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Mort de Dominique Lapierre : une vie sans frontières

La curiosité, pour les hommes, les contrées, l’histoire, fut le nerf de sa palpitante existence. En 1949, elle le fait débarquer à La Nouvelle-Orléans après un voyage en cargo depuis Rotterdam. Il a alors 18 ans et 19 dollars en poche, mais c’est à Mexico qu’il veut aller. Pour financer la suite de l’aventure, Dominique Lapierre lavera donc des carreaux dans un couvent. Sept ans plus tard, le même appétit d’ailleurs le conduit dans l’URSS de l’après Staline, où il parcourt 13 000 km au volant d’une Simca. Il travaille alors pour Paris Match. Nous sommes en 1956, une époque où la télévision relève de l’exception et laisse aux reporters de presse le beau rôle d’« yeux du monde » comme il l’expliquera en 2009 à la chaîne KTO.

Il y aura aussi l’Inde, l’Allemagne, Jérusalem… autant de terres où Dominique Lapierre alla se nourrir pour raconter l’autre dans des textes tout à la fois vibrants et soucieux de vérité historique. Il est mort dimanche 4 décembre à Sainte-Maxime (Var), à 91 ans.

Auteur de plusieurs best-sellers

Le reportage était peut-être trop étroit pour lui qui, très vite, en franchit les frontières pour arpenter les contrées du récit. D’abord avec Paris brûle-t-il ?, chronique de la libération de Paris écrite avec l’Américain Larry Collins. Collègues mais aussi concurrents (ce dernier aurait enfermé Dominique Lapierre dans sa chambre d’hôtel à Bagdad pour l’empêcher de couvrir la révolution irakienne), tous deux avaient eu l’idée du livre après avoir appris l’intention de Hitler de faire détruire totalement la capitale française. L’ouvrage, publié en 1964, compte aujourd’hui 20 millions de lecteurs et 30 éditions internationales. Il donna lieu à une adaptation au cinéma. Vingt ans plus tard, La cité de la joie rencontra, lui aussi, un succès planétaire avant d’être porté à l’écran. Douze millions de lecteurs ont suivi l’itinéraire de son héros, le P. Lambert, auprès des plus miséreux dans un bidonville de Calcutta.

Sa rencontre avec l’Inde constitua un tel choc que, par la suite, Dominique Lapierre fit don au pays d’une partie des droits d’auteur tirés du livre. En 2005, il assurait ainsi qu’il « avait permis de guérir en 24 ans 1 million de tuberculeux, soigner 9 000 enfants lépreux, construire 540 puits d’eau potable et armer quatre bateaux hôpitaux sur le delta du Gange ». En 1975, il poursuivit son exploration du sous-continent avec Cette nuit la liberté, récit saisissant de l’accès à l’indépendance du pays. Entre-temps, Ô Jérusalem (1972) le conduit aux racines du conflit israélo-palestinien, dans une ville qui avait marqué à jamais ce profond chrétien - il devait son prénom à l’ordre dominicain.

Se battre contre les injustices que l’on dénonce

Les ouvrages de Dominique Lapierre, qui tiennent le lecteur en haleine, étaient le résultat de longues enquêtes, menées parfois pendant plusieurs années, toujours sur le terrain. Ce rare alliage lui offrit un succès immense, mais un succès dont il refusait de se contenter. « Ce n’est pas suffisant d’être un auteur de best-sellers, disait-il. Il faut se battre contre ces injustices que vous dénoncez dans vos livres. »