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Meurtre d’Iris : un suspect, possible prédateur sexuel, interpellé

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Un quinquagénaire a été interpellé ce jeudi matin dans le cadre de l’enquête sur le meurtre d’Iris Coëtmen. Le profil de cet homme, fiché délinquant sexuel, révèle un inquiétant passé.

Le port de Saint-Guénaël, Lanester, où avait été découvert le corps d’Iris Coëtmen, le 27 mai dernier.
Le port de Saint-Guénaël, Lanester, où avait été découvert le corps d’Iris Coëtmen, le 27 mai dernier. (Hervé Chambonnière)

Iris Coëtmen, dont le corps dénudé et meurtri a été découvert samedi 27 mai flottant dans le Blavet, un fleuve côtier à Lanester, aurait-elle été victime d’un violeur en série ? C’est cette sombre piste qui se dessine derrière l’interpellation par la police judiciaire, jeudi, d’un homme âgé de 50 ans.

Sur les images vidéo, un homme et un fourgon

Les enquêteurs sont remontés jusqu’à cet homme, ouvrier dans le BTP, originaire d’Hennebont à une quinzaine de kilomètres au nord-est de Lorient, grâce à des images issues du système de vidéoprotection de la sous-préfecture de Lorient. On y distingue Iris Coëtmen, la nuit du 27 mai, qui titube et s’assoit sur un muret, avant de s’allonger sur le sol. On aperçoit ensuite un homme qui s’approche d’elle, fait le tour du corps avant de le saisir. La jeune femme se relève, titube. L’homme finit par la porter, avant de disparaître du champ de vision. Mais quelques instants plus tard, un fourgon avec des marques distinctives apparaît dans la même zone. Les enquêteurs, en croisant le fichier des propriétaires de ce type de véhicules et le fichier judiciaire automatisé des auteurs d‘infractions sexuelles et violentes (Fijais) ont pu identifier un homme : Christophe R. Ce quinquagénaire est déjà connu des services de police et de la justice. Il a notamment été mis en cause et condamné en 2015 pour viol dans une affaire qui présente des similitudes avec celle sur laquelle la police enquête depuis près de 15 jours déjà. Les faits remontent à 2001.

2011 : un ADN, une cordelette, un viol, des sous-vêtements féminins

Le 24 janvier de cette année-là, vers minuit, un homme surgit derrière une jeune femme, âgée de 21 ans, qui marche boulevard Franchet-d‘Espérey, dans le centre-ville de Lorient. Il lui passe une cordelette autour du cou et la traîne à l’abri des regards, dans un jardinet situé derrière le Cinéville. Il la viole et s’enfuit après avoir dérobé son sac et ses bijoux. La jeune femme n’a pas vu le visage de son agresseur. Elle évoque simplement « une silhouette trapue ». Les enquêteurs n’ont que très peu d’indices. C’est l’un d’eux, de l’ADN prélevé sur une tache présente sur une chaussette de la victime, qui va permettre de résoudre l’affaire. Dix ans plus tard ! En décembre 2011, cet ADN trouve enfin une correspondance, avec celui d’un homme interpellé pour vols à la roulotte et l’incendie d’un véhicule : Christophe R. Il a alors 38 ans et vit à Lanester, où a d’ailleurs été retrouvé le sac volé en 2001. À son domicile, la police retrouve des bijoux volés (la victime ne serait pas parvenue à identifier les siens), et de nombreux sous-vêtements de femmes, également dérobés.

« Monsieur tout-le-monde »

Mis en examen pour viol, écroué en mars 2012, l’homme est jugé devant la cour d’assises du Morbihan, qui le condamne en 2015, alors qu’il est revenu sur ses aveux, à neuf ans de prison. Après six ans de détention, il sort en 2018, avec cinq ans d’obligation de suivi socio-judiciaire. A-t-il respecté cette obligation ? Les experts psy, qui l’avaient examiné avant son procès, avaient-ils alerté sur une quelconque dangerosité et risque de récidive ? Interrogée par nos soins, l’avocate de la partie civile du procès de 2015 assure « ne pas avoir ce souvenir ». « S’il avait été désigné comme un psychopathe ou un pervers, cela m’aurait marquée. Je me rappelle d’un petit homme, un peu trapu, pas très bavard. Pour moi, c’était un peu monsieur tout-le-monde. Il travaillait, avait une compagne… Il n’avait pas de personnalité très saillante. » L’avocate se rappelle, néanmoins, ses « explications alambiquées » et les nombreux sous-vêtements féminins volés découverts à son domicile. « Un drôle de type… Nous n’avons jamais eu de réelles explications sur son passage à l’acte. »

L’homme a également été soupçonné, au cours de l’instruction de cette affaire, d’avoir commis un autre viol en mai 2000, avec le même mode opératoire, dans un square à Lorient. « Mais aucun élément ne permettait de le relier à ce crime », se rappelle l’avocate.

Fourgon : un précédent troublant il y a un mois

Le déroulé de l’affaire de mai 2023 fait écho à une autre histoire inquiétante : celle rapportée aux policiers lorientais par une autre jeune femme, plusieurs semaines auparavant. Celle-ci avait assuré n’avoir plus aucun souvenir d’une soirée, très alcoolisée, qu’elle avait passée en ville. Mais elle affirmait s’être réveillée dans un fourgon, et évoquait un enlèvement. Pour l’heure, aucun lien n’est établi entre les deux affaires. Par ailleurs, aucun élément déterminant, à ce stade, n’aurait émergé de la garde à vue du suspect. Le passage au crible du véhicule du quinquagénaire, qui a été saisi, pourrait apporter de précieux renseignements. Tout comme la garde à vue de la compagne de Christophe R., interpellée elle aussi.

Le procureur de la République de Lorient annonce qu’il communiquera à l’issue de la garde à vue du quinquagénaire, vendredi soir, et évoque, « s’il y a lieu », une possible conférence de presse lundi 12 juin, dans l’après-midi.

L’affaire fait l’objet d’une information judiciaire contre X pour « enlèvement, homicide volontaire qualifié de meurtre, précédé ou accompagné de viol » et est confiée à un juge d’instruction du pôle criminel de Lorient.