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[Marché des grains] Léger rebond des cours du blé et du colza

La semaine s’est conclue par un renchérissement des céréales à paille et du colza, même si le début de la semaine a plutôt été marqué par un repli des prix. Cette hausse est liée à de nouvelles inquiétudes en Ukraine sur une possible intensification de la guerre, mais également à des données de croissance plus optimistes que prévu aux États-Unis et en Chine.

Le blé français progresse, contrairement aux autres origines

Les prix du blé français ont augmenté cette semaine, après une baisse continue sur l’ensemble du mois de janvier. Le blé rendu Rouen s’est renchéri de 3,5 €/t, à 288 €/t cette semaine. La parité euro/dollar a continué de progresser et a même atteint 1,09 en milieu de semaine, avant de redescendre légèrement. Le blé meunier Fob Rouen a ainsi gagné 6 $/t à 324 $/t, alors même que les origines mer Noire et américaines ont perdu entre 1,5 et 3 $/t sur la semaine.

Les prix mondiaux ont de nouveau été influencés par des informations baissières en provenance de Russie. Les conditions météorologiques exceptionnelles pour un mois de janvier ont favorisé les exportations russes. Au départ de la mer Noire, elles auraient en effet atteint un record absolu. L’amélioration des conditions climatiques pour les blés d’hiver aux États-Unis, avec un retour des pluies, a contribué à la baisse des cours mondiaux. Les précipitations ont également fait leur retour en Afrique du Nord, surtout en Tunisie et dans l’est de l’Algérie. Néanmoins, les pluies des mois de mars et d’avril joueront un rôle primordial dans la progression du rendement de ces pays.

En Ukraine, l’annonce de la livraison de chars de la part de plusieurs pays occidentaux laisse suggérer une intensification de la guerre au printemps, lorsque les prix seront déjà soumis au traditionnel « weather market ». L’Ukraine a reproché cette semaine à la Russie de ralentir l’inspection des bateaux à Istanbul, dans le cadre de l’accord portant sur le corridor sécurisé d’exportation des grains. Le nombre de bateaux inspectés sur le mois de janvier aurait baissé de 40 % par rapport au mois de septembre et d’octobre.

Retrait des prix de l’orge en début de semaine, puis reprise

Après une baisse au cours de la semaine dernière, les prix de l’orge fourragère sur le marché français se sont repliés en début de semaine. Ils se sont repris en milieu de semaine, pour terminer à un niveau rendu Rouen supérieur de 7,5 €/t à celui de vendredi dernier, à 268 €/t (base juillet). Les évolutions du cours de l’orge sur le marché physique français ont été le reflet de la progression des cours du blé tendre et du maïs, portés à leur tour par des contrats à terme en France et aux États-Unis.

La reprise des exports vers la Chine observée depuis la semaine dernière a contribué à la hausse des cours des origines françaises. Selon les différentes sources, entre 600 000 et 900 000 tonnes d’orge fourragère françaises auraient été engagées depuis le début du mois de janvier, pour chargement entre janvier et avril. Ce regain d’intérêt de la Chine pour les orges tricolores se matérialise, avec le chargement de 120 000 tonnes dans les ports français cette semaine.

Les origines russes ont évolué à la baisse depuis vendredi dernier (-3 $/t, à 272 $/t Fob) pour se rapprocher des origines australiennes cotées à 273 $/t Fob. Ces deux origines restent aujourd’hui les plus compétitives sur le marché, soutenues par leurs offres abondantes.

La demande mondiale reste toujours limitée, dans un contexte économique incertain. On remarque toutefois un appel d’offres de la Jordanie le 26 janvier pour l’achat de 120 000 tonnes d’orge.

