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Monica, montpelliéraine travailleuse du sexe : "J'ai fait ma première passe car j'avais besoin d'argent"

Elles, et ils, œuvrent dans la rue comme sur les réseaux à Montpellier. Témoignage d’une jeune femme qui, depuis mai 2020 et la fin du premier confinement, propose, via internet, des services dits de "girl friend experience." 

Pull rose, pantalon beige, Monica (*) se présente sans atours affriolants. Au naturel. Tel qu’en elle-même, jeune femme d’une vingtaine d’années, étudiante devenue, par choix, travailleuse du sexe occasionnelle. "J’y pensais déjà quand j’étais mineure" souffle-t-elle. Une séparation amoureuse survenue pendant le premier confinement, au printemps 2020, la convainc de sauter le pas. "J’ai fait ma première passe parce que j’avais besoin d’argent à ce moment-là." Une somme déclarée car la demoiselle précise être auto-entrepreneuse.

"J’ai mis des annonces sur plusieurs sites spécialisés pour trouver mes clients en tant qu’escort girl à Montpellier." Monica insiste sur la nécessité d’être respectée par les messieurs à qui elle propose des plaisirs tarifés. "Je me suis rendu compte qu’en mettant en avant mon naturel, ma franchise, ma discrétion cela m’aidait à me démarquer de la concurrence. "

Clients réguliers comme de passage 

Elle alterne clients réguliers, vus une à deux fois par mois, et ceux de passage, des "one shot" comme elle dit. « Je les sélectionne selon mes conditions tarifaires et mes conditions de pratique. Je ne les juge pas en fonction de leurs âges ou de leurs métiers." Avec une importance particulière au ton des messages avant le rendez-vous. "Par courriel ou whatsap. Je précise dans mon annonce qu’ils doivent se présenter, sans être obligés de dire la vérité."

"En principe les clients me donnent un prénom, vrai ou faux peu importe, même chose pour l’âge et leurs professions. Beaucoup de mes collègues travailleuses du sexe sont sélectives sur les âges. Pas moi." Monica se désole, au passage, "que beaucoup de fantasmeurs me contactent pour me faire perdre du temps… "

"Des hommes qui ont peur que leurs épouses les surprennent !"

La jeune femme raconte aussi "ceux qui stressent par rapport à une possible pénalisation vis-à-vis de la loi. Ou des hommes qui ont peur que leurs épouses les surprennent ! Au début, d’ailleurs, je n’acceptais pas les hommes qui me demandaient de venir sans m’être parfumée. Et puis des collègues travailleuses du sexe m’ont expliqué que si je ne les acceptais pas, d’autres le feraient. Du coup, maintenant, j’accepte."

Des collègues avec lesquelles Monica discute régulièrement. "On se donne des préservatifs. Avec l’une je partage le même client, du coup on en parle. Et on se rend alors compte que ce monsieur n’agit pas de la même façon avec l’une ou avec l’autre. "

Ce que dit le cadre législatif depuis avril 2016

Il y aurait environ 30 000 personnes prostituées en France, dont 85 % de femmes et 93 % d’origine étrangère. Et la traite des êtres humains est la deuxième forme de criminalité la plus lucrative après le trafic de drogue. La loi du 13 avril 2016 vise à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées. Le texte prévoit de renforcer la lutte contre le proxénétisme avec, notamment ; un dispositif de signalement des contenus illicites sur internet. Le législateur a travaillé pour améliorer la prise en charge des personnes victimes de prostitutions, de proxénétisme ou de traite des êtres humains aux fins d’exploitation sexuelle en créant un parcours de sortie. Dans l’Hérault, l’arrêté de mise en œuvre a été signé en 2017 avec des premières commissions dès 2018. Chaque semestre, sous l’autorité du préfet, elles font cohabiter la justice, des services de l’État notamment ceux gérant les questions d’hébergement, d’emploi, d’insertion, le Département ainsi que l’amicale et le Mouvement du Nid. La loi prévoit aussi de travailler à changer le regard sur la prostitution avec des mesures à sensibilisation du public. Sans oublier de responsabiliser les clients en créant une infraction de recours à la prostitution d’autrui.

Reste les lieux de rencontres. "Je me déplace, uniquement sur Montpellier, aux domiciles ou dans des hôtels. Les clients paient les déplacements." Monica, et son "escortisme de girl friend experience" raconte "s’intéresser à la personne comme le ferait une petite amie."

Devant son chocolat liégeois, dans un café de l’Écusson, la jeune femme voit sa pratique occasionnelle "comme de l’art, je crée un personnage qui propose une performance." Sans, forcément, accepter toutes les demandes ou caprices des clients. "En plein janvier, j’aurai du mal à venir en jupe très courte avec un décolleté moulant. Comme l’été dernier, j’ai refusé la demande d’un monsieur qui voulait que je porte des bas dans la canicule d’août !"

"Je propose des choses que les prostituées ne font pas"

Question gros sous, les tarifs varient selon le type de travailleuse de sexe. "Plus on rentre dans le moule de la Française, féminine, instruit et plus on peut demander un tarif élevé. Sans oublier le type de prestations évidemment. Et moi je fais peu de choses." Monica impose l’usage du préservatif pour des prestations intimes. Sauf quand se présentent des rendez-vous purement platoniques. "Je peux aller manger avec un client au restaurant puis l’accompagner visiter une exposition d’art. J’ai déjà également fait du quad."

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Son choix, assumé, de travailleuse du sexe occasionnelle fait qu’elle s’offre des moments de pause. "Cela n’a pas de répercussions sur ma vie car je suis vraiment privilégiée." Au détour de la conversation la demoiselle pointe l’hypocrisie de la société. "En France on parle de prostitution et pas de travail du sexe alors que moi, je propose des choses que les prostituées ne font pas."

À la question de son futur Monica répond "que ce métier d’escort n’est pas forcément mon objectif de carrière. Pour le moment je suis contente d’apporter du bonheur à mes clients qui me respectent."