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Malgré des à-coups, la déferlante #metoo a changé l’Amérique

Victims of sexual harassment, sexual assault, sexual abuse and their supporters protest during a #MeToo march in Hollywood, California on November 12, 2017. Several hundred women gathered in front of the Dolby Theatre in Hollywood before marching to the CNN building to hold a rally. / AFP / Mark RALSTON
MARK RALSTON / AFP
Par Stéphanie Le Bars

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RécitEn 2017, l’affaire Weinstein libère la parole de milliers de femmes victimes de violences sexuelles qui dénoncent leur agresseur dans un flot ininterrompu de messages. Depuis, le mouvement continue à infuser aux Etats-Unis où les rapports hommes-femmes se redessinent en entreprise, dans les universités et les cercles de pouvoir.

Une déferlante. En cet automne 2017, des flots quasi quotidiens de dénonciations d’agressions sexuelles submergent en quelques semaines la société américaine. Dans la foulée des accusations de viols contre le producteur Harvey Weinstein parues dans le New York Times le 5 octobre et complétées dans le New Yorker cinq jours plus tard, peu de secteurs échappent à cette vague de paroles libérées.

De Wall Street à Hollywood, de la Silicon Valley aux universités, des dirigeants d’entreprise, des acteurs, des artistes, des responsables politiques, des journalistes, des universitaires, des sportifs sont tour à tour mis en cause par des dizaines de femmes. Comme des secrets trop longtemps gardés, viols, attouchements, harcèlement, « comportements inappropriés » sont rendus publics, accolés au mot-clé #metoo, lancé en 2007 par la militante afro-américaine Tarana Burke et redynamisé par l’actrice Alyssa Milano. La presse américaine peine à suivre le rythme de ce « moment #metoo » et publie régulièrement des tableaux récapitulatifs : nom des centaines de personnalités – plus ou moins influentes – mises en cause, nature et conséquences des accusations, quand conséquences il y a : renvoi, éviction, mise à l’écart, condamnation…

Harvey Weinstein arrive au tribunal pénal de Manhattan, à New York, le 18 février 2020.
Harvey Weinstein arrive au tribunal pénal de Manhattan, à New York, le 18 février 2020.

Si l’affaire Weinstein électrise ainsi le pays et encourage les femmes à parler, c’est qu’elle s’inscrit dans un climat que l’élection de Donald Trump, près d’un an auparavant, a rendu propice. Durant la campagne présidentielle de 2016, a été dévoilé un enregistrement du milliardaire, lui-même accusé d’agressions sexuelles, dans lequel il assure que « quand on est un homme célèbre, on peut tout faire, on peut les attraper par la chatte ». Quelques semaines après son installation à la Maison Blanche, 1 million de personnes, majoritairement des femmes, coiffées de bonnets roses – rappelant avec humour les oreilles d’un(e) chat(te) –, défilent dans les rues de Washington. Dans la foule, les propos sexistes du nouveau président ne sont pas les seuls motifs de contestation, mais ils dominent.

Lire cet article de 2018 :

Comme si le pays, ou tout au moins sa frange libérale, ne supportait plus l’impunité sur ces sujets. Et n’avait pas perdu tout espoir que cela change. Quelques mois plus tôt, un scandale avait ébranlé Fox News, incontournable institution conservatrice, semblant lui donner raison. Coup sur coup, la révélation d’affaires de harcèlement sexuel avait été fatale à deux figures majeures de la chaîne. Son président Roger Ailes, un proche de Trump, et l’un de ses animateurs vedettes, Bill O’Reilly, avaient dû démissionner après avoir été accusés par plusieurs journalistes vedettes. L’affaire donnera lieu en 2019 au film Bombshell.

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