Contrairement à l’orge fourragère, les prix brassicoles d’hiver et de printemps ont suivi la tendance baissière cette semaine (-8 €/t, à 267 €/t Fob Creil pour l’orge brassicole d’hiver et -8 €/t, à 297 €/t Fob Creil pour celle de printemps). L’offre brassicole abondante continue à peser sur les cours et ce, malgré la mauvaise récolte en Argentine cette année à cause de la sécheresse.

Légère hausse des prix du colza

Sur le début de la semaine, les cours du colza en France ont continué leur baisse, compte tenu de l’annonce du projet allemand d’arrêt progressif (entre 2023 et 2030) de l’incorporation de matières premières agricoles dans la production de biocarburant. Les détails du projet ne sont pas encore connus, mais cela pourrait limiter la production de biodiesel à partir d’huiles végétales dès sa mise en œuvre. Cette dernière pourrait intervenir en 2023, mais plus probablement en 2024, car ce projet va être débattu au sein de la société allemande et par toutes les parties prenantes.

Cela fait planer toutefois la possibilité d’une chute de la demande en huiles et par ricochet en colza. Son contexte européen et mondial se présente déjà lourd sur la fin de campagne 2022/23. C’est le résultat des excellentes récoltes européennes, ukrainiennes, australiennes et plus largement mondiales. Par ailleurs, les conditions climatiques restent satisfaisantes dans l’Union européenne pour les colzas de la prochaine moisson.

Toutefois, sur la fin de la semaine, les prix du colza ont rebondi de 15 €/t, portés par l’annonce jeudi 26 janvier 2023, d’une croissance américaine supérieure aux attentes sur le dernier trimestre 2022. Les cours ont aussi été soutenus par la réouverture de la Chine, qui semble persister dans l’arrêt de sa politique du zéro Covid. Malgré l’épidémie sévère que cela provoque dans l’Empire du milieu, Pékin semble bien décidé à stimuler son économie, quitte à la voir ralentir début 2023.

La consommation de matières premières pourrait donc rebondir d’ici le milieu de l’année, et cela soutient le cours du pétrole et du colza par ricochet. En conséquence, à la suite du rebond des prix du pétrole (à 81 $ le baril à New York, alors qu’il était tombé à 73 $ début janvier), les cours du colza se sont repris, et ont finalement légèrement augmenté sur la semaine – de 4,5 €/t – atteignant 536 €/t rendu Rouen.

Tourteau de soja : la cotation française recule

Les prix des tourteaux de soja à Montoir ont d’abord évolué en forte baisse, entre le 20 et le 23 janvier 2023, avant de progresser légèrement en fin de semaine. Finalement, le cours a reculé de 22 €/t sur la semaine pour s’afficher à 579 €/t. Les bonnes précipitations enregistrées en Argentine, pendant le week-end et les pluies attendues dans les grands bassins de production lors des dix prochains jours, ont permis une détente des prix sur la première moitié de la semaine. Les prix français n’avaient en effet pas tellement réagi à ces annonces sur la fin de la semaine dernière.

Par ailleurs, la demande chinoise était plutôt faible cette semaine en raison des festivités liées au nouvel an lunaire. Cela a contribué à faire pression sur les prix mondiaux. La demande en tourteaux de soja dans l’Union européenne reste toujours menacée par l’épidémie d’influenza aviaire qui frappe de plein fouet les élevages dans plusieurs pays.

La baisse des prix a toutefois été limitée par les craintes de stress hydrique qui pourrait persister en Amérique latine, puisque malgré les pluies attendues dans les prochains jours, cela pourrait être insuffisant pour compenser la dégradation des jeunes plants de soja. D’ailleurs, à Chicago, le cours du tourteau de soja a légèrement progressé sur la semaine, d’environ 7 $/t sur le rapproché, à 526 $/t.

À suivre : évolution de la guerre en Ukraine, croissance mondiale (Chine notamment), prix du pétrole, météo en Amérique du Sud (maïs, soja) et dans l’Europe, épidémie de grippe aviaire dans l’Union européenne, politique biocarburants de l’Allemagne