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Mobilisation contre la réforme des retraites : moins de grévistes mais plus de jeunes attendus dans la rue

C'est une dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites qui s'annonce marquée par de fortes tensions ce mardi 28 mars. D'autant que, la veille, le président de la République s'est, de nouveau, montré inflexible sur le report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans tout en disant voulant « continuer à tendre la main » aux syndicats, lors d'un déjeuner à l'Elysée en présence des ténors du gouvernement et des dirigeants de son camp.

Surtout, cette journée de mobilisation devrait être marquée par la forte mobilisation des de la jeunesse, des blocages de lycées et d'universités ayant déjà été rapportés dans plusieurs villes, d'Avignon au Havre, de Lille à Marseille en début de journée. Les renseignements anticipent, en effet, « une présence des jeunes nettement plus importante » dans les cortèges, selon une source policière qui pronostique « un doublement, voire un triplement » de leur nombre par rapport aux précédentes mobilisations.

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Au total, les autorités tablent sur de 650.000 à 900.000 manifestants dans près de 200 villes, dont 70.000 à 100.000 à Paris, où le cortège reliera dans l'après-midi la place de la République à celle de la Nation. « Je m'attends à une forte mobilisation et une détermination des manifestants », a prédit sur RMC le secrétaire général de FO, Frédéric Souillot.

En réponse, un « dispositif de sécurité inédit » a été prévu, selon Gérald Darmanin : 13.000 policiers et gendarmes, dont 5.500 à Paris. Le ministre de l'Intérieur a évoqué la présence possible de « plus de 1.000 éléments radicaux » dans la capitale et appelé « solennellement chacun et chacune au calme ».

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Un trafic moins perturbé dans les transports

Un appel qui ne devrait pas apaiser la colère des manifestants et grévistes. Ces derniers devraient, une nouvelle fois, être nombreux à la SNCF qui a annoncé que la circulation des trains sera « fortement perturbée » sur certaines lignes, ce mardi, avec notamment 3 TGV sur 5, 1 TER sur 2 et toujours des difficultés en Ile-de-France. SNCF Voyageurs a ainsi recommandé aux voyageurs qui le peuvent d'annuler ou reporter leurs déplacements prévus ce jour-même.

Toutefois, les perturbations annoncées seront cependant moindres que lors de la précédente journée de mobilisation, jeudi 23 mars. Dans le détail, la compagnie prévoit de faire circuler mardi 60% de ses TGV Inoui et Ouigo, le quart de ses Intercités --mais aucun train de nuit-- et la moitié de ses TER. Les circulations seront quasi-normales pour Eurostar et Thalys, selon un communiqué. Du côté de la concurrence, Trenitalia annonce la suppression de 4 trains sur 10, à savoir les aller-retours Paris-Lyon et Paris-Lyon-Milan en fin de journée.

En Ile-de-France, le trafic de SNCF Transilien sera passablement perturbé, avec 1 train sur 3 sur le RER C, 2 trains sur 5 sur le RER D, et 1 train sur 2 sur la partie SNCF des RER A et B --la RATP prévoyant 3 trains sur 5 de son côté, et les interconnexions étant maintenues-- ainsi que les lignes K et N. La situation sera meilleure sur le RER E et la ligne R avec 3 trains sur 5 annoncés, et sur les lignes H, J, L, P et U avec 2 trains sur 3. Enfin, le service sera normal sur les trams-trains T4, T11 et T13.

Quant à la journée de mercredi, SNCF Voyageurs prévoit du mieux, mais prévient que les circulations des trains « resteront perturbées sur certaines lignes ».

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Du côté de la RATP, les perturbations sont également moins importantes que lors de la précédente journée de mobilisation. En effet, toutes les lignes de métro sont ouvertes bien que le trafic reste perturbé. Il est « très perturbé » dans le RER avec 40% des trains supprimés sur les lignes A et B, a, néanmoins, indiqué la RATP.

