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Mais qui est Bérgson, ce buteur plus fort que Mbappé et Haaland en 2022 ?

46 buts marqués en 36 matchs, soit un redoutable ratio de 1,27 pion par rencontre disputée. Ni Kylian Mbappé, ni Erling Haaland, ni Robert Lewandowski n’ont fait mieux sur l’année 2022 que le très méconnu Bérgson Gustavo Silveira Da Silva (ou Bérgson, tout simplement). Cette statistique sortie par Sky Sport Italia est quelque peu passée inaperçue sous nos latitudes.

Mais pas en Malaisie, où l’attaquant brésilien explose les compteurs depuis son arrivée au Johor Darul Ta’zim (JDT) en provenance de Fortaleza (D1 brésilienne), en mars 2021. « Ici, tout le monde parle de lui, de ses qualités de buteur, de sa manière de jouer, assène Avineshwaran, journaliste au quotidien The Star. Cette distinction, c’est une fierté pour tous les Malaisiens. Bérgson a du style et a aidé son club à gagner tous les trophées la saison dernière. »

Car les Southern Tigers, basés dans la ville de Johor Bahru (800.000 habitants), ne laissent même pas quelques miettes à la concurrence domestique : champions sans partage depuis 2014, soit neuf titres d’affilée, ils ont aussi gagné en 2022 la Cup, la FA Cup ainsi que le Piala Sumbangsih, la Super Coupe locale. A chaque fois, le joueur formé au Grêmio, club phare de Porto Alegre, a joué un rôle déterminant, en inscrivant donc plus d’un but par match.

« Ce n’est jamais assez », selon Bérgson le glouton

« J’ai été un peu surpris en découvrant la statistique, avoue le numéro 9 depuis Dubaï, où JDT se frotte à des équipes russes et bulgares pour préparer la prochaine saison de Malaysia Super League qui débute à la fin du mois. Je n’ai jamais pensé que je pourrais réussir cela, c’est quand même beaucoup de buts ! C’est un plus pour moi de me retrouver avec de grands noms, mais ce n’est jamais assez, car nous représentons l’une des plus grandes équipes d’Asie. »

Rien qu’en championnat, Bérgson a frappé à 29 reprises l’an dernier, de toutes les manières possibles : 13 fois du droit (plus 6 penaltys), 6 du gauche et 4 de la tête… Des buts de près, de loin, de raccroc ou franchement sublimes, comme ce ciseau retourné contre Sabah, le 15 octobre dernier. « C’est un grand, grand joueur, lance Avineshwaran, définitivement conquis. Sa première touche est parfaite, il a la meilleure frappe du pays, il lit bien le jeu et combine bien avec ses coéquipiers, notamment Arif Aiman [jeune international malaisien de 20 ans] et Fernando Forestieri [ancien international espoirs italien arrivé l’an dernier d’Udinese]. Je ne lui vois pas vraiment de faiblesse. »

Toutefois, le journaliste avoue aussi : « Beaucoup ne savaient pas ce dont il était capable au moment de son arrivée à JDT. » Il faut dire qu’avant de rejoindre la Malaisie, Bérgson (32 ans le 9 février), jamais international A et au gabarit ordinaire (1,80 m, 76 kg), n’avait réussi qu’une fois à franchir la barre des 10 réalisations dans la même saison, avec Paysandu (D2 brésilienne) en 2017. Il avait déroulé le fil d’une carrière de globe-trotter, où les prêts ont foisonné : 15 clubs différents, dont des escapades sans réussite en Corée du Sud (aux Suwon Bluewings et à Busan Ipark) ou à Braga, au Portugal.

Merci le « Boss » !

« Dans certains de mes clubs précédents, je ne sentais pas que j’étais dans ma meilleure période, la mentalité n’était pas la même qu’aujourd’hui, avance l’intéressé. A présent, je vis ma meilleure période, et je suis vraiment reconnaissant. La manière dont le « Boss » me soutient pour être meilleur année après année, semaine après semaine, c’est cela le secret. » Le « Boss », c’est le prince héritier Tunku Ismail ibni Sultan Ibrahim - fils du sultan de l’État de Johor - propriétaire de JDT et ancien patron de la Malaysia Super League jusqu’en 2019, qui souhaite désormais voir percer son club au niveau continental.

Par le passé, les Southern Tigers ont su attirer des noms, également trentenaires, comme l’esthète argentin Pablo Aimar ou l’attaquant Daniel Güiza, champion d’Europe 2008 avec l’Espagne. En 2022, ils ont terminé premier de leur groupe de Ligue des champions asiatiques, devant les Japonais de Kawasaki Frontale, les Sud-Coréens d’Ulsan Hyundai et les Chinois de Guangzhou, avant de lourdement chuter en 8es face à d’autres Nippons, Urawa Red Diamonds (0-5). Le métronome Bérgson a marqué 6 fois en 6 matchs de poule.

« Nous sommes chanceux d’avoir un tel joueur en Malaisie », souffle Avineshwaran. Reste à savoir ce que vaut vraiment la Malaysia Super League, qui a vu passer ces dernières années quelques vieilles connaissances françaises, comme Johan Martial (ex-Brest et Troyes), Billy Ketkeophomphone (ex-Angers) ou Hérold Goulon (ex-Le Mans)  ? « On ne peut pas comparer avec les standards européens, reconnaît le journaliste de The Star. JDT fait de son mieux pour concurrencer les meilleurs clubs européens en amical et son objectif est d’être performant en Ligue des champions asiatiques. » 

Fan de ses compatriotes Ronaldo et Ronaldinho

Pour Bérgson, « la Malaysia Super League est compétitive. La différence, c’est qu'au Brésil, les équipes tentent de faire la différence en première mi-temps, avant de jouer plus prudemment en seconde. Alors qu’ici, les équipes essaient de gagner dans les dernières minutes. Mais à JDT, nous essayons de marquer dès le début du match. »

Ce fan de ses compatriotes Ronaldo et Ronaldinho vit donc sa meilleure vie dans un pays où le foot est le « sport numéro 1 », selon Avineshwaran, et où il a inscrit un total ahurissant de 76 buts en 69 matchs répartis sur deux saisons. « Je dois savourer le moment, et les bonnes performances de mes coéquipiers qui nous aident à marquer », lance l’attaquant trentenaire, adepte du « carpe diem ».

Et hop, un but de plus !
Et hop, un but de plus ! - JDT

« Je suis un buteur brésilien, je suis heureux et j’aime ce sport », glisse-t-il simplement quand on lui demande de se définir. « Je n’ai aucune idée du nombre d’années qu’il me reste à jouer. Je ne sais pas de quoi sera fait demain, j’oublie hier, je vis au jour le jour en essayant de faire de mon mieux. »

Un peu de philo pour conclure

A ce moment où le propos glisse du sportif au philosophique, on ose la question qui nous taraude depuis que l’on a découvert l’existence du natif d’Alegrete, tout au sud du Brésil : ses parents l’ont-ils baptisé en hommage au philosophe français Henri Bergson, à l’image de ceux de son compatriote Allan Delon, fans de l’acteur ? Visiblement non. « J’ai entendu parler de lui via Google, réplique la star de JDT. Ce gars à un grand nom, un peu différent ! La chose que j’aime le plus chez lui, c’est son nom. »

Le buteur de JDT devrait peut-être tenter de lire Le Rire, l’une des œuvres majeures de son homonyme, dont le titre colle à la banane qu'il affiche constamment sur les terrains de Malaisie, où il a trouvé la consécration à 30 ans passés.