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Manga : Hajime Isayama se confie, au théâtre, sur la création de L’Attaque des Titans

Manga : Hajime Isayama se confie, au théâtre, sur la création de L’Attaque des Titans
Hajime Isayama a refusé que des photos soient prises pendant sa masterclass ce samedi matin, au théâtre d’Angoulême.

Repro CL

Par David GAUTHIER - d.gauthier@charentelibre.fr, publié le 28 janvier 2023 à 18h22.

Le mangaka était interrogé ce samedi matin au théâtre d’Angoulême, par Fausto Fasulo, codirecteur artistique du Festival de la BD. Il n’a éludé aucune question et a même raconté des anecdotes intimes.

On aurait pu craindre une interview froide et superficielle, à l’image des conditions imposées par Hajime Isayama pour sa « masterclass » au théâtre d’Angoulême, ce samedi matin : masque obligatoire, pas de photo, pas de vidéo. Mais le mangaka de 36 ans, devenu une star planétaire, s’est au contraire ouvert sans retenue. Il n’a éludé aucune question de Fausto Fasulo, codirecteur artistique du Festival et commissaire de l’exposition événement...

On aurait pu craindre une interview froide et superficielle, à l’image des conditions imposées par Hajime Isayama pour sa « masterclass » au théâtre d’Angoulême, ce samedi matin : masque obligatoire, pas de photo, pas de vidéo. Mais le mangaka de 36 ans, devenu une star planétaire, s’est au contraire ouvert sans retenue. Il n’a éludé aucune question de Fausto Fasulo, codirecteur artistique du Festival et commissaire de l’exposition événement sur L’Attaque des Titans, à L’Alpha. Pas même sur ses faiblesses et les difficultés du métier de mangaka.

N’y a-t-il pas dans votre quotidien de mangaka le même enfermement que vos personnages (emmurés pour se protéger des Titans) ?

Hajime Isayama. C’est vrai que cela reflète bien notre travail, cet environnement de survie. Je me suis beaucoup identifié à Eren (le personnage principal). Il doit assumer le pouvoir des Titans à la fin du manga. Comme lui, je dois désormais vivre avec l’importance de mon œuvre.

Avez-vous compris pourquoi la série, terminée en 2021, a eu une telle portée ?

C’est l’histoire d’un peuple qui vit dans une ville entourée de murs. Cela peut arriver dans n’importe quel pays et dans n’importe quelle époque. On s’identifie facilement. Mais c’est vraiment avec l’animé (le dessin animé, diffusé à partir de 2013) que le manga a été connu dans le monde.

Comment vit-on avec la pression des fans ?

C’était dur vers la fin de porter toute cette attente. J’ai souvent voulu solliciter l’aide des autres, j’en parlais un peu avec mes assistants. J’ai participé à une séance de dédicaces hier (vendredi, à L’Alpha), j’étais très intimidé. Je ne savais pas quoi dire, alors que je demandais : « Quel film ou série avez-vous vu récemment ? »

(Après avoir diffusé une vidéo prise dans l’atelier d’Isayama) Avez-vous toujours eu quatre assistants ?

C’était le maximum, quand il y avait un énorme volume de travail (la série était prépubliée dans une revue, comme cela se fait très souvent au Japon, il fallait donc sortir des épisodes chaque mois, NDLR). On tâtonnait ensemble, on cherchait.

Lisez-vous beaucoup de mangas ?

Je n’ai jamais autant lu de mangas ! Je ne sais pas si j’ai pu avoir une influence directe sur d’autres auteurs, mais… Dans le magazine Jump (l’un des plus connus, NDLR), il y avait un manga - qui s’est interrompu - dans lequel les personnages mordent leur main et se battent avec deux sabres (exactement comme le héros de L’Attaque des Titans). Je ne sais pas si j’aurais dû raconter cette anecdote…

Quelles ont été vos relations avec votre responsable éditorial ?

C’est vraiment lui qui a cru en moi quand j’ai apporté le projet, qui m’a dit : « Tu fais bien d’essayer de devenir mangaka ». Pour chaque épisode, on discutait de l’intrigue, puis pendant une semaine je travaillais sur le story-board. On voyait après ce qu’on conservait, ce qu’on enlevait. Au début je me révoltais assez souvent, c’était des discussions compliquées. Ça s’est passé de mieux en mieux.

Changeriez-vous quelque chose à vos premiers livres ?

Je me pose souvent cette question. On m’a souvent dit que la transformation d’Eren en Titan (dès le deuxième tome) était un peu brusque et incongrue. J’aurais peut-être dû mieux l’expliquer.

L’écriture des dialogues a-t-elle été une partie de plaisir, un fardeau ?

J’ai été très influencé par Games of Thrones. Il y a beaucoup d’ironie dans les dialogues. J’ai essayé d’en mettre, moi aussi.

Avez-vous ressenti un cap technique dans votre dessin, qui a parfois été critiqué dans vos premiers livres ?

Je pense que j’ai beaucoup amélioré mes dessins. Au début, je ne pouvais pas engager d’assistants (ils sont au frais de l’auteur et non payés par les éditeurs, NDLR), je n’avais pas les moyens. Avec plus d’assistants, on a pu rajouter des « trames » (des traits gris, des détails qui accentuent les émotions, NDLR).

Comment on passe d’un garçon timide, considéré comme bizarre, à une célébrité qui fait travailler des assistants ?

Quand je repense à mon enfance, j’étais un peu comme un enfant autiste, très renfermé. Ado, je faisais plein de bêtises. À 30 ans, je suis devenu plus adulte. Et c’est sûrement mon mariage qui m’a rendu plus mûr.

La série L’Attaque des Titans est terminée… Qu’allez-vous faire ?

Je vais peut-être partir sur un projet court, c’est quelque chose qui n’est pas encore annoncé (ovation dans la salle). Bon, je me sens obligé de le faire maintenant, avec vos encouragements !