France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Luc Rémont choisi pour sortir EDF de l’ornière

L’Élysée a mis fin ce jeudi à un suspense qui n’en était plus un, tant le nom de Luc Rémont revenait avec insistance depuis fin août pour la direction d’EDF. Un communiqué a officialisé le choix d’Emmanuel Macron de nommer l’actuel directeur général chargé des opérations internationales de Schneider Electric en qualité de président-directeur général de l’électricien français.

Gouvernance simplifiée

Les fonctions de président du conseil d’administration et de directeur général ne seront donc pas séparées, comme cela était évoqué. L’Élysée penchait pour un tel schéma, qui a été imposé à Air France, Engie ou Renault, et prévoyait de nommer Florence Parly, l’ex-ministre des armées, en tant que présidente. Mais le ministre de l’économie Bruno Le Maire poussait au contraire pour une simplification de la gouvernance. Il semble qu’Emmanuel Macron ait entendu ses arguments, d’autant que Luc Rémont avait fait savoir qu’il comptait bien avoir en main toutes les commandes de l’entreprise. Florence Parly serait, désormais, attendue à la tête de la RATP, dont la P-DG Catherine Guillouard a fait connaître dernièrement son départ pour raisons personnelles.

Le choix de Luc Rémont serait une autre victoire pour le patron de Bercy. Né en 1969, cet ancien élève de Polytechnique a débuté sa carrière comme ingénieur à la direction générale de l’armement (DGA), avant d’intégrer, trois en plus tard, le ministère des Finances. « Il a suivi l’absorption de GDF par Suez, en 2006, ainsi que la privatisation partielle d’EDF quand il était au cabinet de Thierry Breton et Bruno Le Maire, au cabinet de Dominique de Villepin, à Matignon », rappelle un industriel. Luc Rémont était aussi, en tant que directeur de Bank of America Merrill Lynch en France, au cœur de la vente de la branche Énergie d’Alstom à General Electric. Une cession validée par le ministre de l’économie d’alors, Emmanuel Macron.

Mission titanesque

Luc Rémont « a un vrai passif dans le secteur de l’énergie, juge un représentant syndical d’EDF. Il n’a pas d’expérience du nucléaire qui est le cœur de l’activité de l’entreprise. Mais la vraie question est celle de sa feuille de route. S’il vient avec l’intention de relancer le projet Hercule de séparation du nucléaire et du renouvelable, ça va très mal se passer ». À l’Élysée, on justifie « le choix d’un profil très complet, d’un dirigeant qui connaît bien l’État, que ce soit à la Direction générale de l’armement (DGA), au Trésor et dans les cabinets ministériels. Comme patron France puis international de Schneider Electric, il a eu la responsabilité du pilotage plusieurs dizaines de sites industriels et de dizaines de milliers de salariés. C’est une personnalité ouverte et pondérée ».

Sa mission sera toutefois titanesque : il devra sortir l’entreprise de l’ornière d’un parc nucléaire pour moitié à l’arrêt, assurer la mise en service, fin 2023, du premier EPR dans l’Hexagone, Flamanville 3, qui accuse douze ans de retard, et lancer le chantier de six réacteurs nucléaires EPR de nouvelle génération.

Reste encore pour Luc Rémont à passer un dernier grand oral devant les commissions compétentes du Parlement. Avec une majorité relative à l’Assemblée et une minorité au Sénat, les décisions de l’exécutif n’y sont plus aussi facilement entérinés qu’autrefois. En août, les parlementaires s’étaient majoritairement opposés au choix de l’ex-ministre du logement Emmanuelle Wargon à la tête de la Commission de régulation de l’énergie, mais sans réunir la majorité qualifiée nécessaire pour faire capoter la nomination souhaitée par l’Élysée.