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Martin Panchaud, ce jeudi, à Angoulême : son Fauve d’or est une sacrée revanche

Avec une particularité : dans « La couleur des choses », le premier album de Martin Panchaud, Simon Hope est une pastille brune, sa mère est bleue, son père est vert. Et toutes ces péripéties sont vues du ciel. Coup de cœur d’Alexandre Astier, président du jury lors du 50e Festival de la BD, l’ouvrage, édité chez Çà et là, a reçu le Fauve d’or en janvier. Son auteur suisse est de retour ce jeudi, à Angoulême. Il est invité par la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image à échanger avec ses lecteurs, à partir de 18 heures, à l’auditorium du musée.

Qu’est-ce que le Fauve d’or a changé dans votre vie ?

Avant, il fallait que j’explique : « C’est l’histoire de Simon Hope… » Maintenant, je dis : « C’est le Fauve d’or, meilleur album de l’année, faites votre choix ! » C’est un argument assez solide. Pendant très longtemps, j’ai dû essayer de convaincre des éditeurs que ça pouvait marcher, que ce n’était pas seulement un truc indépendant bizarroïde. Maintenant, quand je présenterai un projet, je pense qu’on aura une oreille plus attentive à mon égard. Ce Fauve d’or, c’est un peu comme un joker qui permet d’aller plus vite.

C’est un album qui peut paraître pointu au premier abord. Est-il réservé aux spécialistes de BD ?

Je n’ai pas forcément pensé à ceux qui lisent de la BD mais à tous ceux qui lisent. L’histoire est classique. C’est un protagoniste qui vit des aventures. On reconnaît différents genres comme le polar, le road trip, le drame… C’est très basique. J’ai des lectorats très différents et même des gens qui ne lisent pas de BD.

Je fais partie de ceux qui se sont dit, en ouvrant l’album, qu’il allait falloir s’accrocher. En fait, on plonge vite dans l’aventure…

Quand j’ai découvert ce style narratif, je me suis dit il y avait un aspect tellement âpre au début qu’il allait falloir absolument que j’aie une narration fluide sans accroc pour que le lecteur ne soit pas en train de surtravailler, de tout interpréter, qu’il ne soit pas perdu. Il y a vraiment eu un travail d’écriture, de réécriture pour que tous les dialogues se lisent bien. J’ai travaillé au mieux pour arriver à ce « flow », comme diraient les Américains.

Pourquoi avez-vous fait ce choix graphique ?

Ce qui m’intéresse, c’est de raconter une histoire avec le minimum d’éléments possibles. Je suis un grand dyslexique. J’ai souvent été en échec scolaire. Je voulais rentrer dans des écoles de multimédia sauf que personne ne voulait de moi parce que mes notes étaient trop mauvaises. Je me suis donc retrouvé dans un établissement qui faisait du multimédia et de la bande dessinée au fin fond des montagnes suisses et c’est là que j’ai été converti à la BD. C’est l’avantage de la page blanche qui fait que j’ai pu poser quelque chose de neuf sur le choix de mon style, de mon langage.

Cette dyslexie ne vous a pas empêché d’aller vers le monde du livre…

L’école, c’était une catastrophe. Mais, par le hasard, je me suis retrouvé à faire de la BD et donc à être confronté au monde du livre. Aujourd’hui, j’ai toujours des difficultés à lire mais ça va beaucoup mieux. L’orthographe, c’est toujours une catastrophe. J’ai trouvé, à travers ce langage visuel, un moyen de m’exprimer. Ce Fauve, c’est une revanche sur le monde du livre mais aussi sur le monde de l’éducation, qui aime bien fermer des portes ou mettre des barrières. Aujourd’hui, je pense qu’on peut se permettre d’aller droit vers ce qu’on veut.

« Objet étrange », « singulier », « BD expérimentale », « Ovni »… Ce sont les mots de la presse pour qualifier votre album. Comment le classez-vous, vous ?

C’est un livre qui raconte une histoire, qui utilise le pouvoir de l’imaginaire de l’esprit humain pour véhiculer des idées, des sensations… Je laisse le soin aux journalistes ou aux théoriciens de la BD de classer cet album quelque part. Moi je me suis dit que tout le monde devrait pouvoir le lire.

J’ai trouvé, à travers ce langage visuel, un moyen de m’exprimer.

Rencontre avec Martin Panchaud, ce jeudi 30 mars, à 18 heures, à l’auditorium de Musée de la BD. Gratuit.