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Michael Phelps : « J’ai enlevé “je ne peux pas” de mon vocabulaire »

50 ANS DU POINT. Le mythique nageur américain se confie sur ce qui l’a poussé, durant des années, à se surpasser et à rester optimiste.

Michael Phelps veut desormais parler a la jeunesse et lever le tabou de la depression dans le monde du sport.
Michael Phelps veut désormais parler à la jeunesse et lever le tabou de la dépression dans le monde du sport. © Julien De Rosa / AFP
Par Adrien Mathieu
Publié le 27/09/2022 à 10h00

Vingt-huit médailles olympiques, dont 23 en or, 37 records du monde battus au cours de sa carrière : Michael Phelps est tout simplement l'un des plus grands athlètes de tous les temps. Mais derrière les succès se cachent, comme pour beaucoup d'autres sportifs, la routine, l'entraînement et les moments de doute au quotidien. Comment rester éveillé et optimiste face aux interminables allers-retours dans les bassins ?

Présent à Paris pour la journée de conférences Demain le sport, le nageur américain en a profité pour se confier sur cette motivation qui ne l'a jamais quitté. « Ce qui a fait la différence, c'est le travail et tout ce qui l'accompagne comme valeurs. Je n'aurais jamais pu avoir toute cette lumière sans cette éthique. C'est quelque chose dont on parle souvent et c'est ça le plus gros secret derrière tous les succès : si tu veux être le meilleur, tu dois bosser ! »

Et derrière ce travail, il y a bien une détermination sans failles pour repousser ses limites. Quand on lui demande combien de longueurs, à son avis, il a effectuées au cours de ses années dans les bassins, l'Américain ne peut s'empêcher de sourire et de se souvenir de cette obstination au quotidien. « Dans certains livres, ils disent que j'ai parcouru le monde dix fois en tout rien qu'en nageant. Je sais qu'en moyenne je nageais 80 kilomètres par semaine, pour le calcul, c'est compliqué, mais effectivement ça fait énormément de longueurs ! J'ai sacrifié beaucoup de choses au cours de ma carrière, mais j'étais d'accord avec mon entourage, mon coach et moi-même pour cette vie. »

Pour être conditionné en tant qu'athlète d'exception, le nageur a pu compter sur un entraîneur unique pour parvenir à ses fins. L'architecte de tous ces podiums se nomme Bob Bowman, et Michael Phelps n'oublie pas à quel point il a eu son importance dans cette carrière hors norme : « Il a été capable de me pousser les jours où je n'étais pas à 100 %, il a trouvé un moyen de briser certaines barrières. Ce qui fait la différence, c'est la manière dont il préparait ses séances et ses athlètes. Il est extrêmement méticuleux dans les programmes d'entraînement et les détails qui vont avec. »

« J'aurais bien voulu nager face à Léon Marchand »

Désormais entraîneur du jeune prodige français Léon Marchand, Bob Bowman met en place un cadre de travail très strict, avec également un conditionnement mental spécifique. « Dès le plus jeune âge, il m'a mis en alerte sur tous ces aspects : les étirements, l'alimentation ou encore l'état d'esprit, qui ont joué un grand rôle par la suite. Quand j'avais dix ou onze ans, Bob Bowman m'a dit d'enlever la phrase “je ne peux pas”, de mon vocabulaire. Il a façonné mon cerveau et mon esprit de telle sorte que j'ai très vite enlevé de ma tête toutes les expressions négatives. » Et malgré la concurrence très forte de ses années olympiques, avec notamment l'Équipe de France emmenée par Alain Bernard, l'Américain n'a jamais dévié de ses objectifs.

Au moment où Roger Federer et Serena Williams font leurs adieux au monde du sport, Michael Phelps se sent-il à sa place dans cette famille singulière des plus grands athlètes de l'Histoire ? Avec Usain Bolt, LeBron James ou encore Lionel Messi, le nageur y voit tout de même des ressemblances. « Quand vous les voyez dire stop après ce qu'ils ont accompli, vous devez juste retirer votre chapeau et les féliciter. C'est incroyable ce qu'ils ont pu faire. Sommes-nous dans une même catégorie ? C'est une question pour vous sans doute ! Mais quand vous regardez les grands athlètes, finalement nous avons beaucoup de choses en commun. Notre approche du sport, notre acharnement au travail, notre capacité à faire face aux difficultés : quand je regarde ces autres noms cités, j'y retrouve pas mal de similarités, c'est vrai. »

Michael Phelps n'oublie pas pour autant la jeune génération. Il avoue avoir été bluffé par les récentes performances du français Léon Marchand lors des derniers Championnats du monde à Budapest. « C'est amusant, j'aurais bien voulu nager face à lui ! Il va très vite, il a toutes les cartes en main pour faire une très belle carrière. La suite lui appartient. Je suis assez bluffé par ses performances et assez impatient également de le voir dans deux ans à Paris. Être à la maison et pouvoir décrocher des titres olympiques, c'est très spécial. »

La dépression des sportifs, une nouvelle finale pour Phelps

Le géant de la natation ne s'attarde pas seulement sur l'actualité de sa discipline. Il a également été très touché par les mésaventures de Simone Biles, vedette de la gymnastique, et de Naomi Osaka, la joueuse de tennis japonaise. « Je pense que cela montre à quel point l'aspect mental est important et surtout peut ressurgir à tout moment, notamment dans les moments cruciaux, comme les Jeux. Simone est arrivée aux JO de Tokyo avec d'immenses ambitions, mais il s'est passé ce qu'il s'est passé. Honnêtement, cela m'a brisé le cœur. Mais je pense qu'elle a très bien géré ça. Avoir pu prendre du temps pour elle, cela donne un très bon exemple de comment traverser ça. Prendre du recul, s'aimer soi-même : c'est essentiel dans ces moments-là. Je pense aussi à Naomi Osaka qui s'est ouverte au public et a dévoilé son mal-être sur ses réseaux sociaux, avec ses mots à elle, c'était très puissant. Avec tous ces gens qui ont osé prendre la parole, on peut inciter d'autres à se lever et à le faire.  »

Le Michael Phelps hors de l'eau est désormais un autre homme que le nageur assoiffé de succès et de records. Plus posé, il a décidé de prendre la parole lui aussi sur la dépression, en confiant ses propres angoisses. L'ambition ? Devenir une nouvelle source d'inspiration, notamment pour la jeunesse. « J'aimerais faire la différence et être capable de sauver une vie si je peux. Pour moi, c'est plus important que de remporter une médaille d'or  », avait-il dit à CNN en 2018.

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Quatre ans plus tard, il reste déterminé à montrer que son histoire peut servir à d'autres personnes, afin d'aller de l'avant. « Je suis qui je suis. J'ai traversé des moments peu évidents, ça m'a permis de grandir et d'en tirer des leçons. Le plus important maintenant, c'est d'en parler le plus possible. Le fait de dévoiler ça, je pense que ça m'aide à être plus sain. Plus j'en parle, plus je me sens comme une personne normale. C'est un bon procédé, je pense, car, aujourd'hui, je me sens moi-même en fait. Est-ce que je suis un optimiste dans la vie ? J'essaye de l'être. Ce n'est pas toujours évident, mais je m'efforce de voir les choses du bon côté.  » Après s'être acharné sans relâche dans les bassins pendant deux décennies, Phelps veut désormais mettre cette énergie au service des autres. Un relais qui vaut la peine d'être pris.

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