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MMA, ARES : Mickaël Lebout emporte le duel des anciens face à Karl Amoussou en -77kg

REPORTAGE - Au terme d'une soirée agréable malgré une affiche un peu légère, les deux légendes du MMA français se sont livrés un combat très intense. Mickaël Lebout en est ressorti vainqueur.

Au Dôme de Paris - Palais des sports

«Je voulais montrer à Karl que j'étais un homme différent aujourd'hui. Mettez du respect sur mon nom.» Il est presque minuit dans la salle et pourtant, 3500 personnes sont encore là, déchaînées, pour écouter le discours d'un Mickaël Lebout (23v11n2d en carrière) grand gagnant de cette soirée ARES 10.

Professionnel depuis 2011, ayant notamment combattu à l'UFC (une victoire et deux défaites), Lebout, âgé de 35 ans, sort de trois mois «difficiles» pour se remettre à niveau. Il sait que l'heure de la retraite sportive sonnera bientôt. Et tient à ce que l'on reconnaisse ses faits d'armes avant. «Toute ma carrière, chaque fois que je l'emportais, l'autre en face n'était soi-disant pas à son niveau, argue-t-il en conférence de presse, d'abord torse nu puis vêtu d'un sweat. Ce soir, c'était encore du grand Amoussou. Je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il m'emmène autant au sol. Ma stratégie était de le laisser se fatiguer lors du 1er round, pour mieux empocher les deux suivants. Et ça a payé

Longtemps, l'issue du combat a été indécise. Sous les yeux de sa fille Alizée, à peine âgée de 6 ans et qui assistait en tribune au premier combat de son père, Karl Amoussou (26v10n3d), âgé de 37 ans, a d'abord cherché à mettre beaucoup de rythme. Il venait venger sa défaite précédente, dans la même salle lors de la soirée Ares 7, où il avait échoué à prendre la ceinture de la division welterweight à Abdoul Abdouraguimov. Karl Amoussou vient d'un autre monde: celui où le MMA était illégal en France, où il fallait aller combattre à l'étranger, où il n'y avait pas de structure en France.

S'il n'a pas eu l'opportunité d'aller combattre au Pride ou à l'UFC, il s'est battu au Bellator et au Cage warrior ainsi qu'au M-1, des organisations d'excellent niveau, alors qu'il ne pouvait compter que sur lui-même. Les deux combattants se connaissent depuis des années, se sont côtoyés à l'entraînement, et leur proposer un combat en événement principal au dôme de Paris, pour trancher un vieux débat en les départageant enfin avant qu'ils n'arrêtent leur carrière, est une belle idée de la ligue ARES.

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Un peu plus costaud que Lebout, Amoussou enchaîne les tentatives d'amenées au sol mais n'arrive pas à les exploiter, ni en coups ni en clefs, et y gaspille une énergie précieuse. Son ground-and-pound est stérile. En face, Lebout vacille mais ne plie pas. Sous les acclamations de la salle, qui a choisi son camp - «Micka ! Micka !» -, le natif de Vitry-sur-Seine veut éviter le striking et attend que son adversaire plus massif se fatigue. Au début du 2e Lebout se montre plus offensif et enchaîne quelques coups bien sentis qui laissent Amoussou... émoussé. Mais pas K-O pour autant.

Les deux combattants savent que la différence va se faire au 3e round. Ils se checkent, haranguent ensemble la foule qui ne demande que ça. Lebout est le seul encore capable d'accélérer, mais pas suffisamment pour achever Amoussou. Les 15 minutes de combat s'écoulent, la décision des juges fera foi. Et elle est unanime en faveur de Lebout. Score final : 30-27. Flatteur pour le perdant. Amoussou, beau joueur, déclare au micro que «c'était une véritable guerre, mais saine. J'en avais envie, j'en avais besoin. Je savais que Mickaël avait une très bonne lecture de jeu, je n'ai pas réussi à trouver la clé. Bravo à lui. »

Des autres combats surprenants et attrayants

Pour Fernand «Le King» Lopez, patron de l'Ares Fighting Championship, ce combat aura tenu toutes ses promesses. Ou presque: «Il a manqué un chouïa de technique côté Amoussou, sur la clé de talon et les balayettes. Mais Lebout le connaît bien… J'ai moi-même perdu 500 euros après avoir parié sur un KO réalisé par Amoussou au 1er round (rires). Je tiens à saluer sa bravoure. Il faut du cran pour remonter dans la cage. » Le coach de Cyril Gane se félicite également que la soirée, dans son ensemble, «a été réussie. Aucune blessure sérieuse n'est à déplorer, les places s'envolent, les demandes des personnalités (Vincent Cassel, Ahmed Sylla, Franck Gastambide étaient, entre autres, présents NDLR) n'ayant rien à voir avec le MMA aussi, la diffusion TV s'étend à l'Afrique… sans parler de l'autre combat du main event.»

Il opposait, dans un duel de styles différents en poids coqs, le Français Moustapha Aida à l'Angolais Demarte Pena. Ce dernier, pour son deuxième combat à ARES, l'a emporté dans la douleur, en misant tout sur le grappling. «Il y avait beaucoup de pression. Je suis heureux d'être de retour, j'ai combattu un adversaire très difficile, souligne-t-il. Il était particulièrement agressif dans le 3e round. Les Français n'aiment pas vraiment les combattants étrangers, donc c'était difficile pour moi, mais je comprends, vous devez supporter les vôtres (sourire).»

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Enfin, de beaux combats ont aussi eu lieu en main card, dont «le diamant, Vlad Gutu», comme aime le nommer Fernand Lopez, en catégorie des poids moyens. Le jeune moldave, qui pouvait compter sur quelques soutiens, drapeau à l'appui, a littéralement expédié son adversaire brésilien Marcio Martins en 25 petites secondes. En boxe d'abord, en enchaînant les coups de poing, puis avec les pieds. Gutu a marqué les esprits, tout comme un autre Français, Paulin Begai, qui a couronné sa victoire face à l'Italien Paolo Anastasi de plusieurs «Ici, c'est Paris !», repris en chœur par la salle.

Sa stratégie ultra-agressive, à peine le chrono déclenché, lui a permis de l'emporter en poids lourds-légers à moins de deux minutes de la fin du premier round, après un enchaînement de crochets gauche-droite. Énième émotion d'une soirée plus spectaculaire que la programmation n'aurait pu laisser envisager sur le papier, même si l'annulation de dernière minute du combat de la prometteuse Assia Miri a laissé le public sur sa faim.