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[Marché des grains] Oléagineux et céréales en baisse, à l’exception du blé

Le durcissement du conflit en mer Noire suscite beaucoup d’inquiétudes quant à la capacité d’exportation de la Russie et de l’Ukraine. Il conduit à une hausse des prix du blé cette semaine, alors que l’inflation et le ralentissement de l’économie mondiale sont les facteurs dominant pour les prix du maïs et des oléagineux.

Hausse des prix du blé à la suite des décisions russes

Sur Euronext, l’échéance décembre est repassée au-dessus du niveau de 350 €/t en fin de semaine, se situant à 354,25 €/t en milieu d’après-midi ce vendredi 30 septembre 2022, une progression de 8 €/t par rapport à sa clôture de vendredi 23 septembre. Les prix ont également grimpé sur le marché physique, de 5 €/t rendu Rouen à 351,5 €/t base juillet. La montée des prix rendu Rouen concerne cependant le « rapproché » uniquement alors que l’échéance janvier-mars est restée stable.

La tendance générale cette semaine était à la hausse. Celle-ci a été portée par les inquiétudes concernant la situation en Ukraine avec l’organisation des référendums par la Russie dans les territoires occupés, la probable annexion forcée qui va en découler et les menaces d’utilisation d’armes nucléaires. Le sabotage en mer baltique et la fuite des gazoducs Nord Stream n’a fait qu’amplifier les craintes.

Dans ce contexte, les opérateurs ajoutent des primes de risque aux prix. À cela vient s’ajouter un temps assez sec aux États-Unis qui pourrait compliquer les semis d’hiver, ainsi que des excès de pluies qui dominent dans le centre et la Volga en Russie. Ces conditions météo risquent de conduire à une chute des surfaces semées en blé pour la récolte 2023 par rapport à la très forte surface de 2022.

Un euro faible, facteur de soutien

Pour les blés européens, ces facteurs haussiers ont été renforcés aussi par une nouvelle chute de l’euro cette semaine à 0,97 dollar. Elle vient relever légèrement la compétitivité des blés de l'Union européenne.

Malgré tout, cette dernière est bien mise à mal par les blés de la mer Noire : les prix russes ont eux aussi évolué en hausse, mais de manière moins prononcée que les blés français, par exemple. En conséquence, la compétitivité russe se renforce encore, avec un avantage de 25 $/t en position Fob des blés russes à 12,5 % de protéine par rapport aux blés français. Cet avantage grimpe à 40 $/t pour les blés à 11,5 % de protéine. Ce sont ainsi probablement des blés de la mer Noire qui viennent de gagner le dernier appel d’offres algérien : un achat environ 300 000 tonnes de blé à 11,5 % de protéine pour chargement en novembre, vendu aux alentours de 370 $/t à destination.

Panorama inquiétant du côté de la demande

Cette perte de compétitivité des blés européens (français mais aussi allemands et baltes) constitue toutefois un élément qui est venu limiter la hausse des prix en fin de semaine.

La semaine avait d’ailleurs commencé sur une note baissière à cause de la situation financière mondiale, des effets résultant des hausses de taux d’intérêt aux États-Unis et des craintes de hausse de l’inflation. La cerise sur le gâteau est venue du Royaume-Uni après les déclarations du Chancelier à l’Échiquier qui ont fait plonger la livre et ont forcé la banque centrale anglaise à intervenir.

Les coûts de production très élevés de l’ensemble de l’industrie font craindre des réductions de productions (que ce soit dans les secteurs de l’éthanol, de l’amidon et même de la bière). Ces éléments sont baissiers, de même que la propagation importante de la grippe aviaire.

Deux tendances fortes s’affrontent donc : inquiétudes de fortes perturbations des exportations russes et ukrainiennes avec le conflit qui s’intensifie encore d’un côté et réduction de la demande de l’autre.

Les prix du maïs influencés à la baisse par les importations

Le maïs FOB Bordeaux a baissé de 5,5 €/t cette semaine, à 345 €/t (base juillet, récolte 2022). Le prix FOB Rhin a augmenté, de 1 €/t, à 328 €/t (base juillet, récolte 2022). Les marchés fluctuent fortement d’un jour à l’autre ces derniers temps. Les facteurs de ces changements sont multiples. Ils portent à la fois sur les incertitudes géopolitiques liées à la guerre en Ukraine et sur les craintes d’une économie mondiale affectée par les problèmes énergétiques.

