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Massignac : un sursis pour le locataire barricadé

Massignac : un sursis pour le locataire barricadé
La maison que le locataire refuse de quitter

Quentin Petit

Par Jean-François BARRÉ - jf.barre@charentelibre.fr, publié le 7 octobre 2022 à 9h30.

Le locataire d’une maison de Massignac, âgé de 53 ans, en litige avec son propriétaire, devait être expulsé jeudi. Il s’est retranché chez lui avec des bidons d’essence. Une journée de négociations et une porte s’est entrouverte. Il reste chez lui dans l’immédiat.

Notre souci c’est l’apaisement, faire retomber la pression. » Au terme d’une folle journée dans la campagne limousine à Massignac, le colonel Pierre-Henry Crémieux, patron des gendarmes de la Charente l’a confirmé jeudi soir. « Il n’y aura pas d’expulsion ce soir ». Ce qui ne signifie pas pour autant que Khalid Boufhir, 53 ans, qui s’était retranché chez lui depuis le matin a obtenu gain de cause.« On appliquera le Droit...

Notre souci c’est l’apaisement, faire retomber la pression. » Au terme d’une folle journée dans la campagne limousine à Massignac, le colonel Pierre-Henry Crémieux, patron des gendarmes de la Charente l’a confirmé jeudi soir. « Il n’y aura pas d’expulsion ce soir ». Ce qui ne signifie pas pour autant que Khalid Boufhir, 53 ans, qui s’était retranché chez lui depuis le matin a obtenu gain de cause. « On appliquera le Droit ».

Retranché chez lui, derrière ses fenêtres murées, avec des bidons d’essence et quinze jours de vivres.

En fin de journée, ses hommes qui cernaient la maison du village de Thauzac, à Massignac et le négociateur, suspendu au téléphone depuis le matin l’ont assuré à l’homme retranché chez lui, derrière ses fenêtres murées, avec des bidons d’essence prêts à être enflammés sur le plancher et quinze jours de vivres dans le frigo et les placards : le parquet d’Angoulême venait de rédiger un document qui lui assure que sa situation serait examinée, qu’il serait entendu, de même que son propriétaire avec qui il est en conflit depuis plusieurs années.

C’était assurer les conditions d’un « retour à la normale », c’est-à-dire que disparaisse la menace de « mettre le feu à la maison » qu’avait proférée Khalid Boufhir. « Il s’agit aussi de le protéger lui-même », précise le commandant Gauci, patron de la compagnie de Confolens.

Khalid Boufhir nous l’a confié hier matin. Il savait que l’huissier devait venir ce jeudi, qu’il aurait obtenu de la préfecture le concours des forces de l’ordre pour faire exécuter la décision de justice. « Je me suis préparé depuis une semaine. » L’issue semblait inéluctable. Le conflit entre locataire et propriétaire était arrivé à son terme. Parce qu’il ne touchait plus ses loyers, Olivier Perrot de Corgnol, le propriétaire, avait obtenu un jugement d’expulsion. Son locataire le décrit comme un « marchand de sommeil » qui ne lui aurait pas payé les travaux effectués dans la maison en échange d’une partie des loyers. Ce propriétaire a déjà fait parler de lui dans les colonnes de Charente Libre.

Sortie de crise

Insoluble. Hier matin, le négociateur de la gendarmerie a établi le contact, qui s’est poursuivi, par intermittence tout au long de la journée. Sans montée en tension particulière. Khalid Boufhir voulait avant tout que l’on parle de son affaire. Mais la menace avait été prise au sérieux par les forces de l’ordre. Une vingtaine de gendarmes de la compagnie de Confolens, dont le peloton de surveillance et d’intervention (PSIG) de Ruffec ont pris position autour de la maison. Avec eux, autant de pompiers, leur camion incendie de grande capacité. Et les discussions se sont engagées. Alors que le maire distribuait les sandwiches et le café aux forces de sécurité, même le propriétaire s’est annoncé sur les lieux. « Je suis bien la dernière personne qu’il souhaiterait voir », a-t-il pourtant lancé.

Premier signe de détente, en fin d’après-midi. Nicolas Talbot, l’huissier confolentais qui devait procéder à l’expulsion a quitté le village de Thauzac, suspendant ainsi de fait la procédure d’expulsion. À 18 heures, les discussions continuaient, en lien avec le parquet, la préfecture, l’avocat du locataire, alors que se dessinait la porte de sortie de crise. Il n’était pas pour autant question de le laisser « dans cette situation-là ». Une situation juridique compliquée alors que rien ne pouvait vraiment être reproché à Khalid Boufhir, qui n’était pas armé, qui n’avait menacé personne et n’avait, de son aveu, pas l’intention de s’en prendre aux forces de l’ordre.

Le parquet a choisi la voie du dialogue, « ce qui nous laissera la possibilité de voir avec le propriétaire et le locataire, de prendre la mesure du conflit dans les jours qui viennent, traduit le colonel Crémieux. Il faut que l’on comprenne. Il nous dit des choses. On va vérifier. On va travailler et on appliquera le droit ». C’est sur ce thème que se sont engagées dans la soirée les ultimes négociations. Avec notamment l’espoir de récupérer les bidons d’essence. Par sécurité.