de l'Olympique Lyonnais». C'est ce qui fait dire à OL Groupe qu'il y a une «probabilité suffisante qu'un closing ait lieu rapidement.»

Les points de blocage

Un des premiers points de blocage, non négligeable, a été de convaincre les créanciers d'OL Groupe de rester. En effet, un créancier prête avec la protection de garanties qui changent nécessairement dans le cas de l'arrivée d'un nouvel actionnaire majoritaire. Les prêteurs d'OL Groupe ont consenti à la vente et donc au maintien de leurs financements le 24 octobre 2022, sous réserve d'un remboursement partiel anticipé de la dette bancaire d'environ 50 millions d'euros. Eagle Football a dû apporter ces fonds supplémentaires.

L'autre point de blocage évident est la sécurisation des financements d'Eagle Football. Longtemps le groupe américain n'a eu que des «accords de principe» avec ses partenaires financiers, en dette et en fonds propres. Le 17 novembre, Eagle Football annonce finalement avoir réuni tous les financements nécessaires et qu'il ne lui manque que l'accord de la Premier League. Pourquoi faut-il l'approbation du championnat anglais ? Parce que l'accord entre Textor et ses partenaires financiers prévoit l'apport en nature à Eagle Football des participations de l'homme d'affaires dans Crystal Palace, Botafogo et RWDM. Dans ces clubs-là, l'homme d'affaires a investi en son nom propre ou avec d'autres sociétés qu'Eagle Football. «Apport en nature» parce qu'il ne s'agit pas directement d'argent. Les participations dans Botafogo et RWDM ont été apportées sans problème particulier, mais celle dans Crystal Palace doit être autorisée par la Premier League, qui exige l'accord du club anglais et de ses actionnaires. C'est cet accord-là que John Textor n'a pas encore obtenu, quand bien même il se montrerait «confiant».