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[Marché des grains] Les disponibilités en blé russe pèsent sur les prix des céréales

Nouvelle baisse cette semaine pour les prix des céréales sous l’influence des disponibilités russes et du ralentissement de l’économie mondiale. Les prix sur le rapproché demeurent néanmoins soutenus par plusieurs achats. Les prix du colza ont été soutenus par le pétrole, tandis que ceux des tourteaux de soja ont augmenté sur fond d’inquiétudes sur la production de soja sud-américaine.

Baisse des prix du blé français sur les échéances 2023

Les prix du blé français ont baissé sur une semaine sur l’échéance janvier-mars 2023. Le rendu Rouen a en effet perdu 9 €/t, à 309,75 €/t (base juillet). Malgré des perspectives de bilan tout juste à l’équilibre pour le blé français, les prix restent sous l’influence baissière des origines russes.

En effet, la Russie aurait exporté environ 4,4 millions de tonnes de blé en novembre, un chiffre qui augmente progressivement mois après mois. Les 45 millions de tonnes sur l’ensemble de la campagne 2022/23 sont donc atteignables. Cette concurrence russe limite notamment les exportations depuis la Roumanie et la Bulgarie qui sont moins compétitives. La forte récolte russe continue donc de donner le ton sur le marché du blé.

Une bonne récolte australienne est toujours attendue et devrait alimenter le marché du sud-est asiatique. À cela s’ajoute toujours un ralentissement de la demande observé depuis plusieurs mois et qui devrait continuer. Quelques signaux éloignent cependant les craintes d’une récession économique mondiale. Ainsi aux États-Unis, l’inflation a marqué le pas sur octobre et la Fed a annoncé vouloir ralentir sa hausse des taux d’intérêt dans les prochains mois. Enfin, l’euro s’est encore renforcé face au dollar cette semaine (accentuant la baisse des prix exprimés en euro).

Les prix du blé restent élevés sur le rapproché

Le blé rendu Rouen échéance décembre 2022 s’affichait à 324 €/t en cette fin de semaine et affiche donc une forte prime par rapport à l’échéance janvier-mars 2023. Cette prime est soutenue par les récents achats effectués avec notamment 455 000 tonnes achetées par la Turquie (pour des chargements répartis en décembre et février) et 450 000 tonnes achetées par l’Algérie cette semaine.

La demande demeure bien présente sur le rapproché. Cet achat algérien pourrait être en partie d’origine Union Européenne (UE) selon des opérateurs, ce qui soutient les prix français sur le rapproché.

L’origine UE bénéficierait des craintes de voir les conditions hivernales entraver les exportations russes. Enfin, les engorgements dans les inspections des bateaux ukrainiens en Turquie, inspections obligatoires pour tout bateau ukrainien passant par le détroit du Bosphore dans le cadre de l’accord entre la Russie, l’Ukraine et les Nations Unies, sont également de nature à soutenir les prix sur le court terme.

Les prix des maïs français sous la barre des 300 €/t

Les prix du maïs sur le marché français ont baissé cette semaine. Le maïs Fob Bordeaux a baissé de 5 €/t, à 298 €/t (prix acheteur). Le maïs Fob Rhin a baissé de 4 €/t, à 299 €/t (traité). Les prix du maïs français continuent de se recalibrer sous la pression des prix du maïs ukrainien et de la forte disponibilité en blé russe. Le renchérissement de l’euro par rapport au dollar contribue également à la baisse des prix du maïs français. Les acheteurs, que sont notamment le Mexique et la Corée du Sud, reviennent progressivement aux achats sur des niveaux de prix proches des 300 €/t en Fob.

Sur la scène internationale, les maïs français ne sont pas compétitifs. Outre-Atlantique, les prix du maïs américain ont fortement baissé sur une semaine, conséquence d’un niveau d’exportation et de nouvelles ventes inférieures aux attentes des analystes. De plus, la publication hebdomadaire des chiffres de l’EIA (US Energy Information Administration) montre une baisse de la production d’éthanol et une hausse des stocks d’éthanol sur une semaine. Les prix du maïs US restent les moins compétitifs de toutes les origines mondiales étant donné les disponibilités limitées dans ce pays.