Malgré des résultats de récolte très décevants, le prix du maïs FOB Bordeaux corrige à la baisse du fait d’un manque de compétitivité face aux origines brésiliennes et ukrainiennes sur l’Espagne (les niveaux de prix sont toutefois très nominaux). De plus, l’avancée des récoltes fait pression sur les prix permettant un recalibrage du prix FOB Bordeaux.

Du côté de la récolte française, plus de la moitié de la surface de maïs a été récoltée (51 % au 26 septembre). Elle s’annonce toujours très basse (moins de 10,5 millions de tonnes). Aux États-Unis, la récolte a atteint 12 % des surfaces semées et les retours de rendements sont encore peu nombreux. Ce vendredi 30 au soir, l’USDA (ministère de l'Agriculture américain) publiera les chiffres des stocks de maïs américains au 1er septembre, ce qui pourra apporter une volatilité supplémentaire sur un marché déjà nerveux.

En Amérique du Sud, le déficit de précipitation en Argentine pénalise les semis de maïs suggérant une baisse potentielle des surfaces chez le troisième plus gros exportateur. Au Brésil, des pluies sont prévues dans les prochaines semaines sur une large partie du pays, permettant de sécuriser les surfaces de la première récolte.

En Ukraine, le rythme des exportations s’accentue avec près de 1,8 million de tonnes de maïs exportées en septembre selon les données douanières. Ce flux non négligeable sur le marché permet notamment aux Européens de bénéficier d’une ressource clé, alors même que leur production est au plus bas. Néanmoins, des incertitudes pèsent sur la pérennité du corridor maritime, ce qui maintient une forte volatilité sur le marché du maïs.

Évolution à la baisse puis à la hausse pour l’orge

Après une forte remontée au cours des deux dernières semaines, les prix de l’orge fourragère sur le marché français ont enregistré une baisse en début de semaine avant de repartir à nouveau en hausse ces derniers jours. Le prix rendu Rouen du 30 septembre échéance octobre-décembre a ainsi perdu 1,50 €/t par rapport à la semaine précédente, à 313 €/t (base juillet). Malgré cette légère baisse enregistrée sur la semaine, les prix restent à des niveaux élevés. L’escalade dans le conflit russo-ukrainien ces derniers jours renforce l’inquiétude des opérateurs quant aux exportations de grains en provenance des ports de la mer Noire et empêche les prix de descendre.

À l’international, les prix des origines australiennes ont évolué à la hausse depuis vendredi 23 (+2 $/t, à 280 $/t Fob), tandis que ceux des origines russes ont baissé de 3 $/t à 282 $/t Fob au 30 septembre. Ces deux origines affichent désormais la parité en prix Fob et restent nettement plus compétitives que les orges tricolores, cotées 308 $/t Fob Rouen au 30 septembre. Néanmoins, les inquiétudes persistent concernant la capacité de la Russie d’exporter ses disponibilités exceptionnelles cette année : une nette baisse des exportations russes a été enregistrée depuis le début du mois (286 000 tonnes au 27 septembre, soit 68 % de moins qu'au mois d’août).

Côté demande, on note des nouveaux appels d’offres de la Jordanie et des Philippines pour l’achat de 120 000 et 50 000 tonnes d’orge respectivement ainsi que l’achat de la Corée du Sud (12 000 tonnes). 

Les prix brassicoles d’hiver et de printemps ont enregistré une hausse de +5 €/t et +3 €/t respectivement depuis vendredi dernier (à 355 €/t et 330 €/t Fob Creil), poussés par les incertitudes concernant la situation en mer Noire.

Incertitudes sur le marché du colza

Le marché du colza a été tiraillé cette semaine entre les bonnes disponibilités mondiales et les tensions géopolitiques bien présentes en mer Noire. D’une part, la production mondiale continue de prétendre à un nouveau record avec une forte récolte attendue en Australie pour la deuxième année consécutive, un rebond de la production au Canada (après celui de l’Union européenne). D’autre part, les craintes de récession continuent d’inquiéter les demandes alimentaires et énergétiques. En conséquence des bonnes récoltes et du contexte économique ralenti, le marché mondial du colza devrait se détendre, ce qui fait pression sur les prix.

