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Maroc : Face à la pénurie d'eau, les villageois oscillent entre larmes et fatalisme

"Ça me donne envie de pleurer quand je vois les villageois courir tous les matins à la fontaine et chercher de l'eau pour leurs voisins." Un village isolé à 140 km de Casablanca.

Le village autrefois fertile d'Ouled Essi Masseoud fait maintenant face à une pénurie d'eau qui menace tout le Maroc.

Situé au pied d'une colline, ce quartier n'a pas d'eau courante et n'est alimenté qu'à partir de fontaines publiques ou de puits privés.

"La fontaine ne fonctionne qu'un ou deux jours par semaine. Le puits a commencé à se tarir et la rivière voisine s'assèche de plus en plus", a déclaré Sbaï à l'AFP.

"La pénurie d'eau nous fait souffrir", poursuit un homme de 60 ans qui va chercher de l'eau chez un voisin.

Compte tenu de la situation géographique d'Ouled Essi Masseoud, situé dans la province agricole de Settat près de la rivière Oum Errabiâ et du barrage Al Massira, le deuxième plus grand barrage du Maroc, la situation est critique.

Selon les dernières statistiques officielles, le réservoir, qui alimente en eau potable plusieurs villes, dont Casablanca, la capitale économique du Maroc et ses trois millions d'habitants, n'est rempli qu'à 5 %.

Sur le terrain, l'ampleur de la catastrophe est stupéfiante. Le réservoir d'Al Masirah n'est guère plus qu'un étang entouré de kilomètres de terre craquelée parsemée de minuscules coquillages.

- Contrainte "structurelle" -

À l'échelle nationale, seuls 27 % des barrages sont remplis. Une situation alarmante causée par la pire sécheresse que le Maroc ait connue depuis au moins 40 ans.

Un troupeau de moutons marchent sur la terre fissurée au barrage d'al-Massira dans le village d'Ouled Essi Masseoud, à environ 140 kilomètres au sud de Casablanca, le 8 août 2022 au milieu de la pire sécheresse enregistrée au Maroc depuis au moins quatre décennies (AFP - FADEL SENNA)
Un troupeau de moutons traversant le sol fissuré du barrage d'Al Massira dans le village d'Ouredo-Essi Maceudo, à environ 140 kilomètres au sud de Casablanca, le 8 août 2022. Le Maroc depuis au moins 40 ans.(AFP - FADEL SENNA)

Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 1 700 m3 par habitant et par an.

En comparaison, la disponibilité de l'eau dans les années 1960 a quadruplé pour atteindre 2 600 m3.

Selon un récent rapport de la Banque mondiale sur l'économie marocaine, la situation place le royaume de Chérifia dans une "situation de stress hydrique structurel", auquel répond le rationnement de la consommation d'eau.

Un oiseau mort au barrage d'al-Massira dans le village d'Ouled Essi Masseoud, à environ 140 kilomètres au sud de Casablanca, le 8 août 2022 au milieu de la pire sécheresse enregistrée au Maroc depuis au moins quatre décennies (AFP - FADEL SENNA)
Un oiseau mort au barrage d'Al Masira, un village à environ 140 kilomètres au sud de Casablanca, le 8 août 2022. Depuis au moins 40 ans (AFP - FADER SENNA)

Le ministère de l'Intérieur a ordonné aux gouvernements locaux de limiter l'approvisionnement en eau si nécessaire et d'arroser les espaces verts et les terrains de golf avec de l'eau potable interdite.

L'enlèvement illégal des puits, des sources et des cours d'eau est également interdit.

A plus long terme, le Maroc prévoit de construire 20 usines de dessalement d'ici 2030, qui fourniront une part importante de ses besoins en eau potable, selon le ministère de l'Equipement.

"Nous gérons des crises, pas des risques prédictifs", a déclaré à l'AFP l'expert en ressources en eau Mohamed Jalil. Il estime également qu'il est difficile de contrôler efficacement les mesures prises par les autorités.

- "L'agriculture des arbres mangeurs d'eau" -

Un autre talon d'Achille dans le pays est "Favoriser la culture des fruits mangeurs d'eau et sous-estimer les petits producteurs". La politique agricole, souligne l'agronome Mohamed Sulaï.

Cette agriculture repose sur l'irrigation au goutte-à-goutte, augmentant paradoxalement la consommation d'eau et rendant cultivables les zones sèches, selon Sulaili.

Les terres asséchées près du barrage d'al-Massira dans le village d'Ouled Essi Masseoud, à environ 140 kilomètres au sud de Casablanca, le 8 août 2022 au milieu de la pire sécheresse enregistrée au Maroc depuis au moins quatre décennies (AFP - FADEL SENNA)
Terre sèche près du barrage d'Al Massira dans le village d'Ouredo Essi Maceudo, à environ 140 kilomètres au sud de Casablanca, le 8 août 2022. Pendant au moins 40 ans (AFP - FADEL SENNA)

Le Maroc affirme que la technologie va "tripler" la superficie irriguée, "augmentant ainsi plutôt qu'en réduisant la consommation totale d'eau". "secteur agricole", a déclaré la Banque mondiale.

En fait, plus de 80 % de l'eau du Maroc est utilisée dans l'agriculture, un secteur majeur de l'économie qui représente 14 % du PIB.

Non loin du barrage d'Al Masirah, Mohammed, nonagénaire, se tient devant une parcelle de terre aride.

"Je n'ai plus d'eau, donc je ne labourerai plus", a-t-il expiré.

La jeune génération du village semble manquer de résilience.

"La sécheresse nous met dans une situation précaire", a déclaré Sufiane, un berger déscolarisé de 14 ans, regardant le barrage d'un air désolé. . "J'ai l'impression que ça va empirer."