Qui de mieux placé qu’un député d’extrême droite, ancien présentateur et éditorialiste sur une chaîne d’info en continu, pour animer une mission parlementaire sur « l’éducation critique aux médias » ? À peu près n’importe qui d’autre, en effet. C’est pourtant bien au député RN Philippe Ballard, ancien de chez LCI et habitué de CNews, qu’échoit cette nouvelle mission flash, aux côtés d’une corapporteuse macroniste, Violette Spillebout, elle aussi invitée régulière de l’antenne de Vincent Bolloré. Les rapporteurs de ces missions de courte durée qui ne conduisent pas nécessairement à une évolution législative sont désignés soit par leur commission de rattachement (la commission des Affaires culturelles dans le cas présent), soit par la conférence des présidents de groupe. Faute de cordon sanitaire uni face au RN, le parti de Marine Le Pen se retrouve à animer plusieurs de ces missions. Avec des sujets parfois hautement sensibles ou stratégiques : le député RN Julien Rancoule est ainsi à la tête de la mission flash « stock de munitions », afin de faire un état des lieux de nos capacités militaires. Comme tous les groupes politiques, le RN bénéficie en outre, selon le règlement de l’Assemblée, d’un droit de tirage annuel qui lui permet de proposer la création d’une commission d’enquête. Usant de ce droit, le Rassemblement national souhaite créer et piloter une commission consacrée à « l’ingérence étrangère » des États, mais aussi des entreprises et des personnes privées. Cynique, quand on sait que le RN a été sous perfusion financière russe. Enfin, le parti fondé par d’anciens SS a renoncé à prendre la tête d’un groupe d’études sur l’antisémitisme face à l’indignation que cela a provoqué. Alors que le RN est installé partout au Palais Bourbon, jouissant d’une armée d’environ 300 collaborateurs, cette digue-là n’a pas encore tout à fait sauté. Mais jusqu’à quand ?
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