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[Loi d’orientation] les pistes pour former davantage de futurs agriculteurs

La concertation nationale sur le pacte et la prochaine loi d’orientation et d’avenir agricoles a trouvé son point d'orgue le 7 juin 2023 avec la remise au ministre de l’Agriculture des propositions retenues par chaque groupe de travail. Ce grand chantier avait été ouvert en décembre 2022 pour réussir à relever le défi du renouvellement des générations alors que près de la moitié des agriculteurs a plus de 55 ans.

L’un des groupes devait se pencher sur l’orientation et la formation. Son document de synthèse retient la nécessité de « renouer une relation réelle et de confiance entre les acteurs du monde du vivant et le reste de la société », la condition indispensable pour attirer un large public vers les métiers de l’agriculture. Le groupe formule plusieurs propositions pour atteindre cet objectif.

Accroître l’attractivité des formations

L'amélioration de la visibilité des établissements de l’enseignement agricole et de leurs formations est visé. Le groupe propose notamment d’intégrer « les métiers du vivant » dans les différents parcours de découverte que peuvent suivre les élèves avant leur orientation. Il plaide par exemple pour l’inclusion systématique des lycées agricoles dans les visites d’établissements proposés dans le module de découverte des métiers au collège. C’est aussi au collège que le groupe propose d’introduire dans les programmes de sixième et de cinquième « des modules sur l’agriculture et ses défis ».

Il est proposé un « service agricole de cinq jours aux étudiants » pour assurer la promotion des métiers du vivant. Le document recommande aussi de « former massivement les enseignants et élèves de l’enseignement agricole au changement climatique » et de réaliser une campagne de communication « pour le faire savoir ».

Ne se concentrant pas seulement pas sur les jeunes apprenants, le groupe s’est aussi penché sur les actifs en reconversion. Il propose notamment un dispositif spécifique pour faire découvrir les métiers en tension du secteur agricole aux demandeurs d’emploi et un autre dispositif pour « les jeunes décrocheurs avec très peu de qualification afin de les rapprocher à des parcours de formation agricole ».

Transformer les formations

Estimant que la communication ne suffira pas à elle seule à attirer de nouveaux publics, le groupe de travail propose de transformer les contenus des formations initiales et continues en prenant davantage en compte ce qu’il appelle les « transitions » notamment « numérique et écologique ». Il recommande notamment un « choc de formation en 2023-2024 » de tous les personnels des lycées agricoles afin qu’ils deviennent des « experts des transitions ».

Le rapport recommande d'inciter fortement à suivre des modules de formation sur le management, la gestion , l'agroécologie, le numérique...

Quant aux formations suivies par les jeunes apprenants, le rapport recommande de transformer chaque niveau de formation en suivant plusieurs principes comme la « formation systématique aux enjeux de la biodiversité, de la gestion des ressources naturelles et de l’énergie ainsi qu’aux pratiques agroécologiques », « une place plus importante donnée à l’innovation » ou « un renforcement de la place du terrain dans les enseignements ».

Pour les diplômés jusqu’au bac + 3, si ces derniers n’ont pas poursuivi leurs études, le groupe de travail propose de les « inciter fortement » à suivre des modules de formation portant sur « le management et la gestion ; l’agroécologie ; les nouvelles techniques de la transition ou le numérique ».

La montée en compétences des futurs agriculteurs est aussi visée avec notamment la création de nouveaux diplômes comme un grade de licence pour les BTSA (une troisième année de « spécialisation et d’entrepreneuriat »), un diplôme en un an pour des ingénieurs venant d’autres secteurs ou « une spécialisation en un an pour des bacheliers professionnels leur permettant de leur colorer leur bac pro vers certains métiers de l’agriculture ».

Inciter les diplômés à continuer à se former

Concernant la formation continue, le groupe de travail souhaite notamment qu’un financement supplémentaire soit mis en place pour inciter chaque diplômé de l’enseignement agricole jusqu’à bac + 2 à accéder à une qualification d’un niveau supérieur grâce à la formation à distance et au stage. Le rapport évoque un crédit de 5 000 € pour cela. Il propose aussi qu’un capital de 20 000 € soit donné à chaque nouvel entrant dans le secteur agricole pour se former et se faire remplacer pendant huit ans.

Le ministère de l’Agriculture a annoncé que les premiers arbitrages sur ces propositions seront dévoilés à la fin de juin 2023.

Alexis Marcotte