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Montpellier : Comment des chiens de laboratoires sont sauvés de l’euthanasie et proposés à l’adoption

Difficile, lorsqu’on adopte un toutou dans un refuge, de véritablement connaître son passé. Mais pour ces adorables beagles, qui sont régulièrement accueillis à la SPA de Montpellier (Hérault), c’est, malheureusement, on ne peut plus clair. Ces chiens, réputés pour leur docilité, ont passé leurs jeunes années dans des laboratoires. Ils ont subi des tas de contrôles cardiaques ou neurologiques, de tests d’appétence sur des croquettes, ou d’expérimentations, dans le cadre de recherches sur des médicaments ou des vaccins.

Oui, car les tests sur les animaux sont encore en vigueur, en France. Selon les derniers chiffres publiés sur son site par le ministère de la Recherche, en 2020, plus d’1,6 million ont été « utilisés » dans les laboratoires. Ce sont, pour la plupart, des rongeurs, mais il y a aussi des singes, des chats, des chevaux… Et des chiens. Plus de 4.000, en 2020.

« Leur état dépend de ce qu’ils ont subi »

« Comment vivent-ils ? Ils vivent dans des conditions qui respectent la directive pour la protection des animaux de laboratoires, confie Marie-François Lheureux, présidente du Groupement de réflexion et d’action pour l’animal (Graal). Tout est réglementé. La taille des cages, la température, le régime alimentaire… Je ne vous dis pas que c’est le paradis… » Certains chiens ont ainsi « la chance de vivre en meute, à l’extérieur, certains dorment dans des cages, poursuit-elle. Certains sont promenés, d’autres moins. Certains voient la lumière du jour. D’autres, quand ils sortent, ne savent même pas ce qu’est le bruit d’une voiture. » Bon nombre de chiens sont euthanasiés. En particulier ceux qui ont subi les tests les plus invasifs, et dont toute tentative de réhabilitation serait peine perdue.

Mais depuis 2004, chaque année, plusieurs milliers d’animaux sont sauvés, grâce au Graal. C’est ainsi qu’environ deux à trois fois par an, la SPA de Montpellier accueille des beagles. Fin novembre, cinq petits nouveaux sont arrivés au refuge. « Ils étaient légèrement peureux, mais ça s’est super bien passé », confie Annie Bénézech, la directrice du refuge. Parfois, c’est plus compliqué. « Leur état dépend de ce qu’ils ont subi, reprend-elle. Il y en a eu pour qui l’humain représentait la douleur. »

« Certains ne connaissent pas la main de l’homme »

Certains chiens, qui sont arrivés « traumatisés », ont eu besoin d’être réhabitués à une vie normale, un peu plus longuement, par les éducatrices du refuge. Et ce, même si « les laboratoires ont toutefois, depuis quelques années, l’obligation de socialiser les animaux qui pourront sortir, confie Marie-Françoise Lheureux. Aujourd’hui, si un beagle devait être vraiment ignorant de tout, cela voudrait dire que quelque chose ne s’est pas bien passé. »

A la SPA de Montpellier, les familles candidates à l’adoption ne manquent pas. Aussitôt les bouilles des beagles mises en ligne sur les réseaux sociaux, le refuge croule sous les demandes. « On a eu beaucoup, beaucoup de candidats, confie-t-il. Sur les cinq qui sont arrivés en novembre, quatre sont déjà partis, un seul est encore là, mais il est réservé. » S’ils ont autant de succès, c’est sans doute parce que les futurs adoptants sont touchés par leur passé, mais aussi parce qu’ils sont particulièrement craquants, note Marie-Françoise Lheureux. « C’est un chien qui a tout pour lui », sourit la présidente du Graal.

La SPA de Montpellier redouble toutefois de vigilance, quant à la motivation des potentiels adoptants de ces beagels de laboratoires. « Ce sont des chiens qui ont vécu dans des milieux aseptisés, ils n’ont pas l’habitude des bruits. Certains ne connaissent pas, ou très peu, la main de l’homme, note Annie Bénézech. On explique aux adoptants que leur espace de vie doit être bien clôturé, qu’il ne faut pas les lâcher tout de suite dans la rue, etc. Il y a quelques précautions à prendre, pour que ça se passe bien. » « La socialisation dans les laboratoires ne suffit pas », pointe Marie-Françoise Lheureux.

Une lettre de motivation, expliquant la vie qu’ils ont l’ambition d’offrir à ces animaux, est même demandée aux futurs adoptants, par la SPA de Montpellier. C’est parmi les meilleures que les futurs maîtres et les futures maîtresses sont choisis. Car il faut qu’ils soient conscients qu’ils s’engagent auprès de toutous pas comme les autres.

Samedi et dimanche (10 heures-17 heures), c’est le Noël des animaux à la SPA de Montpellier, à Villeneuve-lès-Maguelone. Deux jours pour rencontrer les chiens et les chats abandonnés, et les bénévoles. Au programme, des démonstrations sur le parcours d’agility ou de chiens de recherche, une buvette, des crêpes, etc.