France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Mondiaux de ski alpin 2023 : deux pistes dans la course aux médailles

En pivotant sur sa chaise, dans les locaux du comité d’organisation des championnats du monde, Sébastien Santon a une vue directe sur un décor qui occupe son esprit quasiment à temps plein : la piste de l’Éclipse, écrin des cinq courses masculines (descente, super-G, géant, combiné et slalom) à Courchevel. Son « mur des braves », dans la partie basse, porte bien son nom. La pente est extrême. « Même pour descendre à pied, l’été, c’est limite, témoigne celui qui est directeur des épreuves messieurs. C’est la piste avec le plus de dénivelé au monde. »

Une descente à près de 150 km/h

Pour la course la plus longue, la descente, les skieurs s’élanceront à 2 230 mètres d’altitude pour en terminer 940 mètres plus bas et 3,2 kilomètres plus loin, au hameau du Praz. Au passage, ils auront flirté avec les 150 km/h, avalé des grandes courbes à haute vitesse et encaissé des sauts de plus de 40 mètres. « Il n’y aura pas de surprise, c’est technique et physique, les meilleurs seront devant », pronostique Sébastien Santon. « C’est vraiment une belle piste, bien dessinée », confirme Xavier Fournier-Bidoz, responsable du groupe vitesse de l’équipe de France.

L’Éclipse a été spécialement taillée pour l’événement, sur la base d’une piste plus ancienne, les Jockeys. Les moteurs des tronçonneuses et des engins de chantier sont entrés en action pour élargir le corridor initial et créer la raide ligne droite finale, entièrement visible par les spectateurs depuis l’aire d’arrivée. Il a fallu aussi enterrer des kilomètres de fibre optique et prévoir les emplacements des 48 caméras. Un investissement à 17 millions d’euros hors taxe, en comptant l’aménagement de la retenue d’eau creusée au col de la Loze pour alimenter les 140 « enneigeurs », qui ont diffusé des flocons artificiels dès le mois de novembre pour préparer le terrain.

« Il faut des virages pour ralentir les skieurs »

La piste n’a servi en compétition qu’à une seule reprise, à l’occasion des finales de la Coupe du monde de ski alpin, organisées en mars 2022. Le test a validé quatre ans de travail pour trouver le bon équilibre entre le spectacle et la sécurité. « Vu la pente, il faut des virages pour ralentir les skieurs, rappelle Sébastien Santon. Mais une piste doit d’abord coller au terrain tel qu’il est. » Le jour J, plus de 300 personnes seront mobilisées pour lisser la surface, remettre les portes en place ou contrôler les accès.

À Méribel, les organisateurs ne partaient pas d’une feuille blanche. La piste du Roc de fer, théâtre des courses dames et des slaloms parallèles, a déjà servi pour les Jeux olympiques de 1992 et pour la Coupe du monde (en 2013 et 2015). Le bas du parcours est d’ailleurs un stade de slalom permanent. « Nous avons fait peu de travaux, seulement de petites améliorations », indique Yannick Favières, le directeur des épreuves dames, depuis la cabine de chronométrage qui domine la ligne d’arrivée.

« Plus on se rapproche de l’échéance, plus la neige est un ennemi »

Comme son homologue de Courchevel, cet autre ancien compétiteur pourra compter sur des bataillons de volontaires pour lisser et sécuriser cette piste, qui démarre en douceur comme une « bleue » et finit escarpée comme une « noire ». Le noyau dur des équipiers, des moniteurs, est organisé en « commando ». Tous sont susceptibles d’intervenir 24 heures sur 24, jour et nuit. Le tempo de leurs travaux sera donné par la météo. « C’est elle qui fait que les choses sont simples ou très compliquées », résume l’homme de Méribel.

Les deux directeurs des épreuves guetteront en permanence les informations fournies par un expert en météorologie, en particulier les prévisions de chutes de neige. « Plus on se rapproche de l’échéance, plus la neige est un ennemi pour nous », résume Yannick Favières. Il faudra alors enlever cette couche de poudreuse et, éventuellement, refaire la « base » de la piste, une surface tassée, humidifiée et glacée qui doit résister aux passages répétés des carres de ski. Les vacanciers, eux, devront patienter. L’Éclipse et la Roc de fer ne leur seront rendues qu’à l’issue des championnats du monde.