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[Manifestation] Un cran de plus dans la violence à Sainte-Soline

Les opposants l’appellent « la guerre de l’eau ». C’est effectivement à une zone de guerre que ressemblaient ce samedi les abords de la réserve de substitution de Sainte-Soline. Même si, dans leur très grande majorité, les manifestants étaient là pacifiquement, ils bravaient un arrêté préfectoral interdisant le rassemblement et confirmé la veille par le Tribunal administratif.

Des dizains de blessés

Mais une petite minorité était bien venue pour en découdre, avec caillassage des forces de l’ordre, tirs de mortiers d’artifice et de cocktails Molotov. Grenades de désencerclement, bombes lacrymogènes et jets de canon à eau ont répondu aux projectiles lancés sur les gendarmes, positionnés sur tout le pourtour de la réserve pour en empêcher l’accès.

Le bilan est à la hauteur des affrontements entre les 3 200 représentants des forces de l’ordre présents sur place et les 6 000 à 25 000 manifestants qui ont afflué de toute la France et parfois même des pays voisins. Des dizaines de blessés, dont plusieurs en urgence absolue, ont été décomptées chez les gendarmes comme chez les manifestants.

De l’eau pour 450 agriculteurs

L’enjeu de ces violences, c’est le projet de seize réserves d’irrigation prévues dans le sud des Deux-Sèvres : la première, celle de Mauzé-sur-le-Mignon, est déjà construite et en partie remplie, et la deuxième, celle de Sainte-Soline, en cours d’aménagement. Le principe est simple : prélever l’eau surabondante l’hiver et la stocker pour irriguer durant l’été, quand les piézomètres atteignent les seuils critiques et que tombent les arrêtés d’interdiction.

Les seize réserves concernent 450 exploitants réunis au sein de la Coop de l’eau. Elles représentent un investissement de 70 millions d’euros financés à 70 % par des fonds publics. En contrepartie, les agriculteurs concernés se sont engagés, par le protocole d’accord signé en 2018, à établir un diagnostic de chacune de leurs exploitations, et à revoir leurs pratiques pour une meilleure prise en compte de l’environnement.

Les opposants, eux, y voient un « accaparement de l’eau » par la profession agricole, un soutien à « l’agro-business », une menace pour l’environnement dans un contexte de dérèglement climatique, un gaspillage d’argent public pour des intérêts privés… Des positions irréconciliables alors même que plusieurs des organisations aujourd’hui opposées au projet avaient signé le protocole de 2018.

Stress dans les exploitations

Tandis que l’opposition aux réserves a déjà donné lieu à plusieurs rassemblements, celui de samedi est le premier où aucune destruction, en dehors d’une canalisation endommagée à Sainte-Soline, n’est à déplorer. Un soulagement pour les agriculteurs du sud Deux-Sèvres, qui appréhendent ces manifestations et tentent de se protéger. Certains avaient placé des blocs de béton sur les sorties de canalisation pour empêcher d’éventuels sabotages, d’autres assuraient la surveillance de leur réserve afin de prévenir la gendarmerie en cas d’intrusion.

Comme en a témoigné Samuel Beaudoin, éleveur de chèvres en Gaec avec son frère et raccordé à la réserve de Mauzé-sur-le-Mignon, « Voilà des semaines que nous nous préparions à cette attaque avec nos familles, collègues et amis. Des semaines où il a fallu se préparer psychologiquement à être vandalisé tout en restant calme et ne jamais céder à la violence… »