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Metaleurop : du plomb dans le sol des écoles et le sang des enfants

Metaleurop : du plomb dans le sol des écoles et le sang des enfants
À la fermeture de l’usine Metaleurop en 2003, la zone était considérée comme la plus polluée de France.

Photo archives AFP

publié le 28 septembre 2022 à 20h57, modifié à20h57.

Les résultats de deux analyses révèlent que les alentours de l’usine du Pas-de-Calais restent empoisonnés, vingt ans après sa fermeture, suscitant l’inquiétude grandissante des riverains.

Des analyses avaient été annoncées en juin par la préfecture, du Pas-de-Calais dans le but de « répondre à l’inquiétude » de la population sur les conséquences sanitaires de l’exploitation de l’usine Metaleurop qui a rejeté pendant des décennies des métaux lourds (plomb et cadmium) dans l’air.

Une campagne de dépistage du saturnisme a ainsi été lancée cet été par l'Agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France sur les communes d’Evin-Malmaison, Courcelles-lès-Lens, Noyelles-Godault, Leforest et Dourges. Elle révèle sept cas de saturnisme (un taux de plomb supérieur à 50 µg/litre de sang) et 61 imprégnations élevées (25 à 50 µg/l) sur 889 enfants testés. Ces résultats restent partiels car ils ne concernent que 11,7 % de la population cible, précise l’ARS.

« Ce qu’on redoutait »

La préfecture a de son côté annoncé que la teneur en plomb dans le sol de cinq écoles des environs (sur les 5 premiers cm) était plus élevée que la limite de 300 mg/kg fixée par les autorités. Le maximum est de 995 mg/kg dans l’école Léon-Blum d’Evin-Malmaison. Deux autres écoles de la ville sont concernées, ainsi que deux établissements de Courcelles-lès-Lens.

«On attend que (les autorités) assument leurs conneries d’avoir laissé les terres polluées.»

Les autorités ont recommandé « d’empêcher l’accès aux sols non recouverts (terres à nu, pelouses) de plusieurs espaces qui peuvent être fortement fréquentés par les enfants », explique la préfecture. Les maires des deux communes ont mis en place depuis la rentrée « des dispositifs provisoires » pour « interdire l’accès à ces espaces » et les directeurs d’école ont informé les familles « sur le dépistage à réaliser », ajoute-t-elle.

« C’est ce qu’on redoutait. Ça fait des années qu’on dit que la pollution ne s’est pas arrêtée », a réagi Bruno Adolphi, président d’une association de riverains à l’origine d’une plainte contre l’État. « Il faut impérativement nettoyer les sols dans lesquels se trouvent ces métaux lourds. »

Un père de famille de Courcelles-lès-Lens a raconté que son fils de 2 ans et sa fille de 6 ans étaient tous deux contaminés, le premier à un niveau supérieur à 50 ?g/l .«En tant que parent, j’ai l’impression d’avoir fait un manquement de protection», déclare cet homme de 32 ans qui requiert l’anonymat. «On attend que (les autorités) assument leurs conneries d’avoir laissé les terres polluées.»

À la fermeture de l’usine Metaleurop en 2003, la zone était considérée comme la plus polluée de France. Cinq communes (24.000 personnes) sont concernées depuis 1999 par une restriction de l’usage des sols. Une équipe de l’émission d’investigation « Vert de rage », sur France 5, qui a enquêté sur cette pollution, estimait fin avril que 5.815 enfants pourraient avoir été atteints de saturnisme entre 1962 et 2020, dont une centaine depuis 20 ans. La préfecture avait alors répondu qu’un seul cas avait été enregistré depuis 10 ans dans la zone.