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Méga-bassine de Sainte-Soline : après les manifs, une ZAD ?

Méga-bassine de Sainte-Soline : après les manifs, une ZAD ? SAINTE-SOLINE. Les tensions sont montées d'un cran entre militants écologistes et forces de l'ordre sur le site de la méga-bassine de Sainte-Soline (Deux-Sèvres), le 25 mars 2023. Les manifestants poursuivent leur combat contre le projet agricole, jusqu'où iront-ils ?

Les regards se sont de nouveaux portés sur Sainte-Soline. Cinq mois après de précédentes manifestations mouvementées, les activistes écologistes sont retournés aux abords du chantier de la méga-bassine dans le petit village des Deux-Sèvres, le samedi 25 mars 2023, pour contester le projet d'irrigation agricole. Mais la manifestation a viré aux affrontements entre les 3 000 membres des forces de l'ordre déployés et les 6 000 personnes mobilisées et comptées par la préfecture. Ce sont surtout les "1 500 activistes violents […] prêts à en découdre" attendus par les services de renseignement et ayant honoré le rendez-vous qui ont pris part aux échauffourées. Le collectif associatif "Bassines non merci", le mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre et la Confédération paysanne, à l'origine de l'appel à manifester, revendiquent la présence de 30 000 personnes à Sainte-Soline.

Pour s'opposer ou défendre le chantier de la méga-bassine de Sainte-Soline, manifestants et policiers ont échangé coups et jets de projectiles : des mortiers d'artifice, des chandelles romaines et des cocktails molotov d'un côté contre des grenades de gaz lacrymogène, de désencerclement et des tirs de LDB de l'autre. Des violences responsables d'un lourd bilan : 200 blessés dont 40 grièvement selon les organisateurs, tandis que la préfecture a dénombré 7 blessés dont un en urgence absolue - et au pronostic vital encore engagé le 27 mars - dans les rangs des manifestants pour 47 blessés parmi lesquels deux urgences absolues chez les forces de l'ordre.

La force de la contestation monte d'un cran

Ce n'est pas la première manifestation organisée à Sainte-Soline mais celle du 25 mars est montée d'un cran. La preuve avec l'organisation et l'objectif de la mobilisation : plus question de se limiter à la contestation, les militants ont voulu mettre la méga-bassine "hors d'état de nuire" selon l'expression de la coalition des syndicats des Soulèvement de la Terre. Les objets et armes saisis par les forces de l'ordre en amont de la manifestation traduisent aussi les intentions radicales de certains activistes : des couteaux et autres armes blanches, des boules de pétanque, des bidons d'essence ou des bonbonnes de gaz.

"La nature des projectiles qui ont été retrouvés et la nature des techniques employées par une partie des individus témoignent du fait qu'ils n'étaient pas venus pour manifester pacifiquement, mais véritablement pour mener une logique de guérilla", a analysé Céline Berthon, directrice centrale de la Sécurité publique sur BFMTV. Sur le même plateau, Thierry Vincent, journaliste et auteur du livre "Dans la tête des blacks blocs : vérités et idées reçues", a confirmé : "Quand il y a des cocktails molotov en manifestation, c'est vraiment le signal que le mouvement se durcit, c'est un signe de radicalité".

Des violences attisées par les forces de l'ordre ?

C'est la crainte, désormais justifiée, de voir le mouvement se durcir qui a poussé la préfecture des Deux-Sèvres à interdire la manifestation. 3 200 policiers et gendarmes ont été mobilisés, à pied, en quads ou encore en hélicoptères pour la même raison et pour protéger le site d'éventuels actes de vandalisme. Une protection de la méga-bassine de la Sainte-Soline déjà renforcée par l'ajout de deux grillages de 2 mètres de haut sur tout le périmètre du chantier et par l'accès limité grâce aux barrages routiers. Mais cet excès de mesures n'aurait-il pas contribué à l'exacerbation des colères ? "En interdisant toute manifestation, forcément, on souffle sur les braises. […] L'État empêche les gens de se rassembler pacifiquement !", a prévenu Nicolas Girod, porte-parole national de la Confédération paysanne, sur Europe 1.

Si l'hostilité de certains militants a été avérée, la radicalisation du mouvement chez quelques manifestants a pu être induite par la réponse militaire selon Marine Tondelier, secrétaire nationale d'Europe-Ecologie-Les Verts. Lors des manifestations du 25 mars à Sainte-Soline, "4.000 grenades de désencerclement" ont été utilisées par les forces de l'ordre selon les aveux du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. La présence et les interventions des forces de l'ordre ont été "disproportionnées, et il est sûr que ça fait venir des gens qui sont plus là pour les gendarmes, les policiers et les CRS que pour les bassines. Sans toute cette pression et cette intimidation de la part du ministère de l'intérieur, ça se passerait très bien !", a renchéri l'écologiste dans des propos rapportés par Marianne.

De futures mobilisations et une ZAD à Sainte-Soline ?

Après la manifestation d'octobre 2022 et celle de mars 2023, de nouvelles mobilisation près de la méga-bassine de Sainte-Soline sont possibles. Le mois de mars ne sera a priori pas celui du recul du gouvernement "sur le front de l'accaparement de l'eau" comme le souhaiter la coalition des Soulèvements de la Terre dans un appel à la mobilisation, document dans lequel on peut lire : "Nous resterons évidemment mobilisés et proposerons d'autres rendez-vous si cela ne suffisait pas. GO !"

Pour reconduire les mobilisations, les militants les plus investis pourraient s'installer sur un campement aux abords de la méga-bassine. La scène a été vue dans la soirée du vendredi 24 mars quand "plusieurs centaines de manifestants ont convergé vers un campement établi à quelques kilomètres de Sainte-Soline, sur un terrain privé" selon Europe 1. En octobre déjà, les manifestants étaient restés sur place plusieurs jours dans un campement de fortune, voisin du chantier décrié. De là à devenir une ZAD ? Le ministre de l'Intérieur s'y oppose farouchement. "Il n'y aura pas de ZAD à Sainte-Soline" a-t-il assuré expliquant maintenir le dispositif policier "autant qu'il le faudra". Un discours déjà tenu à l'automne quand Julien Le Guet, le porte-parole de ceux qui se nomment les "anti-bassines" déclarait à L'Obs que le site de Sainte-Soline " va être notre base pour les prochaines actions contre le chantier s'il venait à redémarrer. L'élue écologiste Sandrine Rousseau anticipait pour sa part : Sainte-Soline " va devenir une ZAD "