Au-delà du transport ferroviaire, l'aérien est, lui aussi, perturbé comme c'est le cas depuis la semaine dernière. La Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a, ainsi, annoncé, ce mardi, avoir demandé aux compagnies aériennes de renoncer à une partie de leurs vols jeudi et vendredi, notamment à Paris-Orly, en raison de la grève de contrôleurs aériens contre la réforme des retraites. Ces mesures préventives, exigées par la DGAC pour les 11e et 12e journées consécutives, concerneront jeudi 20% des mouvements à Orly, Marseille et Toulouse, et vendredi 25% des vols à Orly ainsi que 20% de ceux de Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux et Nantes, a précisé l'administration dans un communiqué.

30% de grévistes attendus dans l'Education nationale

Quelque 30% des professeurs du primaire seront en grève mardi pour la nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites, prévoyait le Snuipp-FSU, premier syndicat dans les écoles maternelles et élémentaires. Cette estimation, plus faible que la précédente, s'explique selon le syndicat par « les journées de mobilisation qui se succèdent et deviennent un sacrifice financier pour les enseignants ».

Pénurie de carburant et baisse de la production d'électricité

Autre secteur largement perturbé par les mouvements de grève : l'énergie. A commencer par l'acheminement du carburant. Quelque 15,7% des stations-service de France sont, en effet, en pénurie d'au moins un des carburants (essence et/ou gazole) qu'elles proposaient au 1er mars, d'après l'analyse faite par l'AFP des données du site gouvernemental des prix des carburants, lundi. Parmi elles, 7,4% sont à sec. Le département le plus touché reste la Loire-Atlantique (55,06% des stations en pénurie d'au moins un carburant).

En cause, les blocages dans les dépôts pétroliers et les raffineries. Seules deux des sept que compte la France continuent de produire, celle d'Esso-Exxon-Mobil de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et celle de TotalEnergies de Feyzin (Rhône), qui tourne néanmoins en service à débit réduit, selon la direction du groupe. A l'inverse, la raffinerie de Port-Jérôme-Gravenchon (Esson-ExxonMobil) - dont les expéditions sont toujours bloquées - a été mise à l'arrêt ce week-end, à défaut d'être alimentée en brut du fait de la poursuite du mouvement de grève à la Compagnie industrielle maritime (CIM), sur le dépôt pétrolier du Havre. De même, la raffinerie TotalEnergies dite "de Normandie", à Gonfreville-L'Orcher (Seine-Maritime), est à l'arrêt, a précisé la direction du groupe. Les grévistes ont, d'ailleurs,voté, lundi, la reconduction de leur mouvement pour 72 heures. Selon la direction de TotalEnergies, sur l'ensemble de ses sites, « sur les 304 opérateurs postés ce matin (lundi, ndlr), 32% étaient en grève sur nos sites, soit 98 personnes », s'agissant d'« opérateurs sur le premier quart et non de l'ensemble des salariés des raffineries ».

Le secteur de l'électricité est, lui aussi, touché et les baisses de production se poursuivent. Selon la CGT, 14.763,7 Mégawatts (MG) dans les centrales (nucléaire, thermique et hydraulique) sont ainsi passés aux mains des grévistes en cumulé sur la journée de lundi, soit l'équivalent de la puissance de 14 réacteurs nucléaires.

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En outre, le mouvement de grève entraîne également des « blocages d'arrêts » et d'« activités » sur des chantiers de centrales nucléaires. Deux barrages filtrants ont, ainsi, été mis en place lundi matin à l'entrée de la centrale nucléaire de Golfech (Tarn-et-Garonne), dont le deuxième réacteur a été mis à l'arrêt dans la nuit.

Les ordures continuent de s'amonceler

Par ailleurs, deux des trois sites parisiens d'incinération des déchets étaient toujours bloqués lundi, trois semaines après le début de la grève contre la réforme des retraites, et 7.300 tonnes d'ordures jonchaient encore les rues de la capitale, ont annoncé la Ville et le syndicat métropolitain Syctom. Le volume de déchets dans les rues de Paris est passé à 7.300 tonnes contre 8.000 dimanche et 10.500 vendredi, selon la mairie.

(Avec AFP)