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Mondial : l’Iran libère plusieurs centaines de détenus après la victoire face aux Gallois

Qui a dit que foot et politique n’allaient pas bien ensemble ? La victoire de l’équipe de foot iranienne vendredi contre le Pays de Galles - qui maintient intact les chances du pays de se qualifier pour la première fois de son histoire pour les 1/8 de finale de la Coupe du monde - a été saluée à leur manière par les autorités de Téhéran.

Plus de 700 prisonniers ont ainsi retrouvé la liberté en Iran après ce succès surprise, a annoncé lundi l’agence de l’Autorité judiciaire Mizan Online. «Suite à un ordre spécial du chef de l’Autorité judiciaire après la victoire de l’équipe nationale de football […] contre celle du pays de Galles, 709 détenus ont été libérés de différentes prisons du pays», précise l’agence dont «certaines personnes arrêtées lors des récents événements».

Les autorités iraniennes ont aussi libéré sous caution dimanche la célèbre actrice Hengameh Ghaziani, ont indiqué deux agences de presse, plus d’une semaine après son arrestation pour avoir soutenu le mouvement de contestation. L’agence Irna a en outre annoncé la libération lundi de «l’ancien animateur de la télévision d’Etat, Mahmoud Shahriari, après deux mois de détention».

Mais ces signaux de détente n’empêchent pas que, d’un autre côté, les arrestations en masse se poursuivent toujours dans le pays en marge des manifestations pour protester contre le régime qui ont débuté mi-septembre après la mort de Masha Amini, une Kurde iranienne de 22 ans décédée après son arrestation par la police des mœurs pour avoir d’après celle-ci enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique.

Les autorités ont fait état de milliers de personnes arrêtées et la justice a affirmé en avoir inculpé plus de 2 000. Des chiffres très largement sous-estimés selon les organisations de défense des droits humains à l’étranger.

La décision de relâcher 700 personnes survient dans un contexte géopolitique et sportif extrêmement tendu à la veille du match Iran - Etats-Unis, décisive pour les deux équipes qui espèrent pouvoir accéder aux huitièmes de finale. Dans un post Instagram publié dimanche par le compte officiel de l’équipe de football américaine, le symbole au milieu du drapeau iranien qui veut dire «Allah» a été supprimé.

Colère de la fédération iranienne

De quoi déclencher la colère de Téhéran. L’agence officielle iranienne Irna a signalé que «la Fédération iranienne de football [avait] envoyé un mail à la FIFA pour exiger qu’elle adresse un avertissement sérieux à la Fédération américaine». Des propos contestés par les communicants de l’équipe américaine, qui ont expliqué qu’ils avaient voulu avec ce post «montrer (leur) solidarité avec les femmes en Iran et seulement dans ce cas-là».

Depuis le début de la coupe du monde au Qatar, le monde footballistique iranien subit les foudres du régime. Voria Ghafouri, 35 ans, 28 fois sélectionné pour l’Iran jusqu’en 2019, est l’une des personnalités les plus en vue arrêtées jeudi dernier à la sortie de l’entraînement de son équipe, au Kurdistan. Il est accusé d’avoir «insulté et sali la réputation de l’équipe nationale (Team Melli) et de s’être livré à de la propagande» contre l’Etat. Le joueur, Kurde lui aussi, a été interpellé après une séance d’entraînement de son équipe «Foolad» (acier, en persan) de Khouzistan.

Mais ce mondial offre aussi une tribune aux anti-régime depuis le coup d’envoi il y a neuf jours au Qatar. Dans les tribunes des stades, des supportrices brandissent des maillots floqués au nom de Masha Amini scandent «Femme, vie, liberté» devenu le cri de ralliement des anti-régimes.

Téhéran, qui voit dans la plupart de ces manifestations des «émeutes», accuse notamment des forces étrangères d’être derrière ce mouvement pour chercher à déstabiliser la République islamique. Plusieurs pays occidentaux sont dans le collimateur des autorités iraniennes dont la France. Iran avait arrêté deux Français, Cécile Kohler et son compagnon Jacques Paris, le 11 mai dernier pour être «entrés dans le pays dans le but de déclencher le chaos et déstabiliser la société». Au total, ce sont sept Français ou Franco-Iraniens qui sont actuellement détenus en Iran.