France
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LR pour l’un, 2027 pour l’autre : dans la Drôme, Ciotti et Wauquiez rodent leur duo

Il n’a que son nom à la bouche. A longueur d’interview et de réunions publiques, Eric Ciotti ne cesse de citer Laurent Wauquiez. «Merci Laurent d’incarner cette force, ce courage et cet espoir pour la France», l’a-t-il encore remercié vendredi soir à Montélier, près de Valence, dans la Drôme. A une semaine du premier tour de l’élection interne qui doit désigner le futur patron du parti, les deux hommes se sont affichés pour la première fois ensemble, même si Wauquiez avait déjà soutenu son «ami» Ciotti en octobre dans le Figaro. Le député des Alpes-Maritimes et candidat à la présidence de son parti Les Républicains (LR) a fait du patron d’Auvergne-Rhône-Alpes son principal argument électoral : s’il est élu, Ciotti promet de faire de Wauquiez, resté la coqueluche des militants, le candidat du parti à prochaine présidentielle.

Le bingo ciottiste

Parlant d’immigration, de sécurité, de «la France des villages et des clochers», le prétendant à la présidence du parti a martelé que «quand la droite est de droite, il n’y a plus de place pour ce que certains appellent l’extrême droite». «Ça fait longtemps qu’on a coupé le robinet d’eau tiède», s’est-il encore amusé, cochant lors de son discours toutes les cases de son bingo habituel«wokisme», «dictature du Cerfa» pour parler des excès normatifs, «la prison ou l’avion» pour les délinquants étrangers. Du classique ciottiste, qui a trouvé son public

Devant les militants, le Niçois n’a pas oublié d’encenser le populaire Wauquiez, jouant la fibre affective. Le député lui a rappelé leurs souvenirs communs au Palais-Bourbon, quand Wauquiez choqua en pointant les «dérives de l’assistanat», provoquant l’agacement de Roselyne Bachelot, alors ministre des Solidarités. C’était en 2011. «Depuis, a poursuivi Ciotti, on a livré des combats ensembles. Nous avons toujours épousé les mêmes valeurs.» «Tu as toujours été un repère et un soutien précieux», a encore salué l’élu sudiste.

Reste que Wauquiez, lui, temporise. «Il a son propre calendrier», glisse un proche de l’ancien patron de la rue de Vaugirard. Devant les militants, celui qui a refusé en juillet de se lancer dans la campagne interne a davantage parlé de la France que du parti. «On est dans une situation comparable à la fin de la IVe République», a-t-il prophétisé. Comprendre : face au risque du chaos, il faut un sauveur. Vantant les succès de la droite locale – 19 députés LR viennent de sa région, soit un tiers du groupe –, le président de région a joué l’apaisement, concentrant ses attaques sur l’exécutif et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, après l’accueil de l’«Ocean Viking» à Toulon. L’ancien maire du Puy-en-Velay déroule surtout, depuis quelque temps, le refrain classique des ambitieux, à savoir «le temps de [la] réflexion». «Tout ce temps de reconstruction, c’est ce que je dois faire», a-t-il dit vendredi soir, ajoutant : «C’est une longue aventure que nous commençons.»

«Je ne vois personne d’autre que lui»

Ces deux tempos sont-ils compatibles ? Chez les militants, l’option Wauquiez séduit. «Il n’y a personne d’autre, dit Catherine André, une adhérente croisée dans la salle des fêtes de Montélier. Et Laurent a un charisme, il est proche du peuple. Il y en a marre des politiques qui se regardent le nombril !» «Je ne vois personne d’autre que lui», chuchote une autre militante rencontrée vendredi soir. Ce soir-là, le président d’Auvergne-Rhône-Alpes a pris le temps de répondre aux interrogations des militants. Est-ce que Zemmour appartient à la droite ? Faut-il œuvrer au rassemblement, «de Robert Ménard [le maire d’extrême droite de Béziers] à Hervé Morin [le président centriste de la Normandie]», dixit un retraité ? Edouard Philippe doit-il revenir ? Refusant de trop s’épancher, Wauquiez a toutefois évoqué une «nouvelle structure» à mettre en place en vue de la présidentielle, sans cacher la référence à l’UMP qu’avait bâtie Jacques Chirac et Alain Juppé en 2002 pour rassembler les différentes tendances de la droite.

Mercredi 23 novembre, l’ancien ministre de Sarkozy a reçu une vingtaine de parlementaires dans ses bureaux à Paris. Une façon d’entretenir ses réseaux au sein de l’appareil et de ressouder des liens. «Il n’a pas toujours été populaire au sein de ses pairs», rappelle un proche. Qui ajoute : «Le but des prochains mois, c’est qu’il puisse se nourrir.» Méthodiquement, le prétendant à l’Elysée travaille son implantation. Des «immersions» loin des caméras, pour «laisser le réel nous traverser», dit-il à Libé. «L’objectif, c’est de se poser d’être à l’écoute.» La semaine dernière, il a passé la journée à l’usine Michelin de Roanne. Il a également suivi des policiers de la BAC à Lyon. «Ça m’a fait voir des choses différentes», jure l’intéressé. D’autres sorties, dans un service d’urgence ou dans un Ehpad, sont programmées. De quoi lancer une campagne ? «Ah oui, bien sûr !», sourit Wauquiez en attrapant des mains d’un Drômois une caisse de noix et une bouteille de vin.