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Lula ou Bolsonaro ? La démocratie brésilienne à un tournant

Lula ou Bolsonaro ? La démocratie brésilienne à un tournant
Le dernier débat télévisé jeudi soir a été plein d’acrimonie, Lula et Bolsonaro se traitant mutuellement de « menteur » et de « corrompu ».

Photo AFP

publié le 30 septembre 2022 à 22h54.

Le pays va vivre des heures décisives dimanche, au premier tour d’une présidentielle extrêmement polarisée, avec le choc entre le favori de gauche et le sortant d’extrême droite.

Le dernier débat télévisé jeudi soir a été plein d’acrimonie, Lula et Bolsonaro se traitant mutuellement de « menteur » et de « corrompu ».
Le dernier débat télévisé jeudi soir a été plein d’acrimonie, Lula et Bolsonaro se traitant mutuellement de « menteur » et de « corrompu ».

Photo AFP

Plus de 156 millions de Brésiliens sont appelés à se rendre aux urnes dimanche dans ce pays aux dimensions continentales.

L’ex-Président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), ancien métallo au destin hors norme, brigue à 76 ans un troisième mandat, pour un come-back inespéré quatre ans après son incarcération controversée pour des soupçons de corruption. Il compte surfer sur la vague du « vote utile », après un appel de nombreuses personnalités pour se rallier à lui dès dimanche, afin d’éviter un second tour incertain le 30 octobre.

Les célébrités ont choisi leur camp : de nombreuses stars de la chanson, comme Anitta ou Caetano Veloso, sont du côté de Lula, mais la superstar du football Neymar a affiché jeudi son soutien à Bolsonaro.

Sondages : 48 % pour Lula, 34 % pour Bolsonaro

Le Président d’extrême droite, 67 ans, a vu sa popularité plombée par la crise du Covid-19 et les problèmes économiques et sociaux d’un pays où plus de 30 millions de personnes souffrent de la faim. Mais il demeure convaincu qu’il sera réélu, malgré son important retard dans les sondages. L’ancien parachutiste a même insinué la semaine dernière qu’il serait « anormal » qu’il ne gagne pas avec 60 % des voix dimanche, laissant planer une nouvelle fois la menace qu’il contesterait les résultats des urnes électroniques, invoquant des « fraudes ».

Pourtant, il a été une nouvelle fois largement distancé par Lula dans le dernier sondage de l’institut Datafolha, publié jeudi soir. L’ancien syndicaliste est crédité de 48 % des intentions de vote, contre seulement 34 % pour Bolsonaro.

« Ce qui est en jeu, c’est la démocratie contre le fascisme », a lancé de sa voix rauque le tribun de gauche lors d’un meeting le mois dernier. Le Président d’extrême droite, pour sa part n’a cessé d’évoquer une « lutte du bien contre le mal » dans ses discours pleins de références bibliques.

Son mandat a été marqué par de nombreuses turbulences et polémiques, avec une déforestation record en Amazonie (lire en encadré), des démissions de ministres et des attaques répétées contre les institutions et les journalistes. Soutenu par les évangéliques et par le puissant lobby de l’agronégoce, cet ancien capitaine de l’armée fait l’apologie enthousiaste de la dictature militaire (1964-1985) et a nommé des dizaines de gradés à des postes importants de son administration.

Les permis de possession d’une arme à feu ont en outre été presque multipliés par six sous Bolsonaro, à la faveur de décrets présidentiels controversés et retoqués récemment par la Cour suprême.

L’Amazonie, enjeu majeur de l’élection

C’est l’une des images les plus marquantes du mandat de Jair Bolsonaro : la pénombre en plein après-midi à Sao Paulo, quand la mégalopole s’est recouverte d’une épaisse fumée provenant des feux de forêt en Amazonie. C’était le 19 août 2019, huit mois après son arrivée au pouvoir. Et ces images de nuages noirs qui ont traversé plusieurs milliers de kilomètres vers le Sud ont attiré l’attention du monde entier sur la destruction de la plus grande forêt tropicale de la planète, avec une pluie de critiques de la communauté internationale.
Trois ans plus tard, le Président d’extrême droite tente de se faire réélire, avec un bilan environnemental considéré comme désastreux par les écologistes : sous son mandat, la déforestation annuelle en Amazonie a augmenté en moyenne de 75 % par rapport à la décennie précédente.
Pour les experts en changement climatique, le scrutin de dimanche sera déterminant pour la destinée de la société brésilienne, mais aussi de toute la planète. « On est face à un choix radical : ou l’Amazonie va survivre, ou elle sera condamnée à la peine de mort avec la réélection de Bolsonaro », insiste Marcio Astrini, responsable du collectif d’ONG Observatoire du Climat.
L’ancien parachutiste, dont le père a été orpailleur en Amazonie dans les années 80, s’est toujours montré favorable aux activités agricoles ou minières au détriment de la forêt, y compris dans des zones protégées comme les réserves indigènes. L’an dernier, le budget consacré aux organes publics de préservation de l’environnement a été divisé par trois par rapport à 2014, année où il était le plus élevé, sous la présidence de Dilma Rousseff, dauphine de Lula.
Lula a également essuyé son lot de critiques quand il était Président, notamment pour sa décision de construire l’énorme centrale hydro-électrique de Belo Monte, dans l’État amazonien du Para. Mais son gouvernement est ensuite parvenu à réduire progressivement cette déforestation à des niveaux historiquement bas : en 2010, quand il a quitté le pouvoir, elle était quatre fois moins élevée qu’en 2003.