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Mort de l’historien de l’Antiquité Paul Veyne

L’historien de l’Antiquité Paul Veyne, grand connaisseur des mondes grec et romain, est mort à l’âge de 92 ans, ont annoncé jeudi les éditions Albin Michel. Ce natif d’Aix-en-Provence avait pris sa retraite à Bédoin (Vaucluse), au pied du mont Ventoux.

Issu d’un milieu modeste provençal, il est le premier de sa famille à obtenir son baccalauréat. Dès son enfance, atteint d’une malformation congénitale dite « Leontiasis ossea » qui lui relève en bosse la joue gauche, il est fasciné par les choses antiques, notamment par la découverte à 8 ans d’une pointe d’amphore romaine gisant dans la terre près de Cavaillon. Dans cette orientation, il est logiquement passionné dans son adolescence par «L’Odyssée».

En 1951, il entre à l’École normale supérieure.  Après avoir publié un texte contre l’usage de la torture par les troupes françaises dans les guerres coloniales, Il prend alors sa carte au Parti communiste, mais quittera le PCF lors de l’entrée des chars soviétiques à Budapest en 1956.

Après ses études, il débute son parcours d’universitaire à la Sorbonne comme assistant. Il rejoint ensuite l’université d’Aix-en-Provence à partir de 1961, où il finira sa carrière en tant que professeur des universités. En 1975, il entre au Collège de France grâce à l’appui de Raymond Aron qui le voit en héritier. Mais il oublie de citer son nom lors de sa leçon inaugurale, ce qu’Aron ne lui pardonne pas. Il y reste en activité de 1975 à 1998, titulaire de la chaire d’Histoire de Rome.

Il soutient sa thèse de doctorat sur la pratique du don dans l’Empire romain. Elle est publiée en 1976 sous le titre  Le Pain et le Cirque. C’est en voulant écrire sa préface qu’il a développé les idées qui ont constitué l’un de ses ouvrages les plus importants,  Comment on écrit l’histoire.

Paul Veyne conteste une démarche purement historiographique. Il a surtout bousculé les idées reçues sur l’Antiquité, dans ses travaux sur la mythologie grecque («Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes? Essai sur l’imagination constituante»), le christianisme antique («Quand notre monde est devenu chrétien») ou la société et la sexualité à Rome. Professeur émérite au Collège de France, il est apprécié pour l’audace de son style et ses approches novatrices.

C’est aussi un intellectuel qui s’engage. En février 1979, il fait partie des 34 signataires de la déclaration rédigée par Pierre Vidal-Naquet pour démonter la rhétorique négationniste de Robert Faurisson.

Il est admirateur du poète René Char et restera toute sa vie un complice intellectuel de Michel Foucault en publiant Foucault révolutionne l’histoire en 1979 et Michel Foucault: sa pensée, sa personne en 2008.

Il est reconnu par ses pairs. En 2014, il reçoit le prix Femina de l’essai en 2014 pour son récit Et dans l’éternité je ne m’ennuierai pas, et le prix de la Bibliothèque nationale de France (BnF) pour l’ensemble de son œuvre en 2017.

Dans la dernière période, il rencontre un plus large public lors de la parution de son livre Palmyre. L’irremplaçable trésor en 2015, sur la cité antique syrienne dont le patrimoine a été ravagé par l’organisation État islamique. Il a aussi participé à la série d’émissions de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur sur les débuts du christianisme,  L’Apocalypse (2008) qui a recueilli un grand succès en France et en Allemagne après sa diffusion sur la chaîne Arte.