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Mobilité : un road trip artistique pour faire bouger le Ruffécois

Mobilité : un road trip artistique pour faire bouger le Ruffécois
Hélène Salecki et Noémie Pinganaud en repérages sur la carte IGN : après Tuzie, direction Souvigné, douze kilomètres plus loin. Avec une batterie d’autonomie minimaliste, interdiction de se perdre.

Photo CL

Par Pascal LEFEBVRE - p.lefebvre@charentelibre.fr, publié le 7 octobre 2022 à 10h35.

Deux artistes ont sillonné l’arrière-pays ruffécois. Pour mettre en avant les anecdotes et problématiques de mobilité des ruraux. Un spectacle et une exposition doivent suivre.

« La seule chose qui m’inquiète quand je ne pourrai plus conduire, c’est comment je vais aller aux champignons ou à la pêche. » Avec sa confession, Allain Antoine, paisible retraité de Tuzie, illustre l’intérêt du projet initié par la conteuse Hélène Salecki et son amie photographe Noémie Pinganaud. Celui de donner vie aux mobilités rurales, au travers d’un road-trip artistique « Paroles - Photos - Paysages » effectué en voiturette électrique au cours de la semaine écoulée.

Du vélo à la ferme, la poussette dans les champs, : quand il est question de mobilité, les langues se montrent prolixes, de Tuzie à Souvigné, en passant par Villefagnan.
Du vélo à la ferme, la poussette dans les champs, : quand il est question de mobilité, les langues se montrent prolixes, de Tuzie à Souvigné, en passant par Villefagnan.

Photo CL

En Val-de-Charente, il y a de quoi dire. Le fil rouge de l’aventure - recharger la Citroën électrique sans permis prêtée par Emmaüs de Ruffec - a conduit, mercredi midi, les deux artistes à Tuzie. Autour d’un repas partagé avec la famille Mollié, tous retraités, on bavarde déplacements en campagne. Un sujet attaqué par son volet le plus large, celui des souvenirs : la Simca rutilante devant la maison familiale, un bébé promené en poussette dans les champs…

Covoiturer pour le yoga ou la belote

Le volet contraintes n’échappe pas aux questions. Les réponses font d’abord écho aux problématiques de l’âge. « Je me demande ce que je vais faire quand je ne conduirai plus », souffle Marie-Françoise Mollé, jeune retraitée des taxis de Mansle. « Moi, je pense que les magasins se déplaceront à domicile, comme avant », veut croire sa sœur, Marie-Jeanne.

En zone rurale française, 70 % des déplacements sont effectués en voiture et 22 % à pied, selon une étude de Padam Mobility. Pour les trajets du quotidien, les ruraux ne sont que 9 % à faire appel aux transports collectifs. En Val-de-Charente, il y a bien le Rurabus de Ruffec. « Mais on a eu des cars et maintenant on n’en a plus », souffle Marie-Jeanne Mollé.

Le covoiturage ? Pour le « yoga », à Courcôme. Ou la « belote ». Selon le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema), 20 kilomètres en moyenne séparent le domicile du travail en zone rurale. Cela s’observe à Tuzie : « Ici, les jeunes, on les voit se déplacer à vélo à 15, 16, 17 ans… Après, dès qu’ils travaillent, c’est la voiture ». « Certaines familles ont trois, quatre véhicules », appuie Allain Antoine.

La phase suivante du projet annonce un spectacle conté et une exposition de photos. Et promet une restitution juste. « Car on est surpris par les témoignages qu’on reçoit, conclut Hélène Salecki. Ils ne sont pas du tout larmoyants, les gens ne s’apitoient pas sur leur sort malgré les difficultés ».

Compte Facebook du projet : @Paysages Paroles Photos - PPP.

La photographe Noémie Pinganaud, en pleine séance de portraits avec la famille Mollé, qui lui a ouvert ses portes à Tuzie, près de Courcôme.
La photographe Noémie Pinganaud, en pleine séance de portraits avec la famille Mollé, qui lui a ouvert ses portes à Tuzie, près de Courcôme.

Photo CL