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Mathieu Raynal sur sa décision arbitrale lors d'Australie-All Blacks : «J'assume»

ENTRETIEN - Il y a deux semaines, l'arbitre français a sanctionné l'ouvreur des Wallabies à quelques secondes de la fin du test contre la Nouvelle-Zélande pour gain de temps. Une décision à l'origine de la victoire sur le fil des All Blacks qui avait provoqué la fureur des joueurs et médias australiens.

Élu par ses pairs, mais aussi par les joueurs et les entraîneurs du Top 14 Meilleur arbitre de la saison 2021-2022 lundi soir lors de la Nuit du Rugby, Mathieu Raynal est revenu pour la première fois sur sa décision controversée lors d'Australie-Nouvelle-Zélande il y a quinze jours.

Le Figaro : Assumez-vous votre décision qui a fait basculer le sort du premier test entre l'Australie et la Nouvelle-Zélande ?
Mathieu Raynal : Oui, j'assume toujours ce que je fais. J'assume cette décision à 100%. J'avais les raisons nécessaires pour la prendre. Je sais que c'est une décision qui fait parler, qui fait beaucoup de bruit, mais j'essaie de m'affranchir de ce contexte à pression pour faire ce qui me semble le plus juste. C'est le cœur de mon métier. Et parfois, ça crée des tensions, des frustrations, des polémiques, mais j'assume ce que je fais.

Vous n'avez fait qu'appliquer que la règle 20…
Oui, c'est la règle. (Sourire) Mais au rugby, c'est compliqué. Il y a la règle, l'esprit de la règle. On peut toujours discuter au rugby. Les choses ne sont jamais blanches ou noires mais souvent grises.

« Ce n'est pas moi qui aie pris cette décision, c'est le joueur qui m'a forcé à la prendre. C'est différent. »

C'était une décision courageuse à ce moment de la partie…
Ça se passe vite mais je suis quand même lucide. Quand je prends cette décision, c'est que j'ai des raisons de la prendre. En l'occurrence, j'ai averti cinq fois un joueur (l'ouvreur australien Bernard Foley) qu'il devait taper en touche, dont deux avertissements officiels. Il doit m'écouter. J'ai été très clair. À un moment, je ne pouvais plus faire autrement. Ce n'est pas moi qui aie pris cette décision, c'est le joueur qui m'a forcé à la prendre. C'est différent. Je n'avais plus le choix. Quand j'engage le processus, je dois aller jusqu'au bout. Mais ce n'est pas courageux ni difficile. C'est mon travail. J'ai toute confiance dans le processus que j'ai suivi.

Pensez-vous que beaucoup d'arbitres l'auraient prise ?
Je ne sais pas. Je ne suis pas les autres. Je fais ce qu'il me semble le plus juste sur le terrain et je l'assume après. Mais ce n'est pas mon rôle de dire aux autres ce qu'ils doivent faire.

« Mon travail s'arrête une fois que je sors du terrain. Quand la décision est discutée, ce n'est pas un débat dans lequel j'ai envie de rentrer. »

Cela vous a valu quelques critiques mais également beaucoup de soutien…
Pour être honnête, j'ai effacé les applications de journaux et de réseaux sociaux. Je n'ai gardé que Candy Crush et l'heure pour me préserver, ne pas suivre tout ce qui se passait (rires). Je sais ce que ça crée et je voulais m'en préserver. Je voulais me concentrer sur le second test entre les deux équipes (où il était arbitre de touche, NDLR) et c'était la meilleure chose à faire. Ce qui se passe après ne me regarde pas. Mon travail s'arrête une fois que je sors du terrain. Quand la décision est discutée, ce n'est pas un débat dans lequel j'ai envie de rentrer.

Vous en avez discuté avec le sélectionneur de l'Australie, Dave Rennie ?
Après le second test, samedi dernier à Auckland, il est venu me voir dans le vestiaire pour me parler en son nom et en celui de l'Australie. J'ai vraiment très apprécié cette démarche. Nous avons eu une discussion très sincère et très honnête une fois la pression du match retombée. Nos relations sont absolument normales. Il m'a dit qu'il était satisfait de l'arbitrage sur l'ensemble du match, mais évidemment pas d'accord sur la dernière décision. Ce que je peux comprendre car je ne détiens pas la vérité. Mais je peux vous garantir qu'on a une discussion apaisée et normale.

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