Au Brésil, les volumes de maïs exportés depuis le début de la campagne 2022/23 continuent sur un rythme record. Pas moins de 6 millions de tonnes de maïs ont été exportées en novembre selon les données douanières. Pour le Brésil, la campagne 2022/23 est attendue record à tous les niveaux, avec une production prévue proche des 126 millions de tonnes et des exportations à plus de 40 millions de tonnes. En Argentine, les prévisions de récolte sont plus pessimistes avec des conditions climatiques défavorables. En conséquence, les disponibilités à l’export du pays se voient potentiellement réduites.

Une volatilité toujours présente pour les cours du colza

Sur une semaine, les prix du colza français ont globalement peu changé. En effet, après avoir augmenté en première partie de semaine, les prix ont finalement régressé entre le 30 novembre et le 1er décembre, engendrant au final une hausse de 5 €/t pour le colza rendu Rouen, et une légère hausse de seulement 0,5 €/t pour le Fob Moselle.

Les prix français s’affichent ainsi entre 580 et 590 €/t au 1er décembre 2022, partagés entre les diverses actualités impactant l’offre et la demande en oléagineux. Ainsi, le colza a trouvé du soutien dans les prix du pétrole. Ces derniers se sont renchéris en raison des craintes du marché concernant un possible nouvel abaissement de la production par les pays de l’OPEP+, qui se réunissent ce dimanche 4 décembre, alors que la Chine laisse entrevoir quelques allégements des restrictions sanitaires contre la Covid-19 (après des manifestations de la population). Par ailleurs, les prix du colza ont également été tirés vers le haut par les cours du soja en raison de la sécheresse en Argentine.

Toutefois, les cours du colza continuent d’être sous la pression d’une production mondiale record. La récolte australienne, également attendue à un niveau record, a débuté dans de bonnes conditions. Les inquiétudes concernant la demande en huiles, affectée par le ralentissement économique, sont aussi source de baisse de prix. Par ailleurs, en cette fin de semaine, l’annonce des États-Unis d’un mandat d’incorporation pour la production de biodiesel plus faible qu’attendu par les opérateurs, a engendré une baisse du prix de l’huile de soja, affectant ainsi le prix des autres huiles et du colza. Les publications à venir des rapports canadiens (Statcan) et australiens (Abares) seront à surveiller.

La hausse des cours du tourteau de soja se poursuit

Les prix du tourteau de soja ont progressé cette semaine. La cotation à Chicago a gagné 12 $ sur le rapproché pour s’afficher à 464 $/t. Le Fob argentin a lui progressé de 13 $ pour s’établir à 488 $/t. À Montoir, la hausse a été un peu plus modérée, de seulement 2 €, à 532 €/t. Le tourteau de soja a aussi gagné en attractivité ces dernières semaines en Europe grâce à la hausse de la parité euro/dollar. Une demande régulière du secteur de l’alimentation animale a permis de soutenir les prix, étant donné que le tourteau de soja est plutôt bien placé dans les rations animales. Son prix est aussi soutenu par les faibles niveaux actuels de production dans l’UE, en raison de marges industrielles faibles et d’une forte concurrence du colza dans les lignes de trituration.

À noter que les stocks de tourteau de soja demeurent à des niveaux très bas dans l’Empire du milieu, où les marges de trituration sont restées faibles pendant une grande partie de l’année, et se sont légèrement dégradées récemment (chute du prix du tourteau en Chine). La semaine dernière, les stocks chinois étaient 50 % inférieurs à leur niveau de l’an dernier à la même période.

La hausse des cours du tourteau de soja a toutefois été freinée par le repli du prix de la fève. Le taux d’incorporation d’huile de soja aux États-Unis pour 2023-2025 serait en effet inférieur aux attentes du marché, ce qui a déclenché un mouvement baissier sur le marché à terme de l’huile et par ricochet de la graine. Les yeux restent aussi rivés sur la progression des semis en Amérique latine. Des inquiétudes demeurent quant au déficit hydrique des sols en Argentine, bien que des précipitations soient attendues dans les prochaines semaines dans certains grands bassins de production. Au Brésil, si les conditions météorologiques ont été favorables ces dernières semaines, le manque de précipitation à venir dans certaines parties du Mato Grosso n’est pas à écarter. Ce paramètre pourrait affecter la production de soja à venir.

À suivre : les récoltes de blé et d’orge en Argentine et en Australie, la récolte de maïs en Ukraine, la croissance des maïs et du soja en Amérique du Sud, les restrictions sanitaires en Chine, évolution du change euro/dollar, les exportations de la Russie et de l’Ukraine, récolte de colza en Australie, cours du pétrole.