France
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Loi de programmation militaire : bataille financière entre Bercy et le ministère des Armées

Après un été très studieux pendant lequel les ministres des Armées Sébastien Lecornu et de l'Économie Bruno Le Maire ont mené des travaux à la demande d'Emmanuel Macron, la préparation de la future Loi de programmation militaire (LPM) entre dans une phase cruciale et déterminante. Et les relations se tendent entre l'Hôtel de Brienne et Bercy. Logiquement. Il fallait bien s'en douter. Car les deux ministères ne sont évidemment pas d'accord sur l'enveloppe budgétaire à consacrer aux armées lors de la prochaine LPM (2024-2030), qui sera votée en 2023. Et la différence n'est pas minime.

Selon des sources concordantes, Bercy ne veut pas dépasser la barre des 377 milliards d'euros sur les sept prochaines années - soit 2% du PIB français, argumente-t-il - tandis que l'hôtel de Brienne campe sur sur une fourchette comprise entre 400 et 410 milliards d'euros pour atteindre ses objectifs capacitaires et opérationnels. Enfin, les armées tablent quant à elle sur une fourchette de 425 à 430 milliards d'euros pour financer, expliquent-elles, le modèle "Armées 2030". Sinon, précisent-elles, "l'Ambition 2030" sera sous-financé. D'autant que le service national universel (SNU) va consommer des crédits entre 1,7 et 4,1 milliards. Cher pour un gadget...

Conseil de défense et de sécurité nationale

Le conseil de défense et de sécurité nationale prévu mercredi à 14h30 devrait décider de l'enveloppe financière qui sera dévolue aux armées. La future LPM arrive dans un contexte budgétaire compliqué mais aussi dans un contexte géopolitique très tendu au niveau international (guerre en Ukraine, au Tigré, conflit Arménie/Azerbaïdjan, résilience du terrorisme islamiste, tensions en Mer de Chine...) Ce n'est donc pas le moment de baisser la garde pour la France, qui a des prétentions mondiales notamment en Afrique et Indo-Pacifique. Et, en même temps, la situation budgétaire française n'est pas loin d'être catastrophique comme le soulignait la Cour des comptes : déficit public de 6,4 points de PIB en 2021, soit plus du double de celui de 2017, et une dette publique supérieure à 110 points de PIB.

En juillet dernier, la veille du 14 juillet, Emmanuel Macron avait rappelé lors de son discours à l'Hôtel de Brienne, que « notre effort ne peut pas faiblir » et « doit être poursuivi ». Pas question de réduire la voilure au moment où le président a souhaité poursuivre la remontée en puissance des armées françaises. D'autant qu'il a lancé le concept piégeux d'économie de guerre, un concept très exigeant en munitions et en maintien condition opérationnelle (MCO). Les armées partent de loin pour remettre à niveau leurs stocks (munitions et pièces de rechange). Pour se mettre en marche dans cette économie de guerre, les industriels ont besoin de visibilité, donc de commandes. Et pour avoir des commandes, il faut des budgets. Jusqu'où le président ira-t-il, jusqu'où peut-il aller ? Le conseil de défense et de sécurité nationale livrera demain certaines réponses.