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Mona Chollet : « Valeria Bruni-Tedeschi n’a pas analysé les rapports de pouvoir qui se jouaient aux Amandiers »

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Par Mona Chollet

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TribuneLa journaliste et essayiste Mona Chollet revient, dans une tribune au « Monde », sur le scandale résultant du choix de la réalisatrice des « Amandiers » de maintenir son compagnon, Sofiane Bennacer, dans le rôle principal du film, alors que des accusations de viol pesaient sur lui.

Les Amandiers, le film de Valeria Bruni-Tedeschi, et les polémiques qui l’entourent semblent être en train de cristalliser un conflit de générations au cinéma et au théâtre. La réalisatrice y reconstitue son expérience d’élève à l’école fondée, dans les années 1980, au Théâtre des Amandiers, à Nanterre, par les metteurs en scène Patrice Chéreau et Pierre Romans. Nadia Tereszkiewicz y joue le rôle de Stella, le double de la cinéaste, tandis que Sofiane Bennacer interprète Etienne, inspiré de Thierry Ravel, l’ancien compagnon de Bruni-Tedeschi, également élève de l’école, mort d’une overdose, en 1991.

Le 22 novembre, Le Parisien a révélé que Sofiane Bennacer avait été mis en examen en octobre pour « viols et violences sur conjoints » à la suite des plaintes de quatre femmes.

Peu après le début du tournage, peut-on lire dans Libération du 25 novembre, la production des Amandiers avait déjà appris qu’une plainte pour viol avait été déposée contre son acteur principal, mais la réalisatrice avait insisté pour travailler avec lui malgré tout. Bruni-Tedeschi continue à défendre celui qui est entre-temps devenu son compagnon, invoquant la « présomption d’innocence » et parlant d’un « lynchage médiatique ».

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Au-delà de l’affaire elle-même, les accusations portées contre le comédien et la façon dont Bruni-Tedeschi y réagit amplifient certaines questions soulevées par le film. Doté d’un charme et d’une vitalité indéniables, Les Amandiers montre l’utopie théâtrale que fut cette école, l’euphorie des élèves d’avoir été choisis, les amitiés et les amours qui naissaient entre eux, leur enthousiasme, leur fantaisie, leur exubérance, leur admiration pour leurs mentors, le côté touchant et parfois enfantin de ces derniers. On sourit, on rit beaucoup.

Mais, de temps en temps, une scène fait sursauter. On voit Chéreau (Louis Garrel) forcer un élève à l’embrasser, un soir, alors qu’ils sont les derniers dans les locaux. On voit aussi sa brutalité envers Anaïs (Léna Garrel), qu’il humilie publiquement en lui assénant qu’il n’a jamais voulu d’elle dans l’école.

Un baiser forcé

Le personnage d’Anaïs est vraisemblablement inspiré d’Agnès Jaoui. En 2018, retraçant l’épopée des Amandiers, dans Le Monde du 3 août, Clément Ghys écrivait : « Le machisme règne et elles [les apprenties actrices] se prennent des savons monumentaux en cas de retard ou d’oubli de répliques. Quand il ne s’agit pas de réflexions sur le physique. Assez vite, Agnès Jaoui n’en peut plus, et, ulcérée par l’emprise de Chéreau sur tout le monde, songe à quitter l’école. »

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