Toutefois cette semaine, cette tendance à la baisse a été freinée par les tensions géopolitiques en mer Noire. Elles engendrent des craintes quant à l’arrêt du corridor maritime, mais également quant à la sécurité énergétique (avec les explosions ayant affecté les gazoducs et la baisse envisagée par les pays de l’Opep, organisation des pays exportateurs de pétrole, de la production de pétrole).

Finalement cette semaine, les cours du colza en France ont très légèrement progressé de 6€/t, atteignant ainsi 608 €/t rendu Rouen et 613 €/t en Fob Moselle. Par ailleurs, la hausse des cours du canola au Canada a également participé à cette progression. Malgré le rebond de la production attendu au Canada cette année, la récolte en cours laisse présager des rendements inférieurs aux attentes.

Peu d’évolution pour les prix du tournesol

En France, la demande pour la trituration a accéléré quelque peu depuis la semaine dernière mais reste relativement faible. Les triturateurs se concentrent encore sur la graine de colza, dont les marges industrielles sont meilleures que celles du tournesol. Le prix du tournesol oléique recule de nouveau de 15 €/t à 650 €/ alors que celui de la graine standard s’est stabilisé à 570 €/t.

En Ukraine, les incertitudes demeurent importantes quant aux capacités de trituration effectives et celles d’exportations de graine et d’huile. La récente escalade dans l'offensive de la Russie en Ukraine, liée à l'annexion annoncée des territoires ukrainiens risque de fragiliser l’accord entre les deux pays sur le corridor maritime et remet en question la possibilité de sa prolongation. Sur les champs, les retards pris dans la récolte et la bonne demande en graine pour la trituration et pour l’exportation empêchent les cours de diminuer. Ainsi, le prix de la graine rendu frontières Ouest s’est maintenu à 495 $/t.

Les cours du soja reculent dans le sillage de l’huile et du tourteau

Les cours mondiaux du soja ont reculé cette semaine. En cause notamment, la baisse des prix de l’huile et du tourteau de soja. Le ralentissement de l’économie mondiale pèse sur la demande. Selon l’OCDE, le taux de croissance mondiale ralentirait en 2023 pour s’afficher à 2,2 % (contre 3 % en 2022).

En parallèle l’inflation progresse dans plusieurs pays du monde en raison notamment de la guerre en Ukraine. Ces éléments agitent les marchés des matières premières, provoquant la chute du prix du pétrole et des céréales en début de semaine. De quoi peser sur les cotations du soja.

À Chicago, le prix sur le rapproché a reculé (-17 $/t) pour s’afficher à 518 $/t. Le Fob brésilien a quant à lui perdu 8 $/t pour s’établir à 596 $/t. En perdant de la hauteur, le soja devrait devenir un peu plus attractif dans les lignes de trituration. Par ailleurs, la perspective de voir le bilan mondial de soja s’alourdir en nouvelle campagne du fait d’une production attendue à un niveau record au Brésil fait aussi pression sur les prix. Pour l’heure des précipitations sont attendues dans le Sud, sud-est et le centre ouest du pays. Les conditions pour les semis y restent donc correctes, pour le moment.

Les prix des tourteaux de soja chutent avec le repli de la demande

Les prix mondiaux du tourteau de soja ont accusé de fortes baisses cette semaine, en lien notamment avec la diminution de la demande mondiale. Les craintes de récession planétaire incitent les acheteurs à la prudence. En effet, si l’inflation et le ralentissement de la croissance des économies se poursuivent, cela devrait peser sur les dépenses des ménages en produits animaux, et en conséquence diminuer la demande en tourteaux de soja.

La cotation aux États-Unis est tombée de 41 $/t pour s’afficher à 451 $/t sur le rapproché. Le prix à Montoir a perdu 32 €/t pour s’établir à 561 €/t. Le Fob argentin a lui aussi reculé de 36 $/t pour s’établir à 461 $/t. À noter que le taux de change préférentiel sur le soja argentin prend fin le 30 septembre et ne devrait pas être renouvelé. Cela devrait ralentir le rythme des ventes de la marchandise argentine.

Porté par la baisse des prix du tourteau de soja, le prix du pois recule de 1,5 €/t sur la semaine à 381 €/t départ Marne.

À suivre : comportement de la Russie et conflit Russie-Ukraine, aptitude à l’export de la Russie et de l’Ukraine, compétitivité des céréales française, taux d’intérêt et impact sur la demande, conditions climatiques en Amérique du Sud (soja), (grippe aviaire en